Retour à la case départ pour les pompiers d’aérodromes et le Pays. Quatre mois après la signature d’un protocole d’accord, la Fraap (Fédération de Rassemblement des agents des Administrations de Polynésie), syndicat majoritaire chez les pompiers d’aérodromes, a déposé vendredi 27 janvier un nouveau préavis de grève. À l’origine de cette nouvelle contrariété : une commission mixte paritaire qui n’a été réunie qu’une seule fois depuis la fin du conflit.
Chargée d’examiner les conditions d’attribution des indemnités de sujétion (prime de risque) en fonction de la classification des aéroports, cette commission constituée de 5 représentants syndicaux et de 5 représentants des services du pays, n’aurait été réunie qu’une seule fois selon le président de la Fraap, Jean-Paul Urima. « C’était fin octobre, depuis plus rien. Ce n’est pas faute d’avoir alerté la direction de l’aviation civile, c’est toujours le même cinéma. On essaye de nous enfumer. »
La commission avait jusqu’au 15 janvier 2023 pour évacuer tous les points de revendications. L’organisation considère dès lors que le protocole d’accord n’a pas été respecté et qu’elle n’a pas d’autres alternatives qu’un préavis de grève pour engager de nouvelles négociations.
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Du côté du Pays, on s’étonne de ce préavis « inattendu » et des nouvelles revendications qu’il comprend. « A partir du moment où ils nous baladent, on fait monter les enchères » justifie le président de la Fraap. Outre la révision des primes de risque, la fédération demande également la mise en place du concours de recrutement de 29 postes de pompiers d’aérodromes, et « la révision à hauteur de 20% des indemnités de sujétions pour l’ensemble du personnel concerné ». Selon la fédération, près de 200 personnes sont concernées, dont 130 à 150 pompiers distribués sur 43 aérodromes du fenua.
L’organisation se tient donc à la disposition de la Vice-présidence et de la direction de l’aviation civile pour engager de nouvelles négociations. Son président indique qu’à défaut d’accord, « j’appellerai les personnels des structures citées à un arrêt de travail (…) à compter du vendredi 3 février ».
En octobre dernier, la grève des pompiers d’aérodromes avait duré trois jours et lourdement impacté le transport inter-îles. Près de 4 000 personnes s’étaient alors retrouvées bloquées dans les îles.
« Stratégie de l’inacceptable » selon le gouvernement
Dans un communiqué de presse envoyé dimanche matin, le gouvernement rétorque que « la mise en œuvre de tous les points figurant dans le protocole d’accord du 02 octobre 2022 a été effectuée avant le 15 janvier 2023, comme prévu ». Le texte précise que « certains points du protocole sont réalisés et terminés ou sont en cours de réalisation ».
Quant à la hausse de 20 % des indemnités de sujétions spéciales (ISS) figurant parmi les nouvelles revendications, elles ne sont « pas justifiées par des modifications substantielles de la charge de travail ou des responsabilités affiliées« . Le gouvernement dénonce surtout « une stratégie de l’inacceptable en prenant une nouvelle fois la population des iles et les acteurs du tourisme en otage ».
Car si aucun accord n’est signé, le préavis prendrait effet précisément le 3 février : jour de l’ouverture du salon du tourisme. « La stratégie du représentant syndical de la Fraap de déposer en urgence et précipitamment leur préavis de grève pour ce vendredi 27 janvier 2023 est de viser la prise d’effet pour le jour d’ouverture inaugural du salon du tourisme. Sur ce point, il ne peut y avoir de coïncidence » peut-on lire. « Cherchent-ils à prendre à nouveau en otage les populations des îles et de Tahiti ? La réponse s’impose » conclut le communiqué.