Edouard Fritch : « Je reste optimiste pour le second tour »

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Le leader du Tapura Huira'atira et actuel président du Pays Edouard Fritch était l'invité de nos journaux lundi au lendemain du premier tour des élections territoriales. Pour le parti rouge, c'est un nouveau revers, mais Edouard Fritch reste confiant et parle d'alliance autonomiste pour le second tour.

Publié le 18/04/2023 à 13:47 - Mise à jour le 27/12/2023 à 15:51

Le leader du Tapura Huira'atira et actuel président du Pays Edouard Fritch était l'invité de nos journaux lundi au lendemain du premier tour des élections territoriales. Pour le parti rouge, c'est un nouveau revers, mais Edouard Fritch reste confiant et parle d'alliance autonomiste pour le second tour.

TNTV : C’est un nouveau revers pour le Tapura Huiraatira. Un deuxième revers après celui des élections législatives. Est-ce que vous l’aviez vu venir ?
Edouard Fritch : « Après les résultats des législatives effectivement, on pourrait s’attendre à une continuité dans le vote qui s’est exprimé lors de ces législatives. C’est une demi surprise pour moi. Je m’attendais bien sûr à une poussée des voix du Tavini Huiraatira mais c’est vrai qu’on ne pensait pas avoir autant de voix de ce côté là. Ceci dit, les jeux ne sont pas faits encore. Il y a un deuxième tour qui se présente dans 15 jours et vous imaginez bien que nous allons mettre tous les moyens pour récupérer ce que nous avons perdu car nous avons perdu aussi, il ne faut pas le négliger, car il y a eu au sein du Tapura Huira’atira des cissions. Il y a eu un premier départ de Nicole Sanquer et de Nuihau Laurey et dernièrement de Nicole Bouteau et Teva Rohfritsch. »

TNTV : Ça a affaiblit le Tapura Huira’atira ?
Edouard Fritch :
« Bien sûr que tout ça crée une érosion au niveau de l’électorat, des sympatisans du Tapura Huira’atira. Mais je pense que les jeux ne sont pas faits et qu’il faudra qu’on redouble d’efforts pendant les 15 jours à venir. »

TNTV : Cet affaiblissement vous l’imputez à quoi concrètement ? Malgré les cissions, votre stratégie c’était aussi de miser sur les maires et leurs électeurs. Ça n’a pas marché. Certaines communes, on l’a vu, ont voté Tavini alors qu’elles ne l’étaient pas jusqu’à présent.
Edouard Fritch : « Vous savez, j’ai l’habitude de voir le verre plein. Je crois que l’effet des maires a aussi freiné la poussée du Tavini Huira’atira. Imaginez vous ce qui aurait pu se passer si nous n’avions pas les maires sur notre liste. Bien sûr que dans leurs différentes communes les maires ont perdu surtout ici aux îles du Vent. Cela s’explique de différentes façons mais je crois qu’il nous faut continuer à faire du terrain parce que, il ne faut pas l’oublier, en face de nous presque toutes les listes étaient opposées au Tapura Huira’atira. Nous n’avions en face de nous que des adversaires. Nous n’avions aucun allié dans cette affaire. Je reste optimiste pour le second tour. C’est certain que tel que c’est parti j’ai du mal à imaginer le Tapura Huira’atira gagner tout seul. »

TNTV : Est-ce qu’on peut parler aussi d’un vote sanction contre le Tapura ? Le résultat d’erreurs commises durant la mandature. Est-ce que la population n’exprime pas peut-être une envie de changement ?
Edouard Fritch : « Si vous parlez de changement, sur la liste du Tapura Huira’atira vous avez quand même quelque chose comme 48 nouvelles têtes. Nous avons aussi pas mal de jeunes. Vous en avez vu passer lors des débats. Ce que je veux dire par là c’est que certains le revendiquent haut et fort : nous avons nous aussi embarqué des jeunes sur nos listes, qui n’ont peut-être pas 20 ou 21 ans comme en face mais je suis convaincu que ces jeunes apporteront plus parce que nous avons essayé de prendre des jeunes qui ont de l’expérience, qui peuvent tenir la route parce qu’il faut que demain, cette composition nouvelle de l’assemblée de Polynésie aie un renouveau et c’est ce que nous proposons. »

TNTV : Selon vous c’est un combat autonomistes / indépendantistes ?
Edouard Fritch : « Nous allons élire une assemblée pour les cinq prochaines années. La Polynésie française fonctionne de mieux en mieux grâce à la confiance de notre entreprise bien sûr, mais grâce aussi aux bonnes relations que nous avons avec l’Etat. L’Etat contribue pour un peu plus de 200 milliards dans ce Pays et surtout vient financer des projets, des infrastructures dont nous avons énormément besoin. Donc ce que je fais c’est de mettre en garde contre l’équipe du Tavini Huira’atira qui aujourd’hui a tendance à dire que demain ce ne sera pas l’indépendance tout de suite, alors que son leader Oscar Temaru a, à plusieurs reprises, pris position pour cette indépendance. Nous voulons attirer l’attention sur le fait que, sans le soutien de l’Etat, beaucoup de choses n’iront pas très bien dans ce Pays. À commencer par l’éducation par exemple. Tous nos fonctionnaires enseignants dans ce Pays sont pris en charge par l’Etat. Lorsqu’on regarde la protection de notre Pays, c’est quelque chose auquel je suis très attachée mais l’armée dans ce Pays est entretenue par l’Etat. Ils ont un peu reculé dans leur raisonnement mais même si l’on parle d’une indépendance à terme parce qu’il faudra passer des étapes, ce qui est certain c’est que l’ambiance qui est entretenue par le Tavini Huira’atira avec l’Etat n’est pas une bonne ambiance. Vous avez vu ce qu’on fait les députés dès leur arrivée à l’assemblée nationale : ils ont demandé à ce que l’Etat disparaisse des radars ici en Polynésie française. Il faut faire attention à ça. Pour moi c’est un danger. »

TNTV : Evoquons à présent ce second tour. Est-ce que vous allez essayer de vous rapprocher des partis non qualifiés au second tour (…) ?
Edouard Fritch :
« Oui je vais me rapprocher d’eux (…) Ce que je souhaite, c’est que toutes les voix autonomistes de ce pays puissent se regrouper. Il faut qu’on se regroupe pour faire obstacle au succès du Tavini Huira’atira dans ce Pays. Mon souci, c’est le lendemain de ce pays donc je vais faire des efforts mais je vais aussi me rapprocher des responsables de ces différents partis afin qu’on se mette d’accord quitte à ce que demain, si le Tapura revient, qu’on puisse créer une nouvelle plateforme autonomiste dans ce pays parce que on aujourd’hui constaté un réel danger avec la poussée du Tavini Huira’atira donc il faut organiser (…). J’ai bien compris que diriger seul le Pays c’est d’abord très compliqué, c’est difficile mais ça provoque aussi des incompréhensions parce qu’il y a des tendances à l’intérieur même des autonomistes qui font qu’il y a un dialogue de sourds qui s’instaure et donc on ne devient plus audibles pour les populations qui nous regardent. »

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