Le 31 janvier 2020, la victime s’était rendue au domicile de deux frères à Faa’a, où se trouvait également un cousin de ceux-ci, pour jouer les intermédiaires dans le cadre d’une transaction d’ice. Les trois premiers souhaitaient acquérir pour un million de francs de drogue. Mais en lieu et place de méthamphétamine, c’est du gros sel qu’ils ont récupéré.
Fous de rage de s’être fait arnaquer, les prévenus se sont retournés contre leur intermédiaire. Durant près de 6 heures, ils l’ont séquestré et l’ont menacé avec un pistolet, ainsi qu’une tenaille et un marteau. « Va chercher le Colt, on va le flinguer ». « On va te couper les doigts, les dents, te sodomiser et t’enterrer vivant », a-t-il pu entendre.
Au bout de 6 heures, ils l’ont embarqué dans un véhicule pour se rendre chez l’un de ses cousins dont ils sont repartis en emportant 6 scooters. Ils ont ensuite libéré leur victime qui s’est rendue, deux jours plus tard, chez les gendarmes.
Particulièrement choqué, l’homme a perdu 5 kilos en quelques jours et s’est vu délivrer 10 jours d’arrêt de travail en raison de son traumatisme. « J’ai eu la peur de ma vie », avait-il confié aux enquêteurs. Il se dit encore, aujourd’hui, traumatisé.
« Ils veulent lui faire une manicure »
A la barre, ce vendredi, les trois mis en cause ont reconnu du bout des lèvres les faits, en minimisant leurs agissements. « C’était juste pour lui faire peur. Pour qu’il nous ramène l’argent », a déclaré l’un des frères, précisant que le pistolet à grenaille utilisé ne fonctionnait pas.
« C’est une version qui me parait édulcorée, voire enjolivée. Oui, il y a une pince, mais ils veulent lui faire une manicure. Et les armes, c’était des jouets (…) Moi, j’appelle ça de la torture psychologique (…) On lui pointe un pistolet derrière la tête », a tonné la procureure. Une magistrate qui a déploré « une montée en puissance des règlements de compte » sur fond de trafic d’ice au fenua. « Ça laisse augurer un avenir très sombre », a-t-elle soufflé.
L’avocat des trois prévenus a plaidé la « parole contre parole« , soulignant que la victime était aussi un « trafiquant de drogue » : « Parce qu’il est du côté des victimes, on va le croire sur parole mais pas mes clients ». L’avocat a aussi insisté sur le fait que l’intermédiaire n’avait jamais été physiquement malmené.
Le tribunal a finalement condamné le cousin à une année de prison ferme et les frères à deux ans ferme. Les trois hommes ayant passé une année en détention provisoire, le premier ne retournera pas derrière les barreaux. Quant aux deux autres, ils seront convoqués par le juge d’application des peines pour déterminer les modalités d’application de l’année de prison qu’il leur reste à purger.