Violences conjugales : plus de moyens pour les victimes

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En 2020, le palais de justice a recensé 1 158 femmes victimes de violences conjugales. Un nombre en constante augmentation qui démontre que de plus en plus de femmes osent porter plainte contre leurs bourreaux. Mais un autre chiffre est constant : c’est le nombre de femmes qui retirent leur plainte ou refusent de se constituer partie civile. Selon le parquet de Papeete, elles représenteraient 70% des plaignantes.

Publié le 05/04/2021 à 10:35 - Mise à jour le 05/04/2021 à 10:35

En 2020, le palais de justice a recensé 1 158 femmes victimes de violences conjugales. Un nombre en constante augmentation qui démontre que de plus en plus de femmes osent porter plainte contre leurs bourreaux. Mais un autre chiffre est constant : c’est le nombre de femmes qui retirent leur plainte ou refusent de se constituer partie civile. Selon le parquet de Papeete, elles représenteraient 70% des plaignantes.

L’affaire avait fait le buzz : une femme victime de violences conjugales a demandé son conjoint en mariage en plein procès. Une situation ubuesque qui ramène à la réalité du palais de justice. La majorité des femmes victimes de violences conjugales qui osent porter plainte, finissent par se rétracter.

« Ici comme ailleurs, on observe le même phénomène. La femme dénonce les faits, mais ensuite se rend compte qu’elle est en état de dépendance économique, bien souvent aussi sous une emprise psychologique du conjoint violent, et donc elle retire sa plainte, explique le procureur Hervé Leroy. Mais ça ne change rien aux faits. Alors pour aider ces victimes à tenir bon, si je puis dire, on a le concours des associations qui prennent en charge les victimes de façon générale, de violences conjugales en particulier. »

Il existe plusieurs centres d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales ou en détresse. Le foyer maternel Maniniaura par exemple accueille des jeunes filles de 13 à 25 ans avec des enfants en bas âge. Kauahi, 17 ans, est maman d’un petit garçon. Elle a été victime de violences, mais pas par son compagnon.

« Avec ma sœur de lait, elle me tapait beaucoup. Je ne pouvais même pas faire mes devoirs. Elle me maltraitait, raconte-t-elle. Après quand j’ai connu ce garçon avec qui je suis aujourd’hui, ça a tout changé, je suis sortie de mes problèmes. »

Mineure, Kauahi a été placée en foyer avec son enfant en attendant que son compagnon trouve un emploi et un logement. La majorité des pensionnaires du foyer vit une autre situation. Selon la directrice, les conjoints viennent souvent menacer leurs victimes.

« On travaille beaucoup avec la gendarmerie, mais il arrive que des fois les concubins arrivent comme ça, indique Violaine Utia, la directrice du foyer. Ils se fâchent, ils tapent partout, ils crient des grossièretés, ils insultent un peu tout le monde. Donc nous, là-même, on fait appel à la gendarmerie qui arrive pour l’intervention. »

Beaucoup de jeunes femmes craignent des représailles si elles quittent leurs compagnons ou témoignent contre eux. Lorsqu’elles quittent le foyer, ces pensionnaires bénéficient d’un téléphone grave danger pour se protéger. Un autre dispositif de protection sera bientôt proposé.

« Les essais ont été réalisés, il y a encore quelques réglages techniques à faire qui se rapportent au bracelet anti-rapprochement où on aura la femme victime qui sera détenteur d’un dispositif ; le mari ou conjoint aussi détenteur du même dispositif. Et lorsqu’il y aura une distance franchie, à ce moment-là, les services de police et de gendarmerie seront avisés via un opérateur se trouvant en métropole », détaille le procureur Hervé Leroy.

La justice, les forces de l’ordre et les associations se dotent de plus en plus de moyens pour aider les femmes victimes de violences. Mais il revient à chacune d’elles d’en prendre conscience pour sortir des relations toxiques, en portant plainte ou en gagnant leur autonomie.

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