Covid-19 : la décroissance de l’épidémie se confirme en Polynésie, la vigilance se poursuit

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La décroissance de l'épidémie de Covid-19 en Polynésie semble bel et bien amorcée. Mais il faudra encore observer les gestes barrières plusieurs mois. Si à Tahiti et Moorea un rebond semble peu probable, les îles pourraient connaître un regain de l'épidémie. Et les matahiapo restent les plus vulnérables.

Publié le 25/11/2020 à 14:07 - Mise à jour le 30/11/2020 à 12:14

La décroissance de l'épidémie de Covid-19 en Polynésie semble bel et bien amorcée. Mais il faudra encore observer les gestes barrières plusieurs mois. Si à Tahiti et Moorea un rebond semble peu probable, les îles pourraient connaître un regain de l'épidémie. Et les matahiapo restent les plus vulnérables.

Dans son dernier bulletin épidémiologique, la cellule Covid-19 du ministère de la Santé confirme « la décroissance de l’épidémie de Covid » en Polynésie avec une diminution du nombre de cas
confirmés incidents (520/100 000 aux Iles-du-Vent,) ainsi que du taux de positivité des tests(31%).

Le nombre de décès hebdomadaire reste élevé (12 en S47) mais est resté stable ces dernières
semaines au CHPf.

La cellule organisait une rencontre avec les médias ce mercredi pour répondre aux interrogations concernant ces derniers chiffres. « On a des indicateurs qu’on a mis en place pour suivre l’épidémie. Ces indicateurs sont à la baisse ou à la stabilisation. Donc pour cet épisode actuel, je suis plutôt optimiste. Je pense qu’on a passé le plus dur. Si on continue à maintenir les mesures, les gestes et les bonnes habitudes que l’on a, on peut espérer une poursuite de cette décroissance dans les prochaines semaines. » a souligné le docteur Henri-Pierre Mallet.

Le docteur Henri Pierre Mallet avance une hypothèse pour expliquer la décroissance de l’épidémie : « Une grande partie de la population a probablement été contaminée et constitue une barrière naturelle ». Les médecins remarquent en effet une immunité plus ou moins longue dans certains cas. « Les gens malades, a priori ne seront plus réinfectés au moins dans les semaines ou les mois qui suivent, donc obligatoirement ça crée une barrière à la transmission », précise Dr Mallet en interview. « Conjugué aux mesures qui ont été prises », cela peut expliquer que le nombre de cas positifs soit actuellement en baisse.

Pour autant, il faut rester vigilants : le nombre d’hospitalisations tous services et réanimation est en baisse, sauf aux Iles Sous-le-Vent. L’épidémie reste en effet active à Raiatea, Bora-Bora et Huahine, ainsi qu’à Rangiroa, et plusieurs cas isolés sont régulièrement signalés dans plusieurs Îles, note le dernier bulletin épidémiologique. « Je ne pense pas qu’il y ait un rebond de suite (…) Je crains en revanche qu’il y ai de petites épidémies d’ile en ile » a expliqué le docteur Mallet. « Probablement ça arrivera. Il faut absolument que ces épidémies soient le plus contenues possible donc limiter le nombre d’entrée de cas. Limitons la transmission et on va gérer ça dans le temps, le plus efficacement possible avec l’aide des populations, des communes et de tous je l’espère. » Les cas pourraient notamment augmenter à l’occasion des vacances scolaires.

« Je crains qu’il y ai de petites épidémies d’ile en ile« 

Docteur Henri Pierre Mallet

Les efforts ne doivent donc pas être relâchés à Tahiti, Moorea mais aussi dans les îles. Et si toutes les tranches d’âges sont touchées par ce coronavirus, le docteur a tenu a rappelé que les matahiapo sont les plus fragiles. Les patients décédés sont majoritairement des hommes (69%), âgés de plus 70
ans dans 71% des cas, et présentant des pathologies graves associées. « Notre priorité aujourd’hui ce sont les matahiapo » a déclaré le docteur Mallet.

Par ailleurs, en cette période, les autorités de la Santé craignaient que la grippe ne vienne encore compliquer le travail des soignants. Mais le CHPF n’a pour l’instant pas atteint ses limites. Des renforts supplémentaires de la réserve sanitaire sont attendus demain en Polynésie.

Et du côté de la population, « on a un engouement pour la vaccin contre la grippe qui cible les mêmes personnes vulnérables à la Covid-19 » , constate Pierrick Adam, docteur à la direction de la Santé et responsable du bureau des pathologies infectieuses.

« Il ne faut pas de précipitation sur le vaccin. »

Docteur Henri Pierre Mallet

Le vaccin contre la Covid-19 quant à lui n’est pas encore disponible. « À mon avis, il ne faut pas de précipitation sur le vaccin. Il est nécessaire de bien terminer l’étude comme il le faut. Ce qui permettrait probablement d’avoir des vaccins disponibles avec sécurité d’ici début 2021, mi 2021. Maintenant, on va être un peu dépendants de la politique nationale. Des annonces ont été faites pour aller un peu plus vite. »

Les autorités attendent de savoir lequel des vaccins développés ces derniers mois sera retenu. La Polynésie s’est en tout cas déjà positionnée d’un point de vue international avec l’OMS et en national auprès de l’Etat pour obtenir le vaccin.

Une étude pour anticiper la suite…

Une étude de séroprévalence va être menée : « ça sert à mesurer le nombre de personnes qui ont été contaminées. Ce qui permet d’avoir une idée plus juste, de mieux comprendre comment l’épidémie s’est propagée et d’évaluer le nombre de personnes qui sont potentiellement protégées et donc du coup qui vont freiner une nouvelle propagation. Donc ça c’est très très important de voir quel est le pourcentage de la population qui a réellement été contaminé sachant que les cas confirmés qu’on annonce tout le temps, ce n’est qu’une petite partie on le sait bien, de tous les cas réellement touchés parce qu’il y en a qui sont peu symptomatiques, pas symptomatiques, et d’autres qui ne consultent pas, qui ne se font pas tester. » Cette étude permettrait de faire des modélisations et d’anticiper la suite.

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