Vidéo – A Punaauia, des propriétaires « prisonniers d’une résidence fantôme »

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Publié le 11/09/2018 à 14:58 - Mise à jour le 11/09/2018 à 14:58

Des propriétaires d’appartements disent vivre un enfer depuis six ans. Pourtant, tout avait commencé par un rêve. Sur les hauteurs de Punaauia, dans les résidences baptisées Miri nui et Miri iti, des personnes achètent en Vefa (vente en état futur d’achèvement) des appartements au promoteur Miri 2010. Le cadre est idyllique : vue sur Moorea, piscine individuelle et jacuzzi sur les terrasses.

A peine entrés dans leur logement, les acquéreurs notent des problèmes dans leurs biens. Leur histoire a été rapportée à deux reprises par nos confrères de La Dépêche de Tahiti, en 2016 puis 2017. Depuis, la situation reste loin de s’être améliorée. 

L’un des propriétaires qui tient à rester anonyme, réitère ses propos : « Nous sommes rentrés dans nos logements début 2012. Tout de suite, on s’est rendu compte qu’il y avait des malfaçons assez importantes. On a cherché à négocier à l’amiable avec les promoteurs mais c’était difficile puisque c’est eux qui ont mis fin à la conciliation. »

Les piscines ont perdu leur bleu azur, les traces d’humidité recouvrent de nombreux murs, le portail ne fonctionne plus et la pergola du parking menace de s’effondrer.

> Un prêt sur 20 ans

Les propriétaires demandent une expertise. Elle mettra plusieurs années à se faire et sera déposée au tribunal en juin 2016. Selon l’avocat des plaignants, maitre Dominique Antz, le rapport est accablant.

Tehani a vécu plusieurs mois dans cet appartement pour lequel elle a contracté un prêt sur 20 ans. Enthousiaste à l’idée d’acquérir son logement, cette maman de deux enfants a vite déchanté.

De sa voix étranglée par les sanglots, elle raconte : « Mes enfants ne pouvaient pas dormir dans leur chambre à cause de leur asthme. Ensuite, l’insalubrité générale dans toute la résidence a fait que, avec mes enfants, nous avons tous eu dengue, zika, chikungunya. En janvier 2017, avec les infiltrations d’eau dans les gaines électriques, ça a rendu mon appartement inhabitable et depuis, je suis SDF avec mes deux ans. Je vais de maison en maison. »

> Un promoteur empêché de faire les travaux

Maitre Bourion, avocat du promoteur Georges Tramini, remet en cause ces affirmations. Selon lui, le promoteur a souhaité réaliser les travaux nécessaires dans la résidence mais les propriétaires l’en ont empêché. L’avocat souligne : « Il a proposé dès le départ d’intervenir dans chacun des logements. Il l’a fait par écrit devant l’expert, à plusieurs reprises, mais les locataires se sont refusés à ce que le promoteur envoie ses ouvriers pour remettre en état ce qu’il y avait à remettre en état… A partir de là, les positions se sont bloquées de part et d’autre. Il y a eu expertise… Maintenant, nous sommes toujours au tribunal à la suite de cette expertise. »

Les ouvriers sont bien intervenus pour faire des travaux selon les co-propriétaires mais vu l’ampleur de la situation, il s’agit d’un pansement sur une jambe de bois.

Sur les 10 appartements de la résidence, seuls deux sont encore habités. Les conditions de vie y sont difficiles voire dangereuses. L’un des habitants lâche, épuisé : « Nous sommes deux prisonniers à vivre dans cette résidence fantôme. C’est de la survie… »

Le procès, repoussé à six reprises, devrait avoir lieu le 31 octobre prochain. 

 

Rédaction web avec Sophie Guébel et Jeanne Tinorua-Tehuritaua 

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