Un casino à Tahiti : Une opportunité risquée

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Publié le 06/05/2016 à 15:48 - Mise à jour le 06/05/2016 à 15:48

Sur les réseaux sociaux, la question a vivement fait réagir.  Plus de 220 internautes ont donné leur avis sur la page facebook de Tahiti Nui Télévision. Si certains estiment qu’un casino boosterait l’économie du Pays, d’autres redoutent que les amateurs de jeux y perdent la tête et dilapident leurs économies.

Même réponse dans les rues de la capitale. « Il y a certaines famille qui sont pauvres et qui, à force d’aller au casino, vont être encore plus pauvres » indique un jeune homme.  Pour cette commerçante en revanche, les Casino pourraient être une seconde source de revenus pour les familles. « C’est une autre façon de gagner de l’argent. Il suffit d’aller jouer et quand tu as de la chance et bien tu gagnes. » déclare t’elle.

Et puis il y a ceux qui mettent en lumière les paradoxes de cette interdiction. « Le loto c’est aussi une forme de casino » fait remarquer un homme « Alors je ne comprends pas pourquoi le loto ils acceptent et le Casino ils n’acceptent pas. A partir du moment où on  créé des emplois localement je ne vois pas de mal« . Une passante  ajoute  « Le fermer aux locaux si les touristes l’utilisent, c’est délicat« .
Il est vrai que l’idée a germé d’interdire aux Polynésiens l’accès au Casino, pour les protéger des risques liés aux jeux. Un procédé que le père Christophe considère comme  » infantilisant« . « Quel regard porte-on sur le Polynésien, est-ce qu’on le considère comme une personne à part entière ou bien comme une personne enfant ? » S’interroge l’homme d’église.

Le rapport détaillé réalisé par les membres du Conseil Economique Social et Culturel (CESC) en 2013 sur l’implantation des casinos en Polynésie, stipulait déjà que l’Eglise Catholique n’était pas opposée aux jeux d’argent dans la mesure ou « cela ne met pas en difficulté la survie d’une famille ».

Pourtant, force est de constater que la population polynésienne aime les jeux d’argent, parfois plus que de raison. Chaque année la Polynésienne des jeux enregistre plus de 5 milliards de Francs de mises. Quand aux kikiri, les jeux clandestins, ils fleurissent plus vite que les hibiscus sur le territoire. Toujours selon le rapport du CESC , plus de 1000 personnes seraient dépendantes aux jeux d’argent en Polynésie, soit 0.4% de la population.

Si certains Polynésiens sont farouchement opposés à l’ouverture de ces établissement, c’est d’ailleurs parce que le jeu a déjà ruiné de nombreuses familles sur le fenua. A l’époque où les établissements de jeu existaient légalement à Tahiti, il n’était pas rare de voir certains joueurs dilapider l’argent familial en une soirée. Un habitant de Raiatea a perdu jusqu’à 48 millions de Francs en une seule journée.

Toutefois, selon Michel Cerdini, l’un des rapporteur du projet du CESC  « 82% des foyers sont connectés à internet via leurs téléphones mobile, (…) ça veut dire qu’aujourd’hui, quiconque peut jouer à des jeux d’argent de façon complètement dérégulée sur internet. »

Dans son rapport, le CESC avait estimé que l’ouverture d’un casino serait bénéfique pour la Polynésie, dans la mesure où elle permettrait d’augmenter les recettes du Pays. Le rapport envisageait également une série de mesures de prévention pour lutter contre l’addiction aux jeux.

L’ouverture d’un casino ne pourra se faire qu’à la suite d’un arrêté pris en Conseil des ministres. Le sujet sera peut être à nouveau étudié à l’occasion de la venue de l’homme d’affaire Frédéric Grey sur le territoire le mois prochain.
 

Rédaction web (Interview Sam Teinaore)

 

Les précisions de Sam Teinaore

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