Vidéo – « La Première Guerre mondiale a eu une incidence sur le devenir de la Polynésie »

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Publié le 10/11/2018 à 11:51 - Mise à jour le 10/11/2018 à 11:51

Pourquoi est-ce si important de commémorer cette Armistice en Polynésie ?
Déjà, cette célébration est mondiale. Pour nous, il n’était donc pas question de ne pas y participer. Ensuite, c’est un devoir de mémoire pour que les jeunes générations n’oublient pas qu’il y a eu des gens qui sont partis d’ici. Certains étaient conscrits, mais beaucoup étaient volontaires et partaient pour défendre la France contre le joug allemand, sans savoir ce qu’était la guerre, le froid… D’ailleurs sur la photo de l’affiche de l’exposition, on voit qu’ils sont pieds nus, qu’ils n’ont même pas d’armes, ils ont des guitares, des accordéons, ils n’ont pas d’uniformes… Mais pour eux, c’était important de participer à cette guerre.

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Et beaucoup de jeunes ne savent pas pourquoi il y a une rue qui s’appelle la rue des Poilus tahitiens. Il faut rappeler que dans la grande histoire mondiale, il y a aussi notre petite histoire à nous.

L’exposition a nécessité un important travail de recherche. Comment l’avez-vous préparée ?
L’association Mémoire polynésienne, présidée par Jean-Christophe Shigetomi, a fouillé dans les archives, est allée à la rencontre des familles… Ne serait-ce que pour installer les portraits sur l’avenue Pouvanaa-Oopa, ou sur la rue des Poilus tahitiens, il fallait retrouver des photos. Cela n’a pas été facile. Un très gros travail de recherche a été fait.
 

D’habitude, c’est l’État qui organise ce genre de cérémonie. Là, nous sommes dans un contexte un peu particulier avec le référendum en Nouvelle-Calédoniela réhabilitation de Pouvanaa a Oopa, le toilettage du statut du Pays… C’était important pour le gouvernement de montrer avec cette exposition l’attachement à la France et donc à l’autonomie ?
C’est surtout pour participer à cet événement. Pourquoi à la Présidence ? Parce c’est là que les poilus tahitiens et le Bataillon du Pacifique ont été rassemblés avant de partir. Avant d’être la Présidence, c’était une caserne coloniale, une caserne militaire. C’est un lieu d’histoire, et le président Edouard Fritch tenait absolument à ce que cette exposition soit au sein de la Présidence afin donc de rappeler cela et que, quand il n’y avait que 30 000 habitants en Polynésie, 1 800 d’entre eux ont choisi de partir faire la guerre.
Les liens avec ce qu’il se passe en Nouvelle-Calédonie etc. ce n’était pas du tout dans cette optique-là.. Il faut rappeler que dans beaucoup de familles, même si l’on ne s’en souvient pas, on a eu un tupuna qui est parti.

Les Tamarii Volontaires, c’est aussi une partie de votre histoire. Deux de vos aïeuls sont partis et se sont engagés pour cette guerre, et c’est aussi le cas de nombreux Polynésiens…
Je pense que dans beaucoup de familles, on n’a pas toujours le souvenir de ces anciens qui se sont engagés, que ce soit dans la Première Guerre mondiale ou la Deuxième. Quand les anciens nous racontent la guerre, on se rend compte que ce n’était pas une partie de plaisir. Ils sont partis sans savoir réellement ce qui les attendait, et la confrontation avec l’ennemi était souvent violente. Il y a toujours dans ma famille ces histoires qui restent, même s’ils essayaient de dédramatiser, on sentait que c’était des choses insoutenables.

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Quand on parle de la prise de ce village par le Bataillon mixte du Pacifique (vidéo ci-dessus, ndlr), il faut savoir que c’était en plein hiver, qu’ils traversaient un canal en cru, qu’ils se traînaient dans la boue… pour ensuite perdre certains de leurs camarades. Il y a eu des actes de bravoure… Ces jeunes (…) découvrent ce qu’est l’égalité à ce moment : même si leur statut au départ n’est pas le même, pendant cette guerre ils vont découvrir qu’ils sont égaux aux autres soldats, et c’est d’ailleurs pour cela que beaucoup d’entre eux vont se lancer en politique. (…) Cette Première Guerre mondiale a quand même eu une incidence sur le devenir de la Polynésie avec ces jeunes qui vont vivre autre chose que juste la guerre. Cette découverte pour eux va changer complètement leur destin et ils vont essayer de changer le destin de la Polynésie.

Rédaction web avec Tamara Sentis

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