Site icon TNTV Tahiti Nui Télévision

Traumatisé par l’école, son fils devient hikikomori

Crédit Tahiti Nui Télévision

Au Japon, on les appelle les Hikikomori. Ces jeunes ou moins jeunes qui choisissent de se cloîtrer dans leurs chambres, durant des mois, voire des années, pour ne plus avoir à affronter une société dans laquelle ils ne trouvent pas leur place.

Un qualificatif qui colle parfaitement à Terupe,  selon son père Patrick Lautier : « Pendant un an et demi, il ne descendait que pour manger, et il remontait dans sa chambre. Il s’est enfermé (…) Il a vu des psychologues. On lui a diagnostiqué une phobie scolaire, un retrait social. Après je me suis beaucoup renseigné, j’ai compris qu’il avait tous les symptômes de l’hikikomori (…) Quand je lui ai dit que vous veniez, il a pris son vélo et hop il est parti. »

Pour Terupe, la cassure s’est produite en 5e. Déjà complexé par une malformation du palais qui gêne sa diction, il n’a pas supporté de devoir faire un exposé devant sa classe. « Quand il a commencé à faire sa récitation, il a entendu les autres qui rigolaient. Et ça, ça l’a complètement tétanisé. il s’est senti super humilié dans cette situation-là et là, la prof, malheureusement, n’a pas super bien réagi puisque elle lui a dit ‘tu n’as pas appris ta récitation, tu es collé’. Et là tout le monde a rigolé encore plus. Ce jour-là il est rentré à la maison et il m’a dit qu’il ne retournerait plus à l’école. La seule personne qui était adulte et qui aurait dû le protéger, vers laquelle il s’est retourné quand les autres se sont moqués, a mal réagi. Donc ça a été comme un coup de poignard dans le dos pour lui. »

– PUBLICITE –

Aujourd’hui Terupe a 16 ans. Il est enfin parvenu à se faire quelques amis dans son quartier. Mais son blocage fait qu’il est encore déscolarisé. Et il lui est toujours impossible de discuter avec des adultes.  Difficile dans ces conditions de s’imaginer un avenir. « Quand on parle du futur il fuit parce qu’il n’arrive pas à se projeter. D’un côté il a conscience qu’il faut qu’il fasse quelque chose pour avoir un jour un revenu et pouvoir travailler. Mais il n’y arrive pas. (…) Si je ne suis plus là, il fait quoi ? Il n’a pas de diplôme, il est incapable de parler à un adulte, comment il va faire pour trouver du travail ? »

Si Patrick a décidé de prendre la parole c’est avec l’accord de son fils. « Parce qu’il a envie qu’on reconnaisse ce qui lui ai arrivé. Avec la direction de son collège par exemple, j’ai demandé à ce qu’ils le rencontrent, juste pour lui dire ‘ce qui t’es arrivé n’aurait pas dû t’arriver’, juste qu’on lui dise ‘pardon’. Et en fait la direction du collège n’a jamais voulu reconnaître qu’il y avait eu une action qui avait pu créer tout ça »

Patrick Lautier est lui-même professeur de physique sein de cet établissement. Ce qui complique encore davantage les choses. D’autant que face au silence qui lui est opposé, il dit aujourd’hui réfléchir à une action en justice. Le combat d’un père pour l’honneur de son fils.

L’interview complète de Patrick Lautier

Quitter la version mobile