Violences intra-familiales : moins de 100 signalements depuis le confinement

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Avec le prolongement du confinement, les violences intra-familiales peuvent augmenter en fréquence et en intensité. Le point avec Roland Lejeune, de l'association d'aide aux victimes Te Rama Ora.

Publié le 19/04/2020 à 19:14 - Mise à jour le 07/05/2020 à 17:17

Avec le prolongement du confinement, les violences intra-familiales peuvent augmenter en fréquence et en intensité. Le point avec Roland Lejeune, de l'association d'aide aux victimes Te Rama Ora.

TNTV : Est-ce qu’il vous semble que les violences augmentent en période de confinement ? Avez-vous plus de signalements ?
Roland Lejeune, président de l’association APAJ (aide aux victimes) : « On pourrait croire qu’avec le confinement, il y en a plus, mais pour l’instant, non. Il y en a effectivement, mais ce n’est pas caractérisé. On attend la fin du confinement pour avoir un chiffre beaucoup plus précis. Mais pour l’instant, on est à moins de 100 signalements. »

Moins de signalements que d’habitude, cela veut aussi dire que les victimes potentielles ne peuvent pas signaler ?
« C’est sûr que lorsque le mari ou la femme est violent(e), on ne va prendre son téléphone et appeler police secours devant l’agresseur. On va attendre peut-être un petit peu, où on va passer par d’autres personnes, la famille, les voisins… pour le signaler. Mais effectivement, on peut dire que le signalement est assez difficile dans le contexte du confinement actuel. »

Pensez-vous que l’interdiction de l’alcool était une bonne chose ou pas ?
« Je dirais que c’est plus une bonne chose. Je pense que ça a été fait par prévention, pour justement faire baisser les violences conjugales. Étant donné que ça fait 3-4 semaines que les familles sont confinées, cela peut aussi aider les personnes en situation précaire (…) pour essayer de garder leur argent plus pour nourrir la famille que pour acheter de l’alcool. Et ça éloigne aussi les gens, parce qu’on sait très bien qu’en Polynésie, autour d’une caisse de bières, il y a beaucoup de gens, donc on fait la fête. »

Avez-vous établi un lien entre l’alcool et les coups ? Il peut y avoir plus de coups avec l’alcool également ?
« Oui, il est prouvé scientifiquement que lorsqu’on boit, les coups peuvent plus facilement être sans contrôle, et puis ça peut dégénérer jusqu’à la mort, au non retour. L’alcool annihile beaucoup de choses et donc automatique, on passe facilement à l’acte. »

Les violences peuvent aussi concerner les enfants. Avez-vous eu des retours là-dessus, et quelles sont vos craintes ?
« On n’a pas eu de retours concernant les enfants, actuellement. Ce sont plus des retours entre homme et femme ou femme et homme, des violences réciproques. Mais rien concernant les enfants pour l’instant. (…) Peut-être qu’à la fin du confinement, quand on aura des chiffres beaucoup plus précis, il se peut qu’il y ait des enfants qui ont été maltraités. »

Comment réagir si on est victime de maltraitances, si on est un jeune enfant ou si on est une femme ou un homme battu ? Qui appeler ?
« Dans le meilleur des cas, il y a Police secours, le 17. Sinon, il y a le site du procureur de la République, le site de l’APAJ, et la page du gouvernement ‘Arrêtons les violences’. »

Et si on est voisins, qu’on entend des choses… il faut signaler aussi ?
« On peut le signaler. Rien que le faire de le signaler aux gendarmes ou à la police, va faire déplacer une équipe, et déjà là, ça va calmer beaucoup les choses. Il vaut mieux signaler que laisser faire, et après se rendre compte qu’il y a eu quelque chose de grave qui s’est passé. »

POUR RAPPEL :
En cas d’urgence, appeler le 17
– Porter plainte, pour que le parquet puisse réagir rapidement. Les forces de l’ordre restent tenues de prendre les plaintes pour violences en ce moment. Sortir de chez soi pour aller se protéger ou porter plainte est possible.
– Signalement en ligne de violences sur cette plateforme (Attention le 3919 ne fonctionne pas en Polynésie)
– Signalement de violences intrafamiliales via la page Facebook du procureur de la République en Polynésie française 
– Formulaire de signalement de violences sur mineurs, majeurs vulnérables (personnes âgées, femmes enceintes, victimes de violences conjugales) destiné au public sur le site de l’APAJ et bientôt sur celui de la cour d’appel
– Pré-plainte en ligne réservée aux atteintes aux biens (vols, dégradation, escroqueries…) et faits discriminatoires (discrimination, diffamation, injure, provocation individuelle à la haine) ICI 
– Pour toute information aide et accompagnement juridique ou psychologique : contacter l’APAJ au 40.43.20.41 – 87.76.52.50 – 87.24.12.22 – 87.79.21.12 et [email protected] Page Facebook : Apajpf

Une vigilance particulière doit être apportée aux enfants en cette période.
L’article 223-6 du Code pénal sanctionne de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € – 8 950 000 Fcfp d’amende quiconque s’abstient volontairement d’empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle d’une personne.
Il punit des mêmes peines celui qui s’abstient de porter à une personne en péril l’assistance que, sans risque pour lui ou pour les tiers, il pouvait lui prêter soit par son action personnelle, soit en alertant les secours.
Il n’est pas nécessaire de vérifier s’il s’agit bien de violences, l’enquête est le travail des forces de l’ordre.
Le signalement est une mesure de précaution visant à protéger les personnes susceptibles d’être en danger.

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