Teva Rohfritsch : « Quand on parle de renouvellement, il faut le faire jusqu’au bout »

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Tête de liste de Ia ora te Nunaa et candidat à la présidence du Pays, Teva Rohfritsch était l’invité des journaux de TNTV, lundi soir. Le sénateur défend son choix d'une liste ouverte, composée majoritairement de personnes de la société civile. Il propose notamment un prolongement de la continuité territoriale et la création d'un mémorial polynésien, en hommage aux héros du fenua.

Publié le 11/04/2023 à 12:52 - Mise à jour le 27/12/2023 à 15:46

Tête de liste de Ia ora te Nunaa et candidat à la présidence du Pays, Teva Rohfritsch était l’invité des journaux de TNTV, lundi soir. Le sénateur défend son choix d'une liste ouverte, composée majoritairement de personnes de la société civile. Il propose notamment un prolongement de la continuité territoriale et la création d'un mémorial polynésien, en hommage aux héros du fenua.

TNTV : Vous avez lancé votre parti Ia Ore Te Nunaa avec Nicole Bouteau fin 2022. Vous êtes tous les deux anciens membres du Tapura Huiraatira, tous les deux anciens ministres sous le gouvernement Fritch. Votre parti prône le changement politique, qu’est-ce qui change finalement?

Teva Rohfritsch : « 97% de notre liste concrétise le renouvellement de la classe politique qui est attendu par la population. Je pense aussi qu’il faut de l’expérience pour diriger le Pays. Surtout, je pense que nous avons un programme très novateur » .

TNTV : C’est une liste composée de plus de 90% de personnes de la société civile, donc non-professionnels de la politique. C’est un pari risqué que vous faites?

Teva Rohfritsch : « Non, quand on parle de renouvellement, il faut le faire jusqu’au bout. De plus, il n’y a pas de diplôme pour être élu. C’est la population qui va choisir ses élus. Et je pense que la population souhaite qu’il y ait des gens comme tout le monde qui puissent être à l’assemblée, qui puissent voter des lois et débattre de nos sujets d’avenir. Nous avons sur notre liste des personnes connues dans le monde associatif, dans les confessions religieuses, des personnes sans emploi, des jeunes… » .

TNTV : Il y a notamment la présence de Karel Luciani, qui agit pour la communauté gay et transgenre au fenua. Plus de tolérance, c’est aussi le mot d’ordre du parti?

Teva Rohfritsch : « Il faut garder cette tolérance au sein de la société polynésienne. On sent que depuis quelques temps, cela s’éloigne de nous. Karel Luciani et d’autres ont toute leur place sur notre liste et à l’assemblée de Polynésie française. Il faut que notre assemblée soit l’expression de cette tolérance » .

TNTV : Les sénateurs de la délégation outre-mer dont vous faites partie demande la prise en charge du billet d’avion depuis le domicile. C’est une aubaine pour ceux qui habitent dans les îles. Pourtant, cette aide à la continuité territoriale a déjà été revalorisée. Pour vous, il fallait allait plus loin dans le cas de la Polynésie française?

Teva Rohfritsch : « C’est effectivement un combat que je mène en tant que sénateur, en tant que vice-président de la délégation outre-mer. Il est important que justice soit rendue pour les Polynésiens, puisque nous avons un pays qui est grand comme l’Europe. Il est important que, si l’on parle de continuité territoriale, ce ne soit pas que de Papeete, mais bien de toute nos îles vers Papeete puis la métropole » .

TNTV : Nous l’avons vu récemment à Bora Bora, des violences sur fond d’alcool ont eu lieu, entre jeunes. C’est malheureusement un fléau en Polynésie. Dans votre programme, vous proposez une mesure phare pour lutter contre l’ice, mais l’alcool aussi est une véritable dépendance qu’il faut soigner?

Teva Rohfritsch : « Nous souhaitons développer une lutte contre toutes les addictions, que ce soit l’acool, le tabac ou l’ice. Nous proposons aussi un numéro vert pour que notre population puisse s’exprimer. On est un petit pays, on sait tous par où ça passe et d’où ça vient. Il faut pouvoir le dénoncer à un moment, pour que nos enfants soient préservés de ce fléau. En une seule fois, ils sont sous l’emprise de cette substance. Outre le numéro vert, nous mènerons d’autres actions, avec un conseil de prévention spécialisé sur la lutte contre les effets de l’ice. Cela ne peut pas être noyé dans les autres faits de délinquance » .

TNTV : Sur l’environnement, vous proposez une ‘police verte’, et vous dites notamment stop aux voiliers. Est-ce à dire qu’ils n’auront plus leur place ici en Polynésie?

Teva Rohfritsch : « Il faut que l’on canalise cette activité de voiliers. Nous avons mis ‘stop aux voiliers’ dans la baie de Vairai où on a rendu une plage publique. Aujourd’hui, il y a des voiliers qui sont complètement sédentaires. Nous accueillons bien sûr les voiliers de passage, mais partout où ils vont dans le monde, il ne peuvent pas s’ancrer à n’importe quel endroit, et ils doivent payer des redevances pour participer à l’effort et à la protection de l’environnement dans ces lagons qu’ils viennent voir. Dans la baie de Vairai, où il y a des familles qui viennent se baigner, nous souhaitons que les voiliers soient sortis et que soient mis en place des corps-morts à d’autres endroits. Nous en faisons une priorité. Nous les placerons à des endroits où ils seront, je l’espère, respectueux de l’environnement. Ils sont sensés sortir régulièrement en pleine mer pour vider leurs boîtes. Mais ça n’est pas fait, puisque certains voiliers ne bougent pas à l’année. Ce n’est pas acceptable. La pollution, c’est non pour tout le monde » .

TNTV : Sur la culture : vous proposez la création d’un mémorial polynésien en hommage aux héros du fenua. Pouvez-vous préciser les contours de ce projet?

Teva Rohfritsch : « C’est ce que nous proposons, plutôt que de financer un centre de mémoire des essais nucléaires. Pour ce dernier, c’est à l’État de le financer, s’il le souhaite. Nous, nous souhaitons valoriser les héros Polynésiens dans toute leur diversité, qu’il s’agisse de nos poètes, de nos artistes, de nos sportifs, peut-être de quelques hommes politiques s’ils méritent d’y rentrer… Ce sera à la société de le dire. Nous pensons que les générations à venir, y compris si l’on parle de musique, auront le droit de savoir qui était Angelo, qui était Bobby, qui était Gabilou ou encore Henri Hiro. Valoriser nos héros, c’est une belle mesure » .

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