Voiliers au mouillage à Tahiti : l’association des voiliers de Polynésie prévient et explique

Publié le

Dans un communiqué, l'association des voiliers de Polynésie (AVP) explique avoir observé "une augmentation du nombre de voiliers à l’ancre dans le lagon de Tahiti, que ce soit du côté de la marina Taina ou en face de l’aéroport". Selon l'AVP, "tout porte à penser que cette tendance va se prolonger au cours des prochaines semaines." Les éléments d'explication :

Publié le 04/06/2021 à 11:26 - Mise à jour le 04/06/2021 à 11:30

Dans un communiqué, l'association des voiliers de Polynésie (AVP) explique avoir observé "une augmentation du nombre de voiliers à l’ancre dans le lagon de Tahiti, que ce soit du côté de la marina Taina ou en face de l’aéroport". Selon l'AVP, "tout porte à penser que cette tendance va se prolonger au cours des prochaines semaines." Les éléments d'explication :

Pourquoi tant de voiliers en Polynésie depuis 2020 ?

Selon l’AVP, « le nombre de voiliers actuellement en Polynésie n’a pas réduit de manière significative car la plupart ne peuvent pas toujours pas continuer leur route vers l’ouest, alors que de nouveaux bateaux continuent d’arriver.

Nous avons donc procédé à un comptage et interrogé les plaisanciers qui séjournent au mouillage pour connaître la nature des raisons qui les obligent à stationner ici en ce moment.

En effet, la situation concernant les voiliers qui transitent en Polynésie est toujours figée.

1 –  Les frontières maritimes du Pacifique sont toujours fermées contrairement aux frontières aériennes.

C’est le cas de la Polynésie et de la plupart des destinations à l’ouest (Cook, Tonga, Nouvelle-Zélande, Australie, … ). Même Fidji qui a ouvert leurs frontières aux voiliers pendant une partie de 2020 a récemment dû durcir ses conditions d’entrée.

Les ressortissants ont généralement été autorisés à retourner dans leur pays d’origine par voie maritime. Le reste des plaisanciers internationaux sont contraints par la fermeture des frontières à rester en Polynésie le temps que la situation se débloque.

2 –  La Polynésie continue d’accueillir les navires entrants en transit sous dérogation.

Il s’agit principalement de voiliers en provenance du Panama qui ne peuvent pas toujours poursuivre leur route vers le Pacifique Ouest, ou d’autres origines qui sont autorisés à faire escale pour un réapprovisionnement ou récupérer du fret technique, ce qui augmentant ainsi le nombre total de navires en transit en Polynésie et notamment à Tahiti.

3 –  La fin de la saison cyclonique qui contraignait les voiliers à se rendre au Marquises / Gambier / Est-Tuamotu de part l’exigence de leur assurance. En effet, beaucoup d’assurances internationales n’assurent pas les navires dans les îles de la Société pendant la saison cyclonique (novembre à avril). C’est un phénomène cyclique bien connu qui voit le nombre de voiliers augmenter dans les îles de la Société chaque année à la même période. »

Mais pourquoi cet engorgement sur Tahiti (Punaauia et Faa’a) ?

« Les raisons sont simples et évidentes, elles nous ont été fournies par ces plaisanciers eux-mêmes », souligne l’AVP dans son communiqué.

« 1 – Les plaisanciers sont des humains comme les autres, ils ont besoin de soins réguliers et ils doivent venir sur Tahiti pour des raisons médicales.

Si en Polynésie il existe un dispositif d’évacuation sanitaire qui permet à un habitant des Tuamotu de venir sur Tahiti pour voir un spécialiste, les plaisanciers n’ont pour seul moyen de déplacement que leur bateau… qu’il faut bien mettre quelque part à proximité.

Les voiliers nécessitent un entretien et des réparations réguliers pour rester navigable en toute sécurité. Ces travaux nécessitent l’accès à des fournitures spécialisées et à des prestataires de services techniques uniquement disponibles à Tahiti.

2 – Raisons administratives : Les principales administrations sont également situées à Papeete et exigent des plaisanciers se présenter en personne pour les formalités telles que le renouvellement de passeport/carte d’identité ou de séjour (CDS) ou autre document de bateau.

Enfin, avec la ré-ouverture progressive des frontières aériennes, certains plaisanciers qui doivent se rendre en Europe ou aux USA viennent à Tahiti pour les vols internationaux.

Toutes les marinas étant saturées en ce moment, ils n’ont aucune autre possibilité.

