La demande de cette administrée remonte au 18 mars 2024. Le projet : un bungalow de moins de 35 mètres carrés. Le dossier est complet, avec croquis fournis et accusé de réception. Plus d’un plus tard, toujours aucun retour. Cette particulière, qui a souhaité rester anonyme, a voulu témoigner :« Je n’ai toujours pas reçu de feu vert. Je n’ai pas mon permis de construire. Ayant été envoyée d’un service à un autre, c’est-à-dire de l’urbanisme à la mairie, de la mairie aux pompiers, des pompiers à l’urbanisme, de l’urbanisme vers la mairie de Papeete. Et là, je n’exagère pas. On m’a envoyée d’un service à un autre. Je suis revenue vers l’urbanisme sans autant obtenir satisfaction. »
Un manque d’implication de l’urbanisme qu’elle souhaite aujourd’hui dénoncer. Une situation qui touche aussi les professionnels du secteur. « Il y a quelques années de cela, les demandes de permis de construire pour des maisons individuelles étaient assez rapides, se souvient Bertrand Portier, architecte. On avait un permis de construire sous un mois ou deux. Aujourd’hui, pour des maisons, c’est plusieurs mois, c’est six mois, huit mois, des fois un an, même pour une petite maison de particulier. Alors je ne vous dis pas pour les grands projets de bureau, d’administration, d’école, de tous les projets un petit peu importants, c’est extrêmement long. »
En cause selon lui : le manque de moyens, mais aussi de compétences au sein de l’administration. Plusieurs services, comme la DCA, la direction du travail ou encore la DIREN restent sans réponse face aux sollicitations. Si le ministre du Logement Oraihoomana Teururai reconnait une pénurie de ressources humaines persistante, il souligne que ce n’est là qu’un aspect des difficultés rencontrées. « On fait face à une difficulté de recrutement d’une ressource locale qui soit formée à cet exercice. J’ajouterai par ailleurs que les délais s’expliquent également par le fait que nous avons en Polynésie française 48 communes. Et sur les 48 communes, nous avons 18 PGA qui sont en vigueur. Ça fait beaucoup de PGA, ça veut dire que c’est autant de règles, autant de corpus de dispositions qu’il faut maîtriser. »
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18 réglementations à connaître, en plus du Code de l’aménagement. Chaque PGA est en effet unique, avec des règles propres à son territoire et à la commune concernée. « Pour améliorer le système, donc le renforcement aux ressources humaines, c’est une chose, mais je reste convaincu qu’on améliorera le système déjà en arrêtant de complexifier la réglementation, en arrêtant de mettre des réglementations sur réglementations. Il est évident que si l’on vient multiplier les règles, ça fait autant de règles à venir contrôler, donc moi, je suis pour la régulation de la réglementation en matière d’urbanisme notamment, en matière de construction également. »
Début 2025, la DCA a recruté 4 agents supplémentaires pour accélérer le processus. Une volonté affichée : renforcer les effectifs, mais aussi simplifier les procédures et les normes.