Cette attaque intervient au moment où les négociations débutées mi-avril entre les Etats-Unis et la République islamique sur le nucléaire iranien sont dans l’impasse. Les craintes d’une frappe imminente d’Israël contre des sites iraniens grandissaient depuis quelques jours.
« A la suite d’une frappe préventive de l’Etat d’Israël contre l’Iran, une attaque de missiles et de drones contre l’État d’Israël et sa population civile est attendue dans un avenir immédiat« , a affirmé dans un communiqué le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, déclarant l’état d’urgence sur tout le territoire.
Selon une source militaire, Israël mené « des dizaines » de frappes sur des installations du programme nucléaire iranien et d’autres sites militaires à travers l’Iran.
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L’armée israélienne a indiqué que la « première phase » de l’opération militaire contre l’Iran était terminée. Mais celle-ci durera « autant de jours que nécessaire« , a mis en garde le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Il a précisé que le site d’enrichissement d’uranium de Natanz (centre) avait été visée.
La télévision d’Etat iranienne avait auparavant fait état de « fortes explosions » dans différents points de la capitale, sans donner de précisions sur les sites touchés.
Menace existentielle
Le trafic à l’aéroport international Imam-Khomeiny, dans la banlieue de Téhéran a été interrompu mais la défense anti-aérienne fonctionne « à 100% de sa capacité », a souligné la télévision iranienne.
Les cours du pétrole s’envolent de plus de 6% vendredi après la frappe, faisant redouter de fortes perturbations sur les approvisionnements d’or noir.
Israël a dit aux Etats-Unis que frapper l’Iran était « nécessaire pour sa défense« , a déclaré le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio, prévenant l’Iran de ne pas « cibler les intérêts américains« .
Un responsable américain a pour sa part souligné que les Etats-Unis n’étaient pas impliqués dans cette frappe.
Le président américain Donald Trump, qui a repris les discussions indirectes avec l’Iran sur son programme nucléaire après son retour au pouvoir, avait averti jeudi qu’Israël pourrait bientôt frapper les sites nucléaires iraniens.
Téhéran ne reconnaît pas Israël et son programme nucléaire est considéré comme une menace existentielle par l’Etat hébreu.
« Tout mon gouvernement a reçu pour instruction de négocier avec l’Iran (…) mais d’abord ils doivent complètement abandonner l’espoir d’avoir l’arme nucléaire« , a affirmé M. Trump sur son réseau Truth Social.
Auparavant, il avait reconnu qu’une frappe israélienne contre l’Iran « pourrait très bien se produire« , et indiqué que le risque d’un « conflit massif » au Moyen-Orient avait conduit les Etats-Unis à réduire leur personnel diplomatique dans la région, en Irak notamment.
Droit « non négociable »
Téhéran avait menacé mercredi de frapper les bases militaires américaines au Moyen-Orient en cas de conflit après un éventuel échec des négociations, dont un sixième cycle est prévu dimanche à Mascate sous médiation omanaise.
Les Occidentaux et Israël accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique, ce que Téhéran dément, assurant que son programme nucléaire est uniquement à usage civil.
L’enrichissement de l’uranium est la principale pierre d’achoppement dans ces discussions visant à encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des lourdes sanctions imposées au pays.
Washington exige que l’Iran y renonce totalement, ce que Téhéran refuse, y voyant un droit « non négociable ».
L’Iran s’est dit déterminé à augmenter de manière « significative » sa production d’uranium enrichi, annonçant la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement, en réponse à l’adoption jeudi par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’une résolution le condamnant pour « non-respect » de ses obligations en matière nucléaire.
L’Iran est le seul Etat non doté d’armes nucléaires à enrichir de l’uranium au niveau de 60%, selon l’AIEA, proche du seuil de 90% nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique.
En 2015, l’Iran et les grandes puissances avaient conclu un accord historique après trois ans d’âpres négociations. La République islamique avait renoncé à son programme d’enrichissement d’uranium en échange de la levée des sanctions internationales qui avaient mis son économie à genoux. Mais Donald Trump avait unilatéralement dénoncé cet accord en 2018, lors de son premier mandat.