Un projet de loi du Pays pour renforcer l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes

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Le projet de loi du Pays présenté ce lundi en conseil des ministres, et relatif à l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes, a été soumis et approuvé par le Haut comité de l’éducation le 17 mai dernier.

Publié le 12/07/2021 à 16:07 - Mise à jour le 12/07/2021 à 16:07

Le projet de loi du Pays présenté ce lundi en conseil des ministres, et relatif à l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes, a été soumis et approuvé par le Haut comité de l’éducation le 17 mai dernier.

Au niveau national, la loi d’orientation du 8 juillet 2013, à travers les principaux changements et évolutions qu’elle comporte, donne une nouvelle impulsion à l’enseignement des langues et cultures régionales.

Sur le plan local, l’article du statut de la Polynésie française dispose que : « La langue tahitienne est un élément fondamental de l’identité culturelle : ciment de la cohésion sociale, moyen de communication quotidien, elle est reconnue et doit être préservée, de même que les autres langues polynésiennes, aux côtés de la langue de la République, afin de garantir la diversité culturelle qui fait la richesse de la Polynésie française ».

L’article de la loi du Pays du 13 juillet 2017 relative à la charte de l’éducation de la Polynésie française dispose que dans le cadre de la valorisation des langues en faveur du plurilinguisme : « L’Ecole met en place une stratégie adaptée à une éducation plurilingue. Les langues d’origine des élèves sont valorisées. […] Tout au long de leur scolarité, l’enseignement d’une langue polynésienne est proposé dans un cadre défini en conseil des ministres. »

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Trois expérimentations scientifiques relatives à l’enseignement des langues polynésiennes ont été mises en œuvre dans certaines écoles de Polynésie française :

  • « Enseignement des langues et de la culture polynésiennes à l’école primaire de la Polynésie française ». Menée de 2005 à 2008 et financée par le ministère de l’Éducation, cette expérimentation visait le renforcement de la place des langues (tahitien, marquisien, pa’umotu, ra’ivavae, tupua’i, mangarevien) et de la culture polynésienne à l’école. Ainsi, 5 heures d’enseignement des langues polynésiennes hebdomadaires (au lieu des 2 h 40 habituelles) ont été mises en place de la SM au CE1 dans 22 écoles du fenua. 1500 élèves ont été concernés.
  • « Ecole plurilingue en Outre-Mer » ou « ECOLPOM », réalisée simultanément en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie et en Guyane entre 2009 et 2012. L’attention a porté plus particulièrement sur :
    • l’apprentissage de la lecture/écriture dans deux langues simultanément ;
    • le renforcement de la maîtrise du français écrit et des mathématiques ;
    • l’exploration de la dimension conative (concept de soi en langues).

Les élèves de 13 écoles primaires de Tahiti et Moorea ont bénéficié de 5 heures hebdomadaires d’enseignement du tahitien.

  • Programme intitulé « enseignement renforcé du reo mā’ohi au cycle 3 comme moyen de prévention et de lutte contre l’illettrisme en Polynésie française ou ReoC3 », réalisée de 2011 à 2014. Les objectifs étaient :
  • de mesurer l’impact d’un dispositif pédagogique bilingue sur la réussite scolaire et le développement langagier des élèves au cycle 3 ;
  • d’apprécier l’impact sur les stratégies de transmission dans les familles et sur le dialogue entre l’institution scolaire et familles.

A l’instar des expérimentations précédentes, 5 heures hebdomadaires de tahitien ont été dispensées aux élèves de CE2, CM1 et CM2 issus de 7 écoles primaires de Tahiti et Moorea.

Les différentes évaluations ont permis de conclure que les élèves ayant bénéficié de ce dispositif étaient, au final, aussi performants en français que ceux des groupes contrôle et bien meilleurs que ces derniers en tahitien ; qu’il n’y a pas d’entrave à l’acquisition de la langue d’enseignement (le français) ; que l’enseignement du tahitien à la fois à l’oral et à l’écrit favorise l’émergence de transferts vers le français ; et une plus-value au niveau des dimensions conatives.

Fort de ces conclusions, le ministère de l’Éducation a souhaité renforcer ce dispositif en mettant en place un enseignement bilingue français-langue tahitienne à parité horaire.

