Trop c’est trop. Des créateurs de bijoux veulent stopper les artisans qui copient leur travail. Rameny Buchin de Hererany Pearl Shell a découvert sur les réseaux sociaux la vente d’une dizaine de modèles bien trop inspirés de ses collections. Déjà en 2015, elle tirait la sonnette d’alarme. Un artisan avait copié des modèles pour les vendre moins cher. Et 7 ans plus tard, ça recommence. Avec son mari Heremoana, également créateur à ses côtés, elle se dit usée de devoir mener sa propre enquête et engager des frais de justice pour se défendre : « C’est du temps et de l’argent qu’on n’a pas forcément aujourd’hui, surtout avec la crise ».
Perle Renvoyé, gérante de Tevei Perle, dénonce elle aussi le copiage de certaines de ses créations depuis plusieurs années, bien que plusieurs de ses modèles ont été déposés à l’Institut national de la propriété intellectuelle (INPI). « Quand je vois nos créations copiées, d’abord, je contacte les personnes et je leur demande de régler cela à l’amiable, et quand ils ne sont pas réceptifs, notre avocat leur envoie un courrier ». En procédure depuis plus de 4 ans avec une marque concurrente, son chiffre d’affaires a baissé de 80% depuis 2018. En cause, les copies de ses créations, mais aussi la crise Covid : « Les petits artisans peuvent casser les prix car ils n’ont pas de charges, de locaux, de salariés… Heureusement, certaines personnes préfèrent acheter l’original ». Pour limiter la casse, elle doit régulièrement faire des promotions, proposer des alternatives et d’autres gammes, plus accessibles.
Mais tous les artisans, comme le couple Buchin, n’ont pas les moyens financiers de déposer chacun de leur modèle de bijoux auprès de l’INPI. En effet, chaque modèle déposé représente un coût important et nécessite de lourdes démarches administratives, comme le déplore Richard Barri, co-fondateur de Kaya Créations, qui « préfère se concentrer sur le positif ». « De voir nos créations copiées, c’est très décourageant, moralement, c’est dur, il faut essayer de trouver autre chose, de toujours avoir une longueur d’avance, et ne pas se démoraliser. Cela fait partie du jeu ici, je m’y étais préparé avant de me lancer. La devise de la marque, c’est d’avoir une avance sur eux (ceux qui copient, NDLR). De toute façon, quand on copie, on le fait forcément moins bien ». « Je leur souhaite de s’épanouir dans leur travail et de trouver de la créativité dans tout ce qu’ils font, car il y a de place pour tout le monde » relative-t-il.
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Heremoana et Rameny Buchin indiquent avoir rencontré le service de l’artisanat. Ils demandent des sanctions et une loi pour protéger le travail des artisans : « Je pars du principe qu’à partir du moment où ça porte à confusion dans l’esprit de l’acheteur, c’est une copie » indique Rameny. Les créateurs espèrent que des sanctions seront mises en place contre les personnes qui reproduisent des modèles existants mais aussi contre les revendeurs, à l’instar d’une amende ou du retrait de leur patente.