Ce lundi, le tribunal correctionnel de Papeete a jugé le skipper interpelé mercredi dernier par la douane avec 1 kilogramme de cocaïne sur son catamaran de la marina de Papeete. Marin de profession depuis près de 25 ans, l’homme s’est installé à la fin des années 2000 au fenua, où il s’est progressivement bâti une réputation de bon navigateur et prof de kite surf.
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C’est lors du convoyage du navire depuis les Sables-d’Olonne, pendant une escale au Panama au mois d’avril, qu’il a acheté la drogue. Consommant parfois de la cocaïne – jusqu’à deux, trois grammes par semaine quand il en a -, il cherche à s’en procurer pour passer la soirée. Un chauffeur de taxi lui donne un contact. Sur le parking d’un supermarché, le dealer local lui propose directement un kilo, moyennant 500 dollars américains.
« J’ai acheté un kilo au prix de deux grammes en Polynésie », reconnaît l’homme à la barre. « J’aurais consommé une partie, puis jeté ou donné le reste. Il n’y avait pas de plan sur la comète. » L’homme se dit non dépendant, et jure qu’il n’a jamais eu l’intention de vendre la drogue. « Je n’ai pas eu de lucidité. J’ai fait une croix sur ma réputation » , lâche-t-il.
« S’il n’y a pas de client, il n’y a pas d’offre »
Pour la procureure, cette version est difficilement recevable. « La clientèle se développe parce que le produit se répand. Dans un milieu aussi confiné que Tahiti, ça se fait au bouche à oreille », dit-elle. Et de dénoncer une « banalisation à outrance » de la consommation de cocaïne sur le territoire national, à laquelle contribue, selon elle, le comportement du prévenu.
La magistrate insiste sur la disproportion de l’acte. « S’il n’y a pas de client, il n’y a pas d’offre », martèle-t-elle. Le skipper contribue, estime-telle, à développer le marché de la drogue dans une région où elle circule de plus en plus. « La légèreté » de l’accusé et son « achat hors proportion » sont symptomatiques de la « gangrène » que représente le trafic de stupéfiants, conclut-elle. Elle requiert quatre années de prison ferme.
« Aucune velléité de trafic »
Avocat du skipper, Me Peytavit s’attache à démontrer l’absence de volonté de trafic. Il évoque un comportement isolé, sans préméditation ni structure. « L’occasion fait le larron (…) Il n’y avait aucune velléité de trafic », affirme-t-il.
Surtout, le conseil pointe la sévérité des réquisitions, mentionnant le cas du skipper néo-zélandais arrêté à Faa’a avec 9,5 kilos de cocaïne en octobre 202 et qui avait, lui aussi, expliqué qu’il s’agissait de sa consommation personnelle – l’homme avait été condamné à quatre ans de prison. « On ne s’improvise pas trafiquant de stupéfiants en ramenant un kilo et en se disant qu’on va le vendre tout de suite. Il y a des organisations derrière la vente, ce qui n’est pas le cas de ce dossier » , assure Me Peytavit.
Le prévenu, lui, semblait prêt à refermer le chapitre polynésien de sa vie. Il avait prévu de quitter en France métropolitaine avec sa compagne d’ici la fin de l’année. Un projet de retour qui n’aura pas lieu de suite, puisqu’il le tribunal l’a condamné à trois ans de prison dont deux avec sursis. Il devra également s’acquitter d’une amende douanière de 20 millions de francs.