Vidéo – Parcoursup : Ranitea Gobrait en appelle au Président de la République

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Publié le 10/07/2018 à 17:49 - Mise à jour le 10/07/2018 à 17:49

Le président de l’Assemblée de la Polynésie, la ministre de l’éducation locale et le vice-rectorat avaient invité mercredi soir les 151 bacheliers polynésiens qui ont décroché une mention Très Bien. Ils ont reçu une médaille frappée par la monnaie de Paris et un diplôme dans les jardins de l’assemblée.

Parmi eux, Ranitea Gobrait. La meilleure élève de Polynésie avait obtenu 20,3 de moyenne au bac, mais avait été refusée dans la plupart des établissements prestigieux qu’elle convoitait. Elle avait bien été acceptée à Montaigne et à Lavoisier, mais en économie, un second choix pour elle. En MPSI, son choix prioritaire, elle n’avait été acceptée qu’à Janson de Sailly, qu’elle avait finalement refusé.

« Janson de Sailly n’a pas un bon taux de réussite aux écoles préparatoires qu’elle envisage de présenter, notamment pour Polytechnique, puisque le taux de réussite est de 0,3%, pour une moyenne nationale de 2,17% si mes souvenirs sont exacts, donc Janson de Sailly n’est pas la meilleure école pour la spécialité qu’elle vise » a expliqué son avocat Philippe Neuffer, Ranitea n’accordant plus d’interview.
 

Me Philippe Neuffer, avocat de Ranitea Gobrait :

Elle souhaite toujours obtenir une place à Henri IV, Louis-le-Grand ou Stanislas, des lycées qui lui permettraient, selon sa famille, une préparation optimale au concours de Polytechnique. « C’est une bête en maths, elle veut faire Polytechnique ou l’ENAC, et elle nous dit toujours : « si on m’accepte, je leur montrerai ce que je vaux » » a déclaré son père Fletters Gobrait.

L’avocat Philippe Neuffer a annoncé qu’il allait envoyer un courrier au Président de la République, en s’appuyant sur l’article L612-3-1 du code de l’éducation.  Cet article dispose que « les meilleurs élèves dans chaque série et spécialité de l’examen de chaque lycée bénéficient (…) d’un accès prioritaire à l’ensemble des formations de l’enseignement supérieur public ». Selon son avocat, ce dispositif s’étend aux formations auxquelles prétend Ranitea Gobrait. Si aucune place ne se libère, « elle n’exclut pas d’étudier à l’étranger » a-t-il indiqué.

Il assure aussi que le dossier refusé par les établissements les plus prestigieux ne comprend pas les notes du bac, ni même celles du troisième trimestre, ou Ranitea a excellé. Selon son père, « son année de césure à Shanghaï, entre la première et la terminale, a peut-être pénalisé son dossier ».
 

La ministre de l’éducation Christelle Lehartel, n’a pas souhaité accorder d’interview. Le directeur de la DGEE Thierry Delmas a indiqué qu’il étudierait l’article L612-3-1, mais n’a pas souhaité évoquer le cas de Ranitea Gobrait. Il s’est toutefois réjoui que « la Polynésie soit au-dessus de la moyenne nationale en taux d’accès à l’enseignement supérieur » : mercredi, 86% des bacheliers polynésiens avaient accepté une proposition sur Parcoursup.

Mais au-delà du cas de Ranitea Gobrait, les chefs d’établissements de Polynésie craignent que leurs meilleurs élèves soient pénalisés par les 16000 kilomètres qui les séparent de la métropole.  « Quels sont les critères pris en compte par les grandes écoles ? Dois-je recommander moi-même mes meilleurs élèves ? Est-ce le réseau qui doit fonctionner ? On n’a pas tous les éléments : ce sont des questions que je me pose » a déclaré le directeur du lycée Samuel Raapoto, Jean-Pierre Sartore-Devasse.

Il souligne que les réponses de Parcoursup peuvent arriver jusqu’en septembre, ce qui est compliqué pour des Polynésiens qui doivent préparer un déménagement à l’autre bout du monde.

« Compte tenu de la configuration du logiciel et de l’algorithme, je ne suis pas sûr que nous ayons les mêmes chances que les autres : je pense même que nous sommes pénalisés par le discriminant territorial » s’est inquiété Philippe Neuffer.
 

Mike Leyral

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