Michel Bourez : « je n’ai jamais rêvé de gagner la Pipe Masters. C’était tellement inaccessible pour moi »

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Publié le 23/12/2016 à 11:11 - Mise à jour le 24/06/2019 à 15:59

Ça a été une victoire assez incroyable. En quarts de finale, vous éliminez John John Florence l’actuel champion du monde et vous vous retrouvez en finale face à Kanoa Igarashi dans des conditions pas très bonnes. Et là une minute de la fin vous avez la priorité, vous le laissez passer sur cette vague et finalement à 30 secondes vous arrivez à scorer un barrel. Vous êtes victorieux. À quel moment est-ce que vous y avez cru à cette victoire ?
« C’est bizarre parce que je suis arrivé en finale et je ne pensais pas du tout à la victoire. Je pensais aller et surfer, m’amuser au maximum. Et puis comme tu l’as dit, il y avait une petite qui est passée. Il avait besoin d’un tout petit score. Je me rappelle avoir regardé la vague et je m’étais dit, tu peux l’avoir. Si tu gagnes la compet’ avec ça tant mieux, mais moi je ne partirai pas. »

Expliquez-nous quelle sensation ça fait cette victoire à Pipe. C’est vrai que c’est une étape particulièrement importante du tour. 
« C’est vrai que c’est la compétition que tout surfeur rêve de gagner. Pourquoi ? Parce que c’est l’endroit où se finit l’année et surtout les plus grands champions ont gagné. Personnellement ce n’était vraiment pas un rêve. Je n’ai jamais eu l’ambition de la gagner. C’était tellement haut pour moi inaccessible. Je pense que j’ai réussi à faire quelque chose de bien. »

Kelly Slater vous a glissé quelques mots à l’oreille quand vous êtes sorti de l’eau. Qu’est-ce qu’il vous a dit ?
« Kelly m’a dit qu’il était très content pour moi, mais il m’a dit qu’il voulait que ce soit Kanoa qui gagne parce que c’est lui qui l’a battu. Mais voilà c’est comme ça. Personnellement j’aurais préféré que ce soit lui qui arrive avec moi en finale et gagner ensuite. Ça aurait été un exploit. »

Une fois victorieux vous êtes monté sur la scène avec un drapeau tahitien en guise de pareu. C’était important pour vous ce drapeau ?
« Oui c’est très important. On voyage toute l’année. On représente Tahiti, le fenua. De voir qu’il y avait beaucoup de Tahitiens sur place… Je n’avais pas de drapeau. C’est la soeur d’un copain qui était là sur la plage qui m’a passé un drapeau. J’ai réussi à partir avec. Même si on est loin de Tahiti on reste toujours solidaires, peu importe d’où on vient : Tahiti, Moorea… de toute la Polynésie. À ce moment là on ne faisait qu’un. »

Pour un enfant de Rurutu vous avez fait un parcours professionnel assez exceptionnel. En 2015 il y a eu cette blessure, cette année votre objectif c’était d’être dans le top 10. Grâce à cette victoire, vous y êtes. L’objectif l’année prochaine, vous ne vous en cachez pas, c’est forcément le titre mondial. Quelle va être votre stratégie pour y arriver ?
« Déjà, revisionner toutes les séries de cette année, voir les erreurs, travailler sur mes planches. Ensuite physiquement c’est reprendre le sport dès le mois de janvier parce que la première compétition commencera le 15 mars. Il ne faut pas perdre de temps. Il faut vite redescendre du nuage et entamer les exercices. Mais je pense que ça va le faire. Ma famille est toujours derrière moi, mon coach est toujours à fond aussi. J’ai de la chance d’avoir un bon soutien partout où je vais. La Polynésie est toujours présente donc ça fait chaud au coeur. »

Là vous finissez 2016 en beauté. C’est peut-être un cap que vous avez franchi, de bon augure ?
« Oui, je m’étais dit au début de l’année que maintenant que mon corps est revenu à 100%, il fallait mettre le paquet et que je rentre dans le top 10. Avant Hawaii j’étais 12 ou 13e. Il fallait que je passe des séries et pour pouvoir atteindre le top 10 il fallait que je batte John John en quarts. C’était le plus grand objectif de mon année. Il a été champion du monde, c’est chez lui… C’était sûr que ça n’allait pas être une victoire facile. J’ai eu de la chance d’avoir deux bonnes vagues d’affilée et de lui mettre la pression. »

 

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