Vaccin, effets secondaires, traitements : les réponses du Professeur Bruno Megarbane

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Les huit patients polynésiens évacués vers la métropole, 4 hommes et 4 femmes, sont bien arrivés à Paris. Ils ont été pris en charge dans plusieurs hôpitaux de la région. L'occasion d'interroger le Professeur Bruno Megarbane, médecin-chef de la réanimation de l’hôpital Lariboisière sur les effets du vaccins et l'efficacité des traitements comme l'ivermectine.

Publié le 19/09/2021 à 14:04 - Mise à jour le 19/09/2021 à 14:39

Les huit patients polynésiens évacués vers la métropole, 4 hommes et 4 femmes, sont bien arrivés à Paris. Ils ont été pris en charge dans plusieurs hôpitaux de la région. L'occasion d'interroger le Professeur Bruno Megarbane, médecin-chef de la réanimation de l’hôpital Lariboisière sur les effets du vaccins et l'efficacité des traitements comme l'ivermectine.

Professeur de médecine intensive et médecin-chef de la réanimation de l’hôpital Lariboisière, Bruno Megarbane enchaîne les interviews presqu’autant que le Dr Raoult.

L’hôpital parisien dans lequel il exerce est sur la liste de ceux prêts à accueillir les malades de la covid-19 venus de Polynésie. Si au fenua la deuxième vague est intense et l’hôpital de Taaone débordé, la situation n’est pas la même en métropole.

En Polynésie, même si le message n’est pas toujours cru ou entendu, les autorités le répètent : plus de 90% des personnes atteintes de covid-19 et admises en réanimation ne sont pas vaccinées.
Une part importante de la population polynésienne présentant des comorbidités, la situation s’est rapidement dégradée. Une première analyse des comorbidités chez les personnes hospitalisées en réanimation montre en effet que 89,5% des patients étaient en état de surpoids (21,6%) ou d’obésité (67,9%). Plus de 80% de ces patients souffraient d’au moins une comorbidité.

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Ces dernières semaines, la couverture vaccinale a lentement augmenté en Polynésie pour atteindre le chiffre de 46,2% de la population totale ayant un schéma vaccinal complet selon les dernières données.

Du côté de la métropole, la couverture vaccinale est meilleure. Ce qui a permis selon le Professeur Megarbane, d’éviter une catastrophe sanitaire.
Comme en Polynésie, « la quasi totalité des patients qui ont été admis en réanimation au cours de cette quatrième vague pour forme grave de la maladie, n’étaient pas vaccinés. Les quelques cas de personnes doublement vaccinées admis en réanimation, étaient des personnes immunodéprimées, c’est-à-dire chez qui la vaccination n’a pas été efficace. Pas en raison du vaccin. En raison de l’immunité de la personne qui avait été vaccinée qui n’était pas suffisamment réactive au vaccin. Donc de fait, on peut dire que la vaccination protège de façon très importante avec une réduction de l’ordre de 20 du risque de faire une forme grave de la maladie, donc de devoir être en réanimation ou de subir des soins extrêmement agressifs et invasifs. Et au final parfois, le risque de mourir. »

« On a cette chance d’avoir ce vaccin et on a vu que dans les régions comme la métropole où la couverture vaccinale était importante, eh bien finalement, la quatrième vague ne s’est pas accompagnée d’un afflux massif de personnes gravement infectées vers l’hôpital. À l’inverse, que ce soit dans les Antilles ou en Polynésie, en raison de la vaccination insuffisante, il y a eu une catastrophe sanitaire. »

La vaccination n’empêche pas d’être contaminé, admet le professeur. Mais elle réduit tout de même le risque de contamination et de contaminer les autres. « Et donc, de fait, une personne vaccinée protège aussi son entourage. Les personnes fragiles qui l’entourent. Donc il n’y a que des avantages de cette vaccination. »

Et les effets secondaires ?

Selon Bruno Megarbane, ils « sont bénins. Ils durent quelques heures après la vaccination. Ce sont des effets secondaires habituels des vaccins, c’est-à-dire un peu de fièvre, un peu de douleur au bras ou au site de la vaccination, un peu de fatigue mais rien de méchant. Et tout ça peut se traiter facilement avec du paracétamol et régresse spontanément dans les quelques heures qui suivent. »

À savoir : l’Agence nationale de la sécurité du médicament (Ansem) en métropole, a mobilisé les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) pour mener une enquête permettant de surveiller en temps réel le profil de sécurité des vaccins à partir des déclarations réalisées par les professionnels de santé ou par les personnes vaccinées. En avril dernier, un comité scientifique temporaire (CST) « Vaccins COVID-19 et thromboses rares atypiques » chargé d’analyser les événements thrombotiques rares et inhabituels observés chez des personnes vaccinées a été créé. Ce comité se réunit deux fois par mois.

Y a-t-il un traitement efficace ?

Le vaccin donc. Mais qu’en est-il des potentiels traitements ? « Aujourd’hui, aucun traitement médial type ivermectine, zinc, vitamine D, antibiotique, hydroxychloroquine, azithromycine et je ne sais lesquels, n’ont démontré d’intérêt pour modifier le cours de la maladie covid. C’est-à-dire que lorsque vous êtes infecté par le virus ou que vous devez faire malheureusement pour vous, une forme grave de la maladie, eh bien le fait de prendre ces traitements ne va pas changer le cours de votre maladie. En fait les essais thérapeutiques randomisés contre placebo montrent que ces traitements n’ont pas plus d’effet que de l’eau salée ou qu’un morceau de sucre pour changer le cours de la maladie. Donc il ne faut pas croire ceux qui avancent que ces traitements peuvent protéger contre le risque grave de la maladie. Seul le vaccin aujourd’hui peut le faire. (…) Lorsque des personnes avancent le fait que des traitements comme l’ivermectine leur ont été utiles, eh bien très probablement, sans ivermectine, leur maladie auraient évolué de la même façon. Et donc ils auraient eu une maladie peu grave avec ou sans ivermectine. »

« Ces traitements n’ont pas plus d’effet que de l’eau salée ou qu’un morceau de sucre pour changer le cours de la maladie.« 

Professeur Bruno Megarbane

En revanche, d’autres traitements sont à l’étude. L’institut Pasteur cherche actuellement à mesurer l’efficacité du clofoctol, un médicament indiqué dans la prévention de l’hospitalisation et dans la prise en charge précoce de patients atteint du Covid-19. 

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