3 – Un voilier a besoin d’un entretien permanent, et pour des raisons de sécurité évidente, ils ne peuvent pas se permettre de rester sans entretien et comme il est coutume de dire : « Le seul état stable sur un voilier est la panne ». Il n’est donc pas envisageable pour un plaisancier de rester dans un atoll reculé sachant que son navire a besoin d’un entretien urgent sous peine de panne et de s’exposer à ne plus pouvoir être en mesure de regagner un abri où se mettre en sécurité.

Il se trouve que comme pour tous les résidents polynésiens aujourd’hui, l’acheminement par voie aérienne est quasi nul, et l’acheminement par voie maritime est extrêmement ralenti. Les plaisanciers se voient donc dans l’obligation de se rapprocher de la source d’approvisionnement des pièces… Tahiti, et y séjourner contraints et forcés le temps de récupérer leurs pièces et de les réparer pour pouvoir reprendre leur chemin.

4 – Approvisionnement : Tous ces navires sont donc restés loin des points principaux d’approvisionnement pendant 6 à 8 mois (saison cyclonique). Ils doivent maintenant s’approvisionner de nouveaux (tant en nourriture, que pièces de rechanges), ou bien évidemment faire appel à des prestataires techniques présents pour la plupart uniquement sur Tahiti.

5 – Relocalisation et création d’une zone autorisée payante de corps-morts en face de l’aéroport dans le lagon de Faa’a.

Des corps-morts sont en préparation afin d’être installés d’ici fin juin sur la zone dédiée en face de l’aéroport 50 corps-morts dans un premier temps (sur décision du gouvernement et voté à l’assemblée territoriale), l’objectif étant que la zone de mouillage de Taina soit évacuée dans ce laps de temps. Une verbalisation est prévue pour les contrevenants qui ne quitteraient pas la zone.

Nous allons donc assister à un déplacement de tous ces navires de Taina vers cette relocalisation à l’aéroport d’ici la fin juin.

Le mouillage de l’aéroport comporte 36 navires. Ils seront donc tout logiquement rejoints d’ici la fin du mois par les 54 autres navires qui vont devoir quitter Taina. À cela, va se rajouter petit à petit chaque nouvelle semaine le flux de navires en nécessité de se rendre sur Tahiti.

On peut donc s’attendre à voir d’ici mi-juillet plus d’une centaine de voiliers sur ce mouillage de l’aéroport. Ce sera donc du jamais vu et une grande première, de quoi impressionner les habitués du lagon et “déchaîner les passions” dans les médias et sur les réseaux sociaux : Mais encore une fois, tous ces propriétaires de voiliers n’ont AUCUNE AUTRE OPTION.

C’est pourquoi l’AVP souhaite renforcer le message suivant. Cette situation n’est pas du choix de la communauté des plaisanciers mais plutôt due à l’absence de toute autre alternative.« 

« Ce qu’il faut savoir, c’est que ce mouillage de l’aéroport est par ailleurs extrêmement compliqué puisqu’il se situe très loin de tout accès à terre », souligne l’AVP, schéma à l’appui :

3.5km de distance de la marina TAINA, et 5,5km de la marina Papeete.

« Là aussi, certains se retrouvent dans des situations de sécurité précaires sur des annexes sous-motorisées à devoir parcourir de grandes distances pour regagner la terre.

Une situation « temporaire », un retour à la normale dès la réouverture des frontières

Compte tenu du nombre de bateaux qui se voient accorder une autorisation d’entrée en Polynésie par la DPAM, et malgré la réduction de la durée de séjour autorisée de 3 à 2 ans, la capacité des marinas en Polynésie Française et à Tahiti en particulier n’est tout simplement pas suffisante pour tous les accueillir.
De même, la capacité en corps-morts, lorsqu’elle est disponible, est également sous-dimensionnée en rapport avec la situation exceptionnelle que l’on connait depuis mars 2020.

La plupart des plaisanciers ne resteront à Tahiti que le temps nécessaire pour terminer leurs consultations médicales, leur approvisionnement, leurs réparations ou leurs formalités avant de reprendre leur voyage vers les archipels, en attendant de pouvoir poursuivre leur voyage vers l’ouest lorsque les restrictions sur la navigation seront levées. »

L’association dit espérer « que les autorités apporteront leur soutien pour faire passer le bon message à la population, à savoir expliquer le caractère temporaire de cette situation et rassurer quant à un retour à la normale de l’afflux des voiliers, et ce dès la réouverture des frontières maritimes. »

Dernières news