Vidéo – Pour que les cœurs battent au bon tempo

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Publié le 18/11/2017 à 13:10 - Mise à jour le 18/11/2017 à 13:10

Chaque année, 20 à 30 patients concernés devaient subir une evasan. Ils ont bénéficié cette semaine d’une intervention très innovante qui utilise la congélation de certaines zones. Pas de cicatrice hormis un point, et surtout, plus de traitement médicamenteux à vie.

Richard Bodin fait partie des premiers polynésiens à bénéficier à Tahiti d’une ablation de la fibrillation atriale :  une technique utilisée pour permettre au cœur de maintenir un rythme régulier. Sans les effets secondaires des médicaments.

« J’ai l’impression d’avoir couru un 5 000 m alors que je n’ai pratiquement rien fait. Pendant une heure, tu as des palpitations. C’est vraiment désagréable. Je fais de la tachycardie depuis quatre ans déjà et je suis un traitement pour cela. Mon but est de pouvoir, à terme, ne plus utiliser de médicaments. », explique Richard.

Depuis quelques années, on sait ce qui entraîne ces dérèglements cardiaques, et comment les réguler. Ce que nous explique le professeur Pascal Defaye, rythmologue au CHU de Grenoble. « On a découvert il y a une quinzaine d’années que cette fibrillation auriculaire venait d’un endroit particulier du cœur qui sont les veines pulmonaires, qui sont des tuyaux qui amènent le sang des poumons vers l’oreillette gauche, et c’est à cet endroit-là que se situe la genèse de la fibrillation auriculaire. »

Le remède: détruire ces tissus qui sont responsables de ce dysfonctionnement, dans l’oreillette gauche qui est une des cavités du cœur. Ici, c’est un système de cryo-ablation qui est utilisé.  Une ablation par le froid qui consiste en l’application d’azote liquide pendant 4 minutes à une température de -50°C.

Cette technique très innovante congèle certaines veines. L’ intervention ne se déroule pas à cœur ouvert, mais par le biais d’un cathéter via une veine. Un système d’imagerie en trois dimensions permet de suivre la position des ondes.

Après deux heures au bloc, le patient n’aura quasiment pas de trace de l’opération. « Cette application du froid pendant quatre minutes, va isoler les veines pulmonaires. On va détruire les tissus et le patient va guérir de la fibrillation auriculaire. Le but est que le patient ne prenne plus de traitement. », indique le professeur Defaye.

De son côté, le docteur Bruno Ulmer cardiologue et rythmologue au CHPF indique que « Cette méthode peut être importée ici, le matériel est plus facile, la technique rodée et chaque mission va former le personnel. Une partie de celui-ci va à Grenoble se former directement au CHU où cette technique est pratiquée tous les jours, et au fur et à mesure des années, on espère pouvoir prendre en charge cette technique nous-même. »

Les équipes médicales du Taaone ont apporté elles aussi des savoirs faire peu habituels pour ce type d’intervention. « Il y avait une infirmière et un infirmier anesthésiste spécialisés dans l’hypnose qui ont placé sous hypnose le patient avant l’intervention. Et celui-ci a été opéré alors qu’il était sous hypnose », relate le docteur Bruno Ulmer.

Cerise sur le gâteau, outre cette méthode innovante qui permet de ne plus être sous traitement médicamenteux, l’autre avantage c’est qu’il n’est nul besoin d’être évasané en métropole pour l’opération. « Réaliser cette opération ici, c’est bien mieux que d’aller en France. Ici il y a la famille et les amis. », se réjouit Richard, qui ne sera pas hospitalisé plus de 24 heures et devrait retrouver un cœur parfaitement réglé.
 

Rédaction web avec Laure Philiber

Le reportage de Laure Philiber

Ablation de la fibrillation atriale
 
Cette technique est utilisée pour prévenir l’embolie cérébrale, et pour maintenir au cœur, un rythme régulier, cela sans les effets secondaires des médicaments. L’ablation est réalisée au niveau des veines pulmonaires. Elle consiste à les isoler de l’oreillette gauche pour éviter les contractions anarchiques du cœur. Supprimer les zones qui génèrent cette arythmie permet de prévenir la récidive. C’est une intervention qui dure environ deux heures.
 
 

La fibrillation atriale ou tachycardie en langage courant, est un trouble qui touche 1 à 2% de la population. Cette pathologie peut entraîner des insuffisances cardiaques et des AVC avec des séquelles neurologiques. Il s’agit du trouble du rythme cardiaque le plus fréquent.
En Polynésie, entre 20 et 30 patients concernés chaque année. Pour ramener le cœur à un rythme normal : des médicaments sont utilisés. Un traitement à prendre au quotidien. Et qui est efficace seulement dans la moitié des cas. Soit parce qu’ ils sont intolérants aux médicaments, soit parce que la fibrillation est rebelle au traitement. 

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