Vidéo – Au centre de transfusion sanguine, « ce sont des dons de Polynésiens pour les Polynésiens »

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Publié le 26/12/2018 à 9:40 - Mise à jour le 26/12/2018 à 9:40

L’association des donneurs du sang, née en 1988, est réactivée. Pourquoi avait-elle été mise en sommeil depuis quelques années ?
« C’est le manque de personnes, le manque de moyens et la difficulté de mobiliser qui a fatigué un peu les volontaires, qui ont fini par lâcher la main. Dernièrement, en voyant le travail qu’il y avait à faire, on a tenté de réactiver l’association en faisant appel de nouveau à des donneurs qui se sont constitués en bureau. »
 
Parmi les membres de cette association, il y a des personnalités du fenua. Qu’espérez-vous de ces personnalités ?
« C’est de sensibiliser l’ensemble de la population. Le problème du don du sang, c’est que ce n’est pas connu par tout le monde. C’est qu’il y a plein de fausses idées. On pense que ça fait mal, on pense que seules certaines personnes peuvent donner, alors qu’en fait les contre-indications ne sont pas si fréquentes que ça. Et on veut que des personnes un peu connues fassent la promotion du don du sang pour que ce soit quelque chose de bien connu, de large, auquel peut participer la majorité de la population. »
 
Quelles sont les contre-indications ?
« Pour ce qui est de la consommation d’alcool ou malheureusement de paka ou de tabac, il n’y a pas de contre-indication définitive. C’est-à-dire qu’évidemment, le donneur ne doit pas arriver sous l’emprise d’un quelconque stupéfiant. Pour autant, s’il y a eu une consommation auparavant et que la personne est en bonne santé générale, ce n’est pas une contre-indication. Les principales contre-indications, c’est d’abord l’âge, il faut avoir plus de 18 ans, peser plus de 50 kilos, ne pas avoir de maladies aiguës au moment du don, ne pas avoir de fièvre. Et puis il y a quelques maladies chroniques mais qui se discutent avec le médecin. Et le fait d’avoir peut-être un diabète ou de l’hypertension qui sont bien traités, stabilisés, ne sont pas forcément des contre-indications. »
 
Quel est le groupe dont vous avez le plus besoin ?
« En Polynésie, on a une répartition des groupes qui est un peu différente d’ailleurs. Ici on a une majorité de donneurs du groupe A, puis du groupe O, puis de B et de AB. En même temps, les groupes les plus rares ne sont pas forcément ce dont on a le plus besoin parce que la répartition des donneurs est proportionnelle à ceux qui reçoivent.
Par contre, ce qu’on appelle les donneurs universels, qui sont les groupes O, sont évidemment les plus faciles à utiliser, c’est donc souvent ceux-là qui sont sollicités. »

 
Le CTS est un organisme entièrement autonome. La durée de vie d’une poche de sang est limitée. Comment arriver à tenir un flux constant ?
« On est totalement autonomes effectivement, à la fois en approvisionnement et en distribution, c’est-à-dire que ce sont des dons de Polynésiens pour les Polynésiens. On n’importe pas de produits, on n’exporte pas de produits. Donc il y a ce flux tendu, on n’a pas de réserve. Il faut tenir ce flux sans pour autant gaspiller de matière première, on jette très peu de produits. »
 
Et en cas d’urgence ?
« En cas d’urgence, on a des conventions avec l’établissement du sang en France qui peut nous envoyer des produits. Cela dit, il y aura toujours des délais, des petites difficultés, donc au maximum on essaie de tenir avec nos produits, et jusqu’à maintenant on a toujours réussi. La conservation dépend des produits. Quand on prend une poche de sang, on fabrique différents produits, des plaquettes, des globules rouges, du plasma. Les globules rouges, c’est 40 jours de conservation. Les plaquettes, ce n’est qu’une semaine. Donc il faut renouveler en permanence ce stock, d’où la nécessité d’avoir des donneurs en permanence. C’est ce qu’on essaie de faire comprendre aux gens, ce n’est pas à un moment donné qu’on a besoin de sang, c’est en permanence. Bien sûr, il peut y avoir des périodes plus aiguës, malheureusement parce qu’il y a une plus grosse activité, parce qu’il y a des accidents, ce qui n’est d’ailleurs pas toujours la première cause de consommation. »
 
Justement, les accidents de la route, on a tendance à penser que c’est la principale cause de consommation de sang…
« Lorsqu’il y a un gros accident, évidemment il va y avoir une consommation aiguë à un moment donné, mais finalement c’est assez rare. Le gros de la consommation, ce sont les maladies chroniques, comme les cancers traités par chimiothérapie, ou en obstétrique des accouchements difficiles avec des saignements, ou d’autres maladies où il y a des hémorragies digestives. »
 
Avez-vous pensé à importer du sang et est-ce que c’est faisable ?
« L’importer en continu, non. Ça a été bien sûr imaginé, mais ce n’est pas intéressant et pas facile du tout. Il faut traverser des pays, surtout si on le fait venir de France. Très ponctuellement on peut importer une poche de sang rare, c’est arrivé par exemple de Nouvelle-Zélande, mais le but est vraiment d’être autosuffisant, ce qu’arrive à faire maintenant le CTS depuis plusieurs années. »
 

Rédaction web avec Sophie Guébel

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