800 000 plantes mises en terre, 50 km de routes fleuries, et une ambition : donner des couleurs à Raiatea. Depuis deux décennies, la commune de Taputapuatea porte ce projet d’embellissement, soutenu à l’époque par le ministère du Tourisme.
Mais aujourd’hui, le tableau s’assombrit. Faute de moyens, surtout depuis la suppression du dispositif CAE, qui permettait de disposer de main d’œuvre, la commune peine à entretenir ce patrimoine fleuri.
Les associations, qui prenaient soin des plantations, ont dû cesser leurs activités, laissant certaines zones à l’abandon. Thomas Moutame, le maire, se souvient de l’époque où l’organisation était bien rodée.
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« On sollicitait auprès du SEFi, des CAE, des DIJ. Nous avions mis en place au moins 8 associations et ce sont elles qui faisaient l’entretien. Mais depuis deux ans, depuis qu’on a supprimé ces dispositifs, on est vraiment embêté », souffle-t-il.
Et pour cause : Taputapuatea s’étend sur plus de 50 km, soit la moitié de l’île de Raiatea. C’est donc un défi logistique pour le conseil municipal qui ne peut compter que sur le passage ponctuel des équipes du service de l’Équipement. Un passage trop rare, selon le tavana.
« L’Équipement essaie de nettoyer, mais ils passent tous les deux ou trois mois. Ici, nos plantes ont été taillées il y a un mois. Mais si vous étiez venus il y a deux mois, l’herbe recouvrait nos crotons de deux mètres ! Et c’est comme ça tout le long de la route. On parle d’embellissement, mais quand nos plantes sont rasées par leurs machines, on ne peut pas continuer comme ça », dit-il.
Pourtant, l’enjeu est de taille. Depuis le classement, en 2017, du Marae de Taputapuatea au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, la commune a vu le nombre de visiteurs exploser, passant de 9 000 à 35 000 par an.
Un afflux de touristes qui impose de maintenir une image accueillante et soignée. La municipalité a donc demandé l’établissement d’une convention avec le service de l’Équipement du Pays, pour transférer la compétence d’entretien des bords de route.
« J’ai sollicité à plusieurs reprises le ministre pour affecter l’entretien des bords de route à la commune en passant une convention. Nous sommes prêts et j’espère que le ministre sera à l’écoute », ajoute Thomas Moutame.
En attendant une solution pérenne, la commune de Taputapuatea se bat au quotidien pour préserver son patrimoine vert, fruit de deux décennies d’efforts et d’engagement collectif. Un combat pour ne pas voir s’effacer, sous les herbes folles, les couleurs et la fierté d’une île.