La compagnie low cost va amener une nouvelle clientèle au fenua. Mais certains craignent que la Polynésie n’ait pas une capacité d’accueil suffisante. Pour Edouard Fritch, les touristes pourront se tourner vers les pensions : « Les détracteurs nous disent qu’on risque d’avoir des problèmes de capacité d’accueil puisque French Blue prévoit 2 vols pour commencer en période creuse, pour monter à 3 vols en haute saison. (…) Il ne faut pas oublier que nous avons une petite hôtellerie des pensions de famille, une petite hôtellerie qui trouve une clientèle certaine aujourd’hui auprès des métropolitains qui viennent nous visiter. C’est un produit aimé même par la clientèle étrangère parce que c’est le seul lieu de rencontre, le seul endroit où ils peuvent s’intégrer et rencontrer la population polynésienne »
Juste après l’annonce de l’arrivée de la compagnie low cost en Polynésie, le président du Tahoeraa Huiraatira Gaston Flosse avait réagi dans un communiqué. Il estimait que l’installation de French Blue pourrait avoir des conséquences désastreuses. « Nous avons nos chômeurs et nos SDF que le gouvernement n’arrive pas à juguler voire à réduire, cela nous suffit. En conséquence, je ne souhaite pas voir arriver ceux de la Métropole, ce qui ne manquerait pas d’entraîner un climat douloureux, triste et nocif »
Dans son interview à Outremer 360, le président du Pays répond à ces accusations : « On entend de tout sur l’arrivée de French Blue… On est en train de réfléchir aux problèmes, mais nous nous assurerons bien sûr que l’arrivée de ces personnes ne viennent pas perturber l’équilibre social de la Polynésie et je ne crois pas qu’il en sera ainsi. Nous avons besoin de touristes ! C’est notre préoccupation aujourd’hui. »
Autre compagnie à pouvoir fouler le sol polynésien : Hainan air lines. « Le gouvernement chinois a des autorisations de poser des avions à Papeete depuis maintenant 4 ans, rappelle Edouard Fritch, mais aucune confirmation ne vient aujourd’hui nous rassurer sur la desserte de la Polynésie par la flotte chinoise ». Pour le président, « ce projet n’est pas mûr » et « il nécessite un peu plus de réflexion et de temps. »
Un autre projet paraît en revanche plus concret : « un autre projet qui risque de prendre forme c’est d’utiliser la plateforme de Tahiti Faa’a pour des vols sur l’Amérique du Sud puisque, aujourd’hui, un des accès côté Pacifique pour l’Amérique du Sud est de passer par Los Angeles et de descendre ensuite sur l’Argentine, le Chili ou le Brésil. Cette solution-là est en pourparler depuis quelques années déjà. »
Enfin, concernant l’avenir d’ATN avec l’arrivée de French Blue, Edouard Fritch estime qu’ « Il faut être vigilant que l’arrivée de nouveaux opérateurs ne viennent pas détruire l’existant. Mais je crois que dans le cadre des compagnies aériennes, on ne joue pas sur le même terrain. C’est une société low cost qui vient en Polynésie et je crois que la Polynésie française peut et doit être intéressante aussi pour ceux qui n’ont pas les moyens de milliardaires »
Il espère que ce nouveau concurrent « fera réagir les responsables de la compagnie aérienne » locale. « Ce ne sera pas le premier ni le dernier coup de semonce auquel nous pouvons nous attendre en Polynésie, assure le président du Pays. Il faudra réagir, s’adapter à la concurrence. »
L’interview d’Edouard Fritch à Outremer 360