Édouard Fritch a expliqué sa décision dans une déclaration très formelle. Le président du Pays a souhaité l’apaisement au lendemain d’une journée sous tension.
Jeudi, les grévistes avaient manifesté dans les rues de Papeete et s’étaient introduits à l’assemblée, cassant une porte. Dans la soirée, le vice-président Teva Rohfritsch avait alors vivement dénoncé l’agressivité de certains manifestants, parlant même de « séquestration » et de « terrorisme ».
Vendredi soir, la secrétaire générale du syndicat Otahi, Lucie Tiffenat, était l’invitée de nos journaux. Elle a reconnu que le climat était tendu jeudi : « C’était très tendu. Ça faisait trois jours que les salariés étaient en grève. »
Elle a dit regretter l’incident de l’assemblée. « On aurait pu éviter cela. C’est la première fois que ça se produit dans notre Pays. Je pense que le gouvernement n’a pas mesuré l’attente des grévistes ».
Selon Lucie Tiffenat, les grévistes ne voulaient pas « séquestrer les représentants » mais entrer pour « voir comment les travaux se passaient. »
Dans sa déclaration jeudi soir, Teva Rohfritsch a accusé certains manifestants d’être alcoolisés. Lucie Tiffenat dit condamner la consommation d’alcool durant les manifestations : « Quand on va en grève, on ne boit pas (…) Je pense que ce qui s’est passé c’est que les gens attendaient depuis le matin. À midi il n’y avait aucune réponse et certains sont partis déjeuner. C’est au retour du déjeuner que ça s’est passé. »
Vendredi, les patrons ont réagi au retrait de l’examen de la réforme des retraites à l’assemblée. Olivier Kressman, président du Medef Polynésie s’est dit « désabusé » : « Ça fait 2 ans et demi qu’on travaille sur le sujet. Parce que nous avons travaillé sur le sujet, je vous le dis très clairement : nous avons travaillé régulièrement depuis 2 ans et demi. Ça n’est pas le cas des gens qui sont dans la rue », a-t-il lancé au micro de Tahiti Nui Télévision.
Sur notre plateau, Lucie Tiffenat explique qu’en 2015 effectivement, les syndicats n’avaient « pas participé aux discussions sur la PSG parce que nous étions déjà opposés au fait que la réforme commence par les retraites. Nous avons demandé une réforme globale a commencé par l’assurance maladie et après la retraite. »
Les patrons déploraient également que les grévistes ne proposent aucune solution pour les retraites : « Nous avons déjà fait des propositions », assure Lucie Tiffenat. « Au niveau du régime maladie, il y a encore des économies à faire qu’on peut facilement trouver à condition que le gouvernement prenne des décisions urgentes via des lois de Pays. (…) Baisser les cotisations au niveau de l’assurance maladie et les faire reporter au niveau de la retraite. Si le gouvernement nous avait entendus la dernière fois, je pense qu’il n’y aurait pas eu tout ce conflit social qui a duré pendant des jours. »
Lucie Tiffenat, secrétaire générale du syndicat Otahi