Tests sur les enfants pour la reprise scolaire ? « Pourquoi pas » répond Edouard Fritch

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Le haut-commissaire de la République en Polynésie française, Dominique Sorain, a annoncé lundi les nouvelles mesures de l'allègement du confinement à Tahiti, Moorea-Maiao et dans les autres îles, à compter du 29 avril. Les précisions avec Edouard Fritch, président du Pays :

Publié le 28/04/2020 à 10:25 - Mise à jour le 28/04/2020 à 10:32

Le haut-commissaire de la République en Polynésie française, Dominique Sorain, a annoncé lundi les nouvelles mesures de l'allègement du confinement à Tahiti, Moorea-Maiao et dans les autres îles, à compter du 29 avril. Les précisions avec Edouard Fritch, président du Pays :

TNTV : Une partie de la population a hâte de reprendre le travail, une autre partie s’inquiète pour sa santé. Comment réussir la sortie du confinement, si tout le monde n’est pas totalement convaincu ?
Edouard Fritch, président de la Polynésie française : « Je voudrais rectifier d’abord. Il ne s’agit pas d’une sortie de confinement, il faut faire très attention. Il s’agit là d’un allègement des mesures prises dans le cadre du confinement. (…) C’est important de dire que nous restons en confinement, parce que vous avez vu que dans les mesures qui sont annoncées, nous recommandons -nous obligeons entre guillemets-, la population à respecter les gestes barrières, à respecter la distanciation sociale. Ce que nous proposons par contre, c’est une certaine liberté d’aller et venir, pour résumer. Et bien-sûr, derrière, c’est aussi une reprise de l’activité car il faut que ce pays vive, et il faut que nous reprenions l’activité économique dans ce pays. C’est la raison pour laquelle les mesures qui sont prises vont dans ce sens. »

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Le calendrier peut parfois surprendre : les crèches et les garderies rouvrent le 29 avril, la plupart des professions le même jour, mais pour les établissements scolaires, ça sera le 18 mai, et encore, pas pour tous les élèves. Comment explique-t-on ces différences de dates ?
« Il y a effectivement un vrai problème qui se pose à nous puisque je le dis et ça a été dit, pour ma part je souhaitais que les écoles soient ouvertes dès le 4 mai. Nous avons vu avec les maires en réunion vendredi dernier afin que nous puissions accueillir certains de nos enfants qui sont en vrai difficulté scolaire mais aussi en difficultés sociales, et qui manquent aujourd’hui de conditions minimales pour assurer la continuité pédagogique qui est demandée aux enfants et aux parents aujourd’hui. Donc voilà, c’était la possibilité d’offrir un lieu ad hoc pour ceux-là. Et d’autre part, il faut aussi le dire, je pense à ces enfants des quartiers fragiles de nos communes, qui prennent leur seul repas à la cantine scolaire. Donc c’était l’occasion effectivement, et les maires ont été pratiquement d’accord, d’ouvrir les bâtiments, de faire venir, naturellement, les enfants à l’école, avec le soutien du corps enseignant.
Mais le vrai problème en fin de compte, qui s’est opposé aujourd’hui à cette remise en route, c’est le transport. Parce qu’effectivement, comme je le disais, nous restons en confinement, nous devons continuer à appliquer les règles, et là, nous transportons environ 8 000 enfants par le biais de la route, des transports en commun… et c’est très très compliqué. »

Les syndicats d’enseignants et les représentants des parents d’élèves auraient préféré repoussé encore le retour en classe. Ils sont prêts à exercer leur droit de retrait disent-ils, s’ils considèrent que leur santé et celle des élèves sont menacées. Ils demandent des tests et des masques pour tous, avant le 18 mai. Que leur répondez-vous ?
« Les tests sur les enfants, je ne crois pas que ce soit réellement possible. Mais si à la demande des enseignants, il faut leur faire faire des tests pour que les enfants n’aient pas ce retard pédagogique, pour que ces enfants ne soient pas encore exposés à des échecs scolaires, pourquoi pas ! Pourquoi pas !
Mais nous avons donné les moyens aux communes. J’ai fait distribuer les masques partout, dans toutes les communes de Polynésie française. Du savon pour laver les mains, je sais que les communes en ont, nous en avons. Il y a un vrai coût à la réouverture de ces écoles, mais que cela n’empêche pas au système éducatif de prendre en charge certains de ces enfants qui vont être en réelle difficulté. Je pense à ces enfants qui vont intégrer la Sixième à la prochaine rentrée et qui auront raté pratiquement 4-5 mois de scolarité. Comment seront-ils dans leur année scolaire à venir ? »

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Vous avez déjà évalué le préjudice pour le Pays au plan financier, et en terme d’emplois également, lundi matin. Comment comptez-vous faire redresser la tête au Pays ? Est-ce que ça serait plutôt par un emprunt, par des demandes d’aide à l’État, ou d’autres solutions encore ?
« Des demandes d’aides à l’État, je crois que ce n’est pas envisageable, aujourd’hui en tous les cas, puisque vous le savez, l’État a aussi ses problèmes. Bien-sûr que nous en avons [aussi], nous avons formulé une demande d’avance à l’État à hauteur d’une trentaine de milliards de Francs pacifique. Mais je crois qu’il faut aujourd’hui voire beaucoup plus loin, et effectivement, penser vraisemblablement à un emprunt massif pour faire face à cette baisse du PIB. »

Ce serait de l’ordre de quel montant ?
« Vous savez, on estime aujourd’hui à environ 130-140 milliards de Fcfp de manque à gagner. Les recettes du pays pour 2019, sur le budget qui a été voté, seront en baisse. Nous estimons, d’après les chiffres que nous avons aujourd’hui, à entre 15 et 20 milliards de Fcfp de manque à gagner au niveau des recettes. C’est-à-dire que nous devons déjà pour 2019 revoir notre budget, et je ne vous dit pas l’exercice pour 2020… »

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