Tepuanui Snow : « On regrette qu’il y ait une absence de partenariat sur les mesures qui sont prises »

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Tepuanui Snow, le président de la Fédération des associations de parents d'élèves de l'enseignement public (Fapeep), était notre invité en plateau lundi soir. S'il salue le fait que l'université ait choisi de poursuivre ses cours à distance, il regrette que rien n'ait été mis en place dans ce sens dans les établissements primaires et secondaires.

Publié le 03/11/2020 à 11:25 - Mise à jour le 03/11/2020 à 11:26

Tepuanui Snow, le président de la Fédération des associations de parents d'élèves de l'enseignement public (Fapeep), était notre invité en plateau lundi soir. S'il salue le fait que l'université ait choisi de poursuivre ses cours à distance, il regrette que rien n'ait été mis en place dans ce sens dans les établissements primaires et secondaires.

L’université a pris ses dispositions pour assurer ses cours à distance. Ce sont des mesures qui devraient s’appliquer dans les établissements primaires et secondaires selon vous ?
« Je tiens à féliciter l’université de mettre en place de telles dispositions. Le collectif de parents/enseignants, constitué de représentants de parents d’élèves du privé et du public, mais également des représentants des enseignants, avons adressé un courrier à la ministre, dans lequel nous demandions à ce qu’il y ait de véritables mesures qui soient prises et organisées dans le cadre de classes en demi-groupe. Des mesures telles que prises aujourd’hui par l’université. Notre courrier, qui était fondé sur 12 propositions, est resté sans suite. »

Pensez-vous que ces mesures peuvent s’appliquer aux élèves de primaire et secondaire ?
« Il faut qu’on soit cohérent. Quand à l’université on vient de mettre en place de telles mesures, quand on vient mettre en place des mesures de confinement ou de couvre-feu, que l’on demande aux adultes de mettre en place la distanciation… Il faut également appliquer ces mesures aux enfants, même si elles peuvent être difficiles. Aujourd’hui il y a des solutions qui sont préconisées, ce n’est pas comme si elles n’existent pas. C’est pas comme si l’organisation des classes en demi-groupe n’a pas été mise en place. Nous l’avons fait dans le cadre du premier confinement et pourquoi ne pas le refaire aujourd’hui ? Parce qu’il s’agit aujourd’hui de briser la chaîne de transmission. »

Des classes en demi-groupe, ça supposerait plus de travail…
« Il y a une organisation pédagogique de toute manière qui doit être mise en place, qui va à la fois allier le travail en distanciel mais également le travail en présentiel. Il y a également le numérique. On est un peu déçu parce que, évidemment, nous demandons à ce qu’il y ait un suivi pédagogique qui soit mis en place et piloté par la DGEE et non pas par les équipes pédagogiques dans chacune des classes qui vont être fermées ou pas. Nous n’avons pas eu de réponse non plus et c’est dommage.
Il y a une réunion de prévu demain (mardi, NDLR) et nous espérons avoir une réponse. Le nouveau vade-mecum, référentiel des pratiques, devrait nous être présenté. On espère qu’il ne sera pas aussi incohérent que le premier vade-mecum qui nous a été présenté dans le cadre de la rentrée scolaire. »

Mais des classes par groupe, cela suppose trois groupes au moins par classe… Comment vous voyez le fonctionnement ?
« On a eu l’exemple pendant le premier confinement, où il y avait un premier groupe le lundi, