Un couvre-feu pour les mineurs pour bientôt

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Publié le 21/02/2017 à 16:57 - Mise à jour le 21/02/2017 à 16:57

La mairie de Papeete l’avait instaurée en 2013 dans son centre ville et le gouvernement envisage sérieusement d’étendre la mesure à l’ensemble de la Polynésie. Le couvre-feu visant les mineurs non-accompagnés, le soir, pourrait être une réalité dans quelques mois. De même que la pénalisation de l’absentéisme scolaire c’est-à-dire sanctionner par des amendes, voire même de la prison dans les cas extrêmes, les parents qui n’amènent pas leurs enfants à l’école.

Deux mesures parmi les 130 que comporte le plan d’orientation stratégique pour la mise en œuvre d’une politique publique de la famille, adopté en octobre dernier par les élus de l’assemblée.

L’un des buts : faire décroitre la délinquance des mineurs qui s’est traduite, ces derniers mois, par des drames comme la mort du jeune Maui à Moorea au mois de décembre après une bagarre avec un adolescent du même âge.

« Il y a trop de mineurs dans les rues le soir » martèle Edouard Fritch, « c’est les courses de vespa, de motos,  des rixes qui font que l’on en arrive à avoir des décès. Nous ne pouvons plus tolérer ce genre de phénomènes. »

L’instauration de ce couvre-feu est une mesure phare mais qui fait partie d’un plan d’actions global de 130 préconisations destinées à reconstruire, dans les années à venir, le lien social.

Armelle Merceron, membre du comité de pilotage du plan d’orientation stratégique explique. « C’est une façon de démarrer une action que l’on espère voir se prolonger dans le temps, dans la mise en œuvre des 130 actions que nous avons proposées. Nous voulons par ce moyen sensibiliser tout le monde et notamment les parents à la nécessité de garder un œil, la nuit sur ces enfants. »

Mais pour autant, les statistiques ne montrent pas une réelle augmentation des faits impliquant les moins de 18 ans. Ce que confirme le procureur général Badie. « Si on regarde les chiffres de ces dernières années, on s’aperçoit qu’en réalité, il n’y a pas de hausse de la délinquance des mineurs ».  Argumentant, « nous sommes en 2016,  à 1325 affaires de mise en cause de mineurs dans des affaires pénal, et c’est un chiffre qui est sensiblement équivalent à ces dernières années, et inférieur à ce que c’était il y a quatre ou cinq ans. »

Pour le procureur, c’est davantage un climat d’insécurité qui s’est instauré ces dernières années. Un sentiment aux causes multiples. « Il est lié à plusieurs choses. La gravité de certains faits qui traumatisent l’opinion. Au fait qu’à Papeete, il y ait plusieurs dizaines de mineurs qui circulent parmi les SDF et qui sont à la fois auteurs potentiels de délinquance et surtout victimes. »

Dans les rues de Papeete, les adultes que nous avons rencontrés applaudissent des deux mains. « C’est très bien, parce qu’il y a tellement de voyous dans les rues de Papeete le soir, on a peur de sortir. » indique une sexagénaire. « C’est une bonne mesure du gouvernement, il était temps. » déclare cet homme.

Chez les principaux concernés, l’avis est plus mitigé.  « On pourra plus rien faire le soir, on va s’ennuyer. ». « Je trouve cela désolant, parce que je ne suis pas quelqu’un qui fout la m…e le soir. A cause de quelques uns, on pénalise tout le monde ».

La mise en place de ces mesures devrait passer par l’adoption d’une délibération de l’assemblée bien que  le texte n’est pas encore finalisé. Le président Fritch souhaite en effet y associer toutes les parties concernées. « La mise en exécution sera faite par les communes, après un travail en commun avec le palais de justice, avec le procureur général, pour que ensemble, nous définissions les termes de la mise en œuvre de cette mesure. »

Le gouvernement  veut que ce couvre-feu devienne effectif le plus tôt possible. Ce sera fait, selon le président, avant la fin de l’année.
 

Rédaction Web avec  Jean-Baptiste Calvas et Sam Teinaore. 

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