Une lettre ouverte pour que la réhabilitation de Pouvanaa soit inscrite dans l’Histoire

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Publié le 22/01/2019 à 14:08 - Mise à jour le 22/01/2019 à 14:08

Le 25 octobre 2018 à Paris, la Cour de cassation a annulé la condamnation du Metua, Pouvanaa a Oopa. Une décision historique près de 60 ans après son procès controversé. 
Mais, comme l’a souligné Tahiti Pacifique dans un article, si la date est historique, il n’en est pour l’instant fait mention nul part. Les plaques au pied de la stèle de Pouvanaa a Oopa n’ont pas été modifiées. 

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Dans une lettre ouverte adressée à l’assemblée de la Polynésie, l’historien Jean-Marc Régnault dont les travaux ont contribué au processus de révision du procès, estime que pour « clore l’affaire Pouvana’a », il faudrait prendre deux mesures : 

– modifier la rédaction des plaques en hommage à Pouvanaa a Oopa

– modifier les programmes scolaires pour faire apparaitre l’innocence de Pouvanaa dans les enseignement d’histoire : « Depuis 1985, les programmes scolaires adaptés à la Polynésie ont progressivement prévu à tous les niveaux d’évoquer la carrière politique du Metua, comme chef du grand parti RDPT, comme député, puis comme sénateur et comme vice-président du conseil de gouvernement. Beaucoup de nos concitoyens ignorent – parfois hélas ! font semblant d’ignorer – que du cours élémentaire au baccalauréat les enfants de nos écoles entendent parler de cet éminent polynésien. Il reste maintenant à mettre en œuvre les informations (et les formations) nécessaires pour que dorénavant l’innocence de Pouvana’a a Oopa soit expliquée et enseignée aux élèves », estime Jean-Marc Régnault. 

>>> Lire aussi : Vidéo – Pouvanaa dans les manuels d’histoire, « c’est mon vœu le plus cher »

L’historien souligne par ailleurs que la décision de la Cour de cassation ne laisse aucune place au doute quant à innocenter le Metua, contrairement à ce que « certains Polynésiens » ont pu penser. « Soyez rassurés. La décision de la Cour se termine par une expression qui ne laisse aucun doute : « La Cour décharge la mémoire [de Pouvana’a] ». La phrase vaut innocence. » 

Rédaction web 

La lettre ouverte de Jean-Marc Régnault

Mesdames les représentantes,

Messieurs les représentants,

 Avant toute chose, je souhaite que l’année 2019 vous apporte de multiples satisfactions dans tous les domaines, et j’étends ces vœux à tous ceux que vous aimez.

L’année qui s’est récemment achevée aura apporté au Fenua une grande satisfaction.  Votre prédécesseur à l’assemblée, Pouvana’a a Oopa, a été réhabilité par la Cour de Cassation.

L’APF a joué un rôle essentiel pour obtenir cette décision. Certains d’entre vous se souviennent de cette séance du 9 juillet 2009, lorsque, sous l’impulsion de la regrettée Cathy Buillard, l’APF a adopté un vœu à l’unanimité demandant que toute la lumière soit faite sur l’arrestation et le jugement du député, vice-président du conseil de gouvernement. Le vote a pu sembler un vœu pieux, mais en février 2012, il reçut une première réponse de l’État quand le président Sarkozy annonça qu’il ouvrirait les archives sur l’affaire. Le président de l’APF, Monsieur Jacky Drollet permit que je puisse consulter les précieux documents. Suite à cette recherche à laquelle s’ajoutèrent les travaux de la magistrate Madame Vannier, le 15 février 2013, l’APF adopta à l’unanimité un vœu demandant cette fois à l’État d’engager les démarches pour une révision du procès. Après avoir fait étudier le dossier par ses services, Madame la Garde des Sceaux transmit celui-ci à la Cour de révision des procès criminels, le 20 juin 2014.

Vous connaissez la suite favorable qui intervint le 25 octobre dernier.

Le but du courrier que je vous adresse est de clore l’affaire Pouvana’a par deux mesures simples qui ressortissent de votre compétence.

La première m’est venue à l’esprit en lisant un article de Monsieur Luc Olivier – dans la revue Tahiti Pacifique – que je vous mets en pièces jointes. Le rédacteur en chef faisait remarquer qu’après la décision de la Cour de cassation, il faudrait modifier la rédaction des plaques en deux langues au pied de la stèle de Pouvana’a qui se dresse devant votre assemblée. Je ne doute pas que vous serez unanimes à désirer rectifier ces notices en l’honneur du Metua selon les procédures propres à l’APF.

La seconde vient naturellement du professeur d’histoire que je suis. Depuis 1985, les programmes scolaires adaptés à la Polynésie ont progressivement prévu à tous les niveaux d’évoquer la carrière politique du Metua, comme chef du grand parti RDPT, comme député, puis comme sénateur et comme vice-président du conseil de gouvernement. Beaucoup de nos concitoyens ignorent – parfois hélas ! font semblant d’ignorer – que du cours élémentaire au baccalauréat les enfants de nos écoles entendent parler de cet éminent polynésien. Il reste maintenant à mettre en œuvre les informations (et les formations) nécessaires pour que dorénavant l’innocence de Pouvana’a a Oopa soit expliquée et enseignée aux élèves.

Enfin, j’ajouterai une précision. La complexité du langage juridique a pu laisser penser à certains Polynésiens que la Cour de cassation avait bien annulé le procès de 1959 sans pour autant innocenter l’accusé. Soyez rassurés. La décision de la Cour se termine par une expression qui ne laisse aucun doute : « La Cour décharge la mémoire [de Pouvana’a] ». La phrase vaut innocence.  

Je vous remercie pour l’attention que vous voudrez bien porter à ce courrier et vous prie de croire en mon profond respect.

 

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