Un tifaifai géant en hommage aux victimes du Sida en Polynésie

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Le Sida fait encore des victimes au fenua. L'association Agir contre le Sida lance un projet en mémoire des Polynésiens touchés et afin de sensibiliser la population.

Publié le 18/11/2020 à 17:23 - Mise à jour le 18/11/2020 à 17:27

Le Sida fait encore des victimes au fenua. L'association Agir contre le Sida lance un projet en mémoire des Polynésiens touchés et afin de sensibiliser la population.

L’association Agir contre le Sida reprend du service après une période d’inactivité. À sa tête : un nouveau président Karel Luciani, également président de l’association Cousins Cousines de Tahiti.

À l’occasion de la journée internationale de lutte contre le Sida, le 1er décembre, l’association souhaite se joindre à un mouvement national : le « Patchwork des noms pour les victimes du Sida ».

Ce projet a été lancé pour la première fois à San Francisco. Les patchworks sont cousus en mémoire des mort.e.s du Sida par des amis, des proches et des membres des familles. Depuis ces début, le projet a rassemblé près de 85 000 noms à travers le monde, et plusieurs tonnes de tissus. C’est « la plus grande pièce d’art communautaire jamais crée », souligne l’association. Ce « Tifaifai » géant est devenu l’un des symboles emblématiques de la lutte contre le Sida.

Le but du projet au fenua est de « rendre hommage aux victimes du sida en Polynésie », mais également « sensibiliser » le plus grand nombre.
Le projet local a été rebaptisé par « Tifai nō tē haamanao » en tahitien. « Le tifaifai est quelque chose qui résonne dans notre population locale, ça fait partie de la culture donc peut-être que par ce biais on va arriver à toucher plus de monde », espère Karel Luciani.

Karel Luciani. Crédit Tahiti Nui Télévision

La Polynésie, pas épargnée par le Sida

L’association alerte sur le fait que la Polynésie n’est pas épargnée par cette maladie. Le Sida a fait, à ce jour, 92 décès, dont, pour les dernières, une jeune femme de 32 ans en 2019
et deux décès en 2020 dont un jeune homme de 23 ans. « Le Sida malheureusement circule toujours en Polynésie. Je trouve très triste que des personnes soient encore victime de cette maladie (..) C’est un échec. C’est triste. Aujourd’hui on ne doit plus mourir du Sida ! (…) En Polynésie on a du mal à prendre un médicament pour rester en bonne santé. On prend un médicament pour se soigner mais prendre un cachet tous les jours pour se maintenir en bonne santé, non a du mal à conceptualiser (…) Il faut connaître aussi les façons de se protéger. On mène des campagnes auprès des jeunes », explique le président de l’association.

Des traitements « estrêmement efficaces »

Taote Lam

« Actuellement, la plupart de nos patients, quand ils sont entrés dans le système de prise en charge, sont suivis et on leur propose systématiquement de prendre un traitement. Ces traitements sont extrêmement efficaces pour empêcher le virus de se multiplier dans le corps et permettre aux défenses immunitaires de se restaurer, explique le docteur Lam Nguyen. Donc si les gens infectés prennent bien le traitement, c’est bien pour leur santé mais en plus ils ne représentent plus de risque de contamination pour leur partenaire sexuel même si ils ont des relations sexuelles non protégées. Ce sont des données assez récentes »

Le premier tifaifai de ce projet de patchworks « est un carré de signatures. Il y a 92 petites fleurs qui ont été cousues tout le tour du tifaifai pour rappeler les 92 victimes depuis 1985 à nos jours », nous dit Karel Luciani.

Comment se déroulera la réalisation des patchworks ou tifaifai ?

Des panneaux de 90 cm x 180 cm en tissu sont créés pour commémorer le décès d’une
personne atteinte de complications liées au sida. Les panneaux sont fabriqués par des
individus, seuls ou en atelier avec l’aide de l’association Agir contre le Sida. Les choix de
création sont laissés au créateur et les techniques telles que celle du tifaifai traditionnel
en tissu, la broderie, les applications, la peinture et le pochoir, le perlage et le
thermocollage sont courantes. Avec ce projet, des ateliers seront donc aménagés pour
accueillir et soutenir les proches et les aider, si nécessaire, à réaliser leur patchwork.

Ceux qui proposent des panneaux ne doivent pas nécessairement connaître la personne,
mais ils doivent ressentir une sorte de connexion avec celle-ci, explique l’association. Par exemple, certains ont choisi de commémorer la mémoire du chanteur de Queen, Freddie Mercury.

En métropole, ces patchworks des sont exposés chaque année lors de cérémonies, le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le sida, ou lors du festival de musique Solidays.

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