Porte-drapeau de la délégation du fenua lors de la cérémonie de clôture des Jeux du Pacifique d’Honiara il y a un mois, Iloha Eychenne s’est d’abord sentie un peu perdue à l’heure de défiler. « On a vraiment rigolé parce qu’on n’était pas briefés, j’étais déboussolée, raconte-t-elle. On ne savait pas ce qu’il fallait faire » . Sur le plan d’eau en revanche, Iloha a parfaitement montré qu’elle savait ce qu’elle faisait : avec cinq médailles d’or en kayak et en va’a, elle s’est imposée comme l’athlète Polynésienne la plus titrée, ex-aequo avec la triathlète Salomé de Barthez.
« Ça a été une année magnifique. Je reste sans mots, je ne sais pas comment faire mieux » , confie Iloha. Et pourtant, son mindset de gagnante lui souffle de faire encore plus, sur un calendrier hypothétiquement chargé : Aloha Aito à Hawaii en mars, Vendée Va’a, Te Aito, Vodafone Channel Race, Super Aito, championnats du monde de va’a vitesse, Te Aito France… liste non exhaustive. « J’aimerais bien aller titiller quelques compétitions en surf ski et en stand up paddle aussi » , assure-t-elle.
La clé de son succès ? Sans surprise, un travail acharné. « La charge d’entraînement est progressive depuis trois ans, mais en 2023 je me suis vraiment mis la dose, assure-t-elle. J’ai pu le supporter, parce que j’avais déjà essayé de me déchirer autant aux entraînements les années précédentes, et je n’avais pas réussi à endosser une telle charge. J’ai laissé le temps au temps pour faire un joli programme, et ça a payé » .
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Bien entourée par son groupe de copines de Ihilani ou de Medoc Va’a, en métropole, elle a trouvé en elles une « bouffée d’oxygène » et les ressources pour ne pas se lasser des entraînements. Qu’il s’agisse de va’a, de stand up paddle ou de kayak, Iloha a trouvé un terrain de jeu infini. « Tu ne t’ennuies pas, tu varies avec les partenaires, tu te mets dans la position de quelqu’un qui apprend une nouvelle discipline, dit elle avec humilité. C’est important de ne pas rester sur ses acquis » .
À Honiara, où se sont déroulées les premières compétitions de kayak dans le cadre des Jeux du Pacifique, elle s’est offert le grand chelem (K1 et K2 500 mètres) avec l’aide de Nateahi Sommer. « Au fur et à mesure de notre course, on a appris à surfer, et on s’est carrément fait plaisir au deuxième tour, se souvient-elle. J’espère que ça va donner envie aux jeunes de se mettre dans le kayak aussi, et de voir qu’il est possible de faire des titres dans la discipline » .
En plus de son rôle d’athlète, Iloha contribue à développer les disciplines de rame auprès des femmes via des « Clinic » , comprendre des camps d’entraînement de va’a où elle s’investit plus dans un rôle de coach. Elle se déplacera prochainement à Miami. En métropole, elle a déjà participé à des rassemblements féminins autour du va’a, où elle s’est prise au jeu de former des barreuses, donner des méthodes d’entraînement aux 35 filles qui ont sollicité son aide. « On a voulu créer un réseau et du partage entre nous. On n’est pas beaucoup de filles à ramer, autant se tirer vers le haut ! » conclut-elle. Avec, en ligne de mire, l’inscription du va’a au programme des Jeux Olympiques. « Il faut emmener des nations à se mettre au va’a, partager jusqu’à ce qu’on soit suffisamment nombreuses pour espérer en faire une discipline olympique, pourquoi pas ! » .