Vidéo – Observation des baleines : « il pourrait y avoir plus de sanctions » selon Agnes Benet

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Publié le 20/08/2018 à 8:47 - Mise à jour le 20/08/2018 à 8:47

On est forcés de constater que les règles ne sont toujours pas respectées…
« Il y a toujours des règles qui ne sont pas respectées par certaines personnes. En revanche il y a quand même beaucoup d’amélioration sur l’eau, les gens font de plus en plus attention. Après, il peu y avoir des accidents comme le baleineau à Huahine… »

Alors justement des baleineaux dans des filets, ça arrive souvent ?
« Il y a eu ce baleineau à Huahine. La semaine passée c’était à la Presqu’île. Pareil un baleineau pris dans un filet, mais qui a réussi à se libérer tout seul le temps que la personne nous appelle. On appelle à la vigilance, à faire attention de ne pas laisser les filets sans surveillance pour éviter ce genre de chose. Et bien sûr l’observation des baleines est devenue interdite dans les lagons pour éviter de pousser les baleines dans les filets… »

Ça, c’est la nouvelle réglementation. Est-ce qu’on peut en savoir plus ?
« Sur cette nouvelle réglementation, dans les baies, dans les passes et dans les lagons, l’observation des baleines est interdite. On doit rester à 300 mètres pour éviter ce genre de problèmes que ce soit dans les lignes des fermes de perliculture ou dans les lignes de pêche même si c’est plus à l’extérieur, mais dans les filets en lagon. »

Quels sont les dangers pour les cétacés, mais aussi pour l’humain si les règles ne sont pas respectées ?
« Pour les cétacés, il existe plusieurs problèmes. Soit ce qu’on appelle des pressions naturelles, donc dues aux prédateurs. Les prédateurs qui vont s’attaquer essentiellement aux baleineaux, aux jeunes baleineaux. C’est pour cette raison que les baleines entrent dans les lagons, pour se mettre à l’abri. C’est ce qui s’est passé à Bora Bora encore aujourd’hui. Un baleineau tout jeune, qui venait de naître, qui est né certainement dans le lagon, est resté toute la journée avec sa maman. Elle le protège des prédateurs qui sont les requins du large et les orques. Ça, ce sont les problèmes naturels. Ensuite il y a l’homme qui intervient et qui est le principal prédateur sous différentes formes. Soit des morts accidentelles par des prises accidentelles dans des filets, soit des collisions. En Polynésie ça reste assez rare, les filets sont plus dommageables que les collisions. Ensuite, il y a la pollution des océans, la diminution des ressources alimentaires des animaux. Enfin, la dernière catégorie qui concerne le harcèlement et le dérangement. En dérangeant les baleines on peut provoquer des déplacements, les déplacer vers les prédateurs, ou les déranger pendant la reproduction, pendant le soin aux jeunes. Lorsque le petit tète sa maman, s’il est dérangé, ils vont se déplacer, il ne mangera plus, etc. Ce ne sont pas des dérangements visibles aussi rapidement qu’une collision ou qu’une prise accidentelle, mais qui ont quand même des effets à moyen terme. »

Qui a le plus de mal à respecter ces règles ? Est-ce que ce sont ceux qui partent à la découverte des baleines ou ceux qui ont l’habitude de les approcher de près ?
« On s’aperçoit qu’on bute toujours sur la même marche. Depuis 2013, on a mis en place le programme cétacé où on sensibilise les gens sur l’eau, un par un. Il y a toujours des nouvelles personnes en Polynésie donc on doit continuer à sensibiliser ces nouvelles personnes qui découvrent, et qui restent très accessibles, qui font attention par la suite (…) Il y a des gens qui respectent heureusement et de plus en plus (…) Mais bien sûr il y a encore des personnes qui ont d’autres objectifs, d’autres besoins, et qui vont outrepasser les règles. Ça reste une minorité. »

Elles sont sanctionnées ces personnes ? Et surtout est-ce que les sanctions sont appliquées ?
« Les sanctions ne sont pas forcément appliquées. On sensibilise aussi beaucoup les autorités locales pour que les règles soient appliquées (…) »

Selon vous, il n’y a pas assez de sanctions ?
« Il pourrait y avoir plus de sanctions pour qu’à un moment donné les personnes qui se sentent à l’aise de ne pas respecter le règlement puissent comprendre qu’il est aussi pour eux. »

Est-ce que vous observez une évolution des comportements des baleines, des migrations ? Est-ce qu’elles vont plus d’une île à une autre ?
« Alors il y a des comportements différents d’une île à une autre, pas forcément au niveau de l’évolution temporelle, mais plutôt au niveau d’une évolution du comportement humain. C’est vraiment une interaction entre l’homme et l’animal. Dans une île comme Rurutu où elles ne sont pas dérangées, elles peuvent rester 2 ou 3 semaines au même endroit alors qu’à Tahiti on les voit rarement plus de 2 ou 3 jours au même endroit. Elles se déplacent pour échapper au dérangement. »

Pour finir, jusqu’à quand pourra-t-on encore observer les baleines en Polynésie ?
« Eh bien là on est en plein dedans et jusque fin novembre début décembre, l’année dernière même fin décembre les baleines nous accompagnaient encore. » 
 

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