Une conférence pour « démystifier ce qu’est l’intelligence artificielle »

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TECH ZONE - Qu'est-ce que l'intelligence artificielle ? Quels peuvent être ses atouts, mais aussi, quels sont ses dangers ? Claude Jard fondateur et ancien directeur du Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes est en Polynésie et donnera une conférence sur le sujet ce jeudi. Pour lui, il est important d'informer afin que ces technologies restent au service de l'Homme.

Publié le 26/09/2023 à 18:13 - Mise à jour le 01/10/2023 à 11:46

TECH ZONE - Qu'est-ce que l'intelligence artificielle ? Quels peuvent être ses atouts, mais aussi, quels sont ses dangers ? Claude Jard fondateur et ancien directeur du Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes est en Polynésie et donnera une conférence sur le sujet ce jeudi. Pour lui, il est important d'informer afin que ces technologies restent au service de l'Homme.

Des intelligences artificielles capables de vous faire parler chinois, italien, anglais… de fabriquer des images à partir de simples mots clefs ou de rédiger une dissertation. Elles font de plus en plus parler d’elles, font parfois peur, mais intriguent surtout.

Claude Jard, fondateur et ancien directeur du Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes, leur consacrera une conférence ce jeudi à l’Université de la Polynésie. Invité par l’association Proscience Tahiti, il a à cœur de « démystifier ce qu’est l’intelligence artificielle puisque aujourd’hui, on entend beaucoup de choses sur le sujet. À tel point qu’on a l’impression que toute l’informatique, c’est de l’intelligence artificielle. On confond robotique, automatique, algorithmes, données etc. »

Le chercheur donnera une définition de ce que sont les intelligences artificielles aujourd’hui et reviendra sur leurs débuts. « Ce n’est pas quelque chose qui a été inventé il y a quelques semaines. C’est un long processus, mais il y a une rupture technologique, mais avec des applications extraordinaires qui sont devant nous, mais aussi un certain nombre de dangers et d’enjeux que je vais essayer de pointer. Mon idée, c’est d’aider à ce qu’il y ait une meilleure culture scientifique et technique sur les sujets du moment puisque notre société nous a rendu assez dépendants aux technologies. Il m’importe que ces technologies soient au service de l’Homme et non pas l’inverse »

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« Il m’importe que ces technologies soient au service de l’Homme et non pas l’inverse »

C’est un sujet d’inquiétude pour certains : les intelligences artificielles nous voleront-elles nos emplois demain ? Pour Claude Jard, si certains secteurs d’activité sont réellement en danger, il s’agira surtout de repenser les métiers d’aujourd’hui, car les IA peuvent être une véritable aide si l’on sait les utiliser. « C’est clair que cela va avoir un impact sur énormément de secteurs d’activité. Il y a des secteurs d’activité qui aujourd’hui font humainement un travail qui pourrait être confié à une intelligence artificielle, donc ceux-là ont des soucis à se faire. D’un autre côté, il y a une palette d’applications considérables dans plein de domaines de la société qui vont créer de nouveaux besoins, de nouveaux emplois, peut-être pas exactement les mêmes, et de toute façon, j’espère qu’on aura la sagesse, dans les systèmes qui contiennent une intelligence artificielle, de garder l’Homme dans la boucle parce que ces intelligences artificielles produisent aussi des choses fausses, des hallucinations, des biais cognitifs importants. Et il faut absolument qu’on s’en rende compte. »

« On entre dans un monde dans lequel il va être difficile de distinguer le vrai du faux »

Reconnaitre le vrai du faux, distinguer les créations de l’Homme de celles de la machine, un enjeu important de notre siècle. Car les nouvelles IA, qualifiées de génératives, produisent énormément de contenu. Du contenu parfois détourné à des fins malhonnêtes. « Il y a des réponses techniques, mais aussi certainement des réponses légales, c’est-à-dire qu’on travaille au niveau international aujourd’hui à mettre en place des lois qui obligent à dire si telle information ou telle image a été produite par une intelligence artificielle ou non pour être capable d’avoir un sens critique par rapport à ça. Mais il est clair qu’on entre dans un monde dans lequel il va être compliqué de distinguer le vrai du faux. Avant, lorsqu’on voyait quelqu’un parler, on avait l’impression que c’était quelque chose de vrai. Aujourd’hui, avec ces techniques-là, on peut faire parler n’importe qui et lui faire dire n’importe quoi. (…) Ces intelligences artificielles vont être capables de générer énormément d’informations fausses. Et d’ailleurs, il y a des États qui s’en emparent pour faire de la manipulation. Donc, on rentre dans un monde dans lequel il faudra être très vigilants par rapport à ça. »

Des outils se développent pour reconnaitre les contenus générés par les IA. Des IA contre les IA en quelque sorte. Mais même sans outils numériques, il est encore possible de se rendre compte du subterfuge. En juin dernier, des étudiants de l’Université de la Polynésie ont été pris à tricher via ChatGPT. Les professeurs ont repéré dans leurs textes des problèmes de style, de formulation. En poussant leurs investigations et en utilisant des logiciels anti-plagiat, ils ont trouvé de multiples correspondances avec d’autres productions. Et les cas se multiplient, amplement relayés dans la presse.

Les IA… et les réseaux sociaux

Cette semaine, Claude Jard s’intéressera aussi à l’essor des réseaux sociaux. Vendredi, une seconde conférence aura lieu à l’UPF. « Une chose qui a fait exploser complètement l’usage d’internet, ce sont les réseaux sociaux. Dans cette conférence, je donnerai quelques informations factuelles sur la dimension de ce qui se passe en terme de nombre de gens qui les utilisent. Les différences des réseaux sociaux, et les enjeux qu’il y a derrière ».

Car les réseaux sociaux n’ont pas que des avantages. « On est capables à l’échelle internationale de dialoguer avec des gens qu’on n’imaginait même pas et qui partagent les mêmes centres d’intérêt. C’est un outil formidable, mais il a une autre facette. Une facette de repli sur soi et de communautarisme. On se dit qu’on va finir par ne vouloir dialoguer qu’avec des gens qui nous ressemblent et ça, c’est certainement une perte de richesse pour l’humanité en général. Il y a également la question du contrôle des informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Là aussi il va falloir que ça passe par des règlements, des lois. »

PRATIQUE

Comprendre l’intelligence artificielle
Jeudi 28 septembre
17h30-19h
Amphi A 3 UPF

Internet et les réseaux sociaux
Vendredi 29 septembre
Amphi 2 UPF
17h30

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