Un premier semestre noir sur les routes du fenua

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Vingt personnes ont perdu la vie sur les routes du fenua depuis le début de cette année. Un premier semestre noir particulièrement au mois de juin. Comment lutter contre les comportements à risque ? Quelles pistes en matière de prévention ? C’est le dossier de la rédaction.

Publié le 04/07/2019 à 10:06 - Mise à jour le 06/01/2020 à 15:14

Vingt personnes ont perdu la vie sur les routes du fenua depuis le début de cette année. Un premier semestre noir particulièrement au mois de juin. Comment lutter contre les comportements à risque ? Quelles pistes en matière de prévention ? C’est le dossier de la rédaction.

Moins d’accidents et de blessés que l’an dernier, mais des chocs plus violents : c’est ce qu’observent les forces de l’ordre chargées de la sécurité routière. Les chiffres sont éloquents : 20 victimes ont été recensées au cours des 6 derniers mois, dont 6 rien qu’en juin : c’est bien plus que ces dernières années.

« On a une baisse de plus de 20% en terme d’accidents corporels, et une baisse de 25% en terme de blessés. Maintenant, en terme de tués, l’année n’est pas bonne. Si on regarde sur 10 ans, en 2008 on était à 36 tués et en 2018 à 34 tués. Ce qui veut dire que là, au niveau des tués, on a du mal à inverser la tendance » explique Sylvain Vigneux, officier adjoint en charge de la sécurité routière.

Le principal responsable de ces accidents est toujours le même : « l’alcool, c’est le premier fléau sur les routes de Polynésie. Lorsqu’on regarde sur nos 6 accidents mortels du mois de juin, on en a 4 où on a une présence d’alcool » poursuit Sylvain Vigneux.

C’est à Taiarapu-Est qu’a eu lieu le dernier accident mortel suite à la course folle d’un poids lourd, vendredi 28 juin. La commune propose des gardes-fous, mais son champ d’action est limité. « Nous ne sommes pas restés insensible à tout ce qui se passe, avec tous les accidents qu’il y a sur notre secteur. Mais je pense qu’en dehors des mesures qui doivent être prises ou peuvent être prises au-dessus, que ce soit au niveau de l’Etat ou du Pays, les communes par des actions ponctuelles peuvent aider, surtout en matière de sensibilisation. On peut réveiller certaines consciences pour éviter ce genre d’accident. En ce qui nous concerne, nous avons quelques leviers. Dans un premier temps, nous devons reprendre tout l’éclairage public des voiries principales. Nous avons modifié et adapté le régime de travail de la police municipale en fonction des statistiques d’intervention. Il y a un peu plus de présence. Je crois que c’est ça le plus important » déclare Anthony Jamet, maire de Taiarapu-Est.

Taiarapu-Ouest n’est pas concernée par les accidents mortels de 2019, ce qui n’empêche pas la commune de chercher à améliorer la sécurité de ses routes. Une étude a été lancée pour déterminer l’opportunité d’installer des ralentisseurs. « La commune souhaite mettre en place des mesures préventives telles que la mise en place des ralentisseurs sur toute les RT4, qui part de Toahutu à Teahupoo. Nous avons recensé plusieurs zones que je considérerais comme à risque, des zones fréquentées : devant les lotissements, les écoles et les établissements religieux, où seront vraiment implantées ces ralentisseurs » explique Raimana Terai, chargé de projet à la mairie de Taiarapu-Ouest.

« Nos enfants ont assez payé pour nos erreurs »

Hiva Hauata, habitant de la commune de Papara

À Papara, les aménagements routiers récents sont déjà dégradés. « Nos enfants ont assez payé pour nos erreurs. Donc le temps de l’immobilisme est révolu. Il est temps d’agir. On voit qu’à 4 heures du matin, les gens doublent, ils font la course… L’incivisme a duré trop longtemps. Il faut le vaincre » nous dit Hiva Hauata, habitant de la commune.

Mais les autorités doivent-elles assurer seules cette lutte contre l’incivisme, ou appartient-il à chaque citoyen que nous sommes d’agir ? « Il faut se dire que l’accident n’arrive pas qu’aux autres et il faut prendre des mesures pour éviter ce type d’accident. Cela commence par les parents qui doivent être vigilants auprès de leurs enfants. Lorsqu’ils arrivent à l’âge d’avoir un cyclomoteur, il faut vérifier qu’ils ne trafiquent pas l’engin pour aller plus vite parce qu’on ne fait qu’accroître les accidents et malheureusement, les résultats sont là aujourd’hui » avertit l’officier adjoint en charge de la sécurité routière.

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