Ainsi, en 2019-2020, l’enseignement bilingue a été instauré dans 2 écoles bilingues (Tiva et Maatea) et 1 CJA (Paea). Pour ce faire, dans l’attente de l’élaboration d’une loi du Pays, l’arrêté du Conseil des ministres du 22 août 2019 portant mise en place à titre expérimental, de sections bilingues français-tahitien à parité horaire au sein des écoles publiques primaires, et des CJA de la Polynésie française et portant création d’un comité de pilotage pour sa mise en œuvre a été pris.

Dans le cadre de l’extension de ce dispositif, en 2020-2021, ont été concernées : 6 écoles (Taiohae, Hakahau, Vaitahu, Opoa, Puohine, Avera-Moerai), un CJA (Papenoo), et 2 classes de 6ème bilingues au collège de Afareaitu (6h hebdomadaires).

En 2021-2022, 7 écoles (Rikitea, Hao, Amanu, Raivavae, Maeva, Maraa-Vaipuarii et Verotia) intégreront ce dispositif. L’enseignement bilingue en 6ème est reconduit et poursuivi en 5ème au collège de Afareaitu

La légitimité et la pérennisation de l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes et de l’enseignement bilingue français-langues polynésiennes dans les premier et second degrés relèvent nécessairement d’une loi du Pays.

Cette loi du Pays a vocation à s’appliquer dans les écoles publiques et privées sous contrat avec l’État, les centres de jeunes adolescents et les établissements publics et privés du second degré sous contrat avec l’État.

Les objectifs de ce projet de loi du Pays examiné en Conseil des ministres sont :

  • L’enseignement facultatif des langues et de la culture polynésiennes est proposé dans l’une des deux formes suivantes : 
    • Un enseignement des langues et de la culture polynésiennes ;
    • Un enseignement bilingue en langue française et en langues polynésiennes.
  • Les enseignants sont autorisés à recourir aux langues polynésiennes, dès lors qu’ils en tirent profit pour leur enseignement. Ils peuvent également s’appuyer sur des éléments de la culture polynésienne pour favoriser l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes scolaires.
  • Créer un « conseil pour l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes » qui vient se substituer au comité de pilotage existant.

Le projet de loi du Pays qui est présenté a été soumis et approuvé par le Haut comité de l’éducation le 17 mai 2021.

Les autres sujets au compte-rendu du conseil des ministres :

– Fondation : réduction du montant de la donation en numéraire
– Point sur l’indice des prix, l’index du BTP et les index hybrides
– Restrictions de la circulation maritime lors de la course Te Aito
– Subvention de fonctionnement en faveur de Tahiti Tourisme pour son plan d’actions de promotion, de communication, d’accueil, de sensibilisation, d’information et d’animation pour l’année 2021
– Modernisation des modalités de distribution du cahier des archives de la Polynésie française « Archipol »
– Subvention d’investissement en faveur du Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) pour l’acquisition de logiciels et matériels informatiques
– Projet de loi du Pays relatif à l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes
– Modification de la Charte de l’éducation
– Modification de la durée de cycle pour les élèves inscrits dans le cycle 1, 2 ou 3 des écoles publiques et des collèges de Polynésie française

Les autres sujets au compte-rendu du conseil des ministres :

Référentiel pour le prix des œufs
– Fondation : réduction du montant de la donation en numéraire
– Point sur l’indice des prix, l’index du BTP et les index hybrides
– Restrictions de la circulation maritime lors de la course Te Aito
– Subvention de fonctionnement en faveur de Tahiti Tourisme pour son plan d’actions de promotion, de communication, d’accueil, de sensibilisation, d’information et d’animation pour l’année 2021
– Modernisation des modalités de distribution du cahier des archives de la Polynésie française « Archipol »
– Subvention d’investissement en faveur du Centre hospitalier de la Polynésie française (CHPF) pour l’acquisition de logiciels et matériels informatiques
– Modification de la Charte de l’éducation
– Modification de la durée de cycle pour les élèves inscrits dans le cycle 1, 2 ou 3 des écoles publiques et des collèges de Polynésie française

– Modification de la loi de Pays sur la procédure d’agrément des accueillants familiaux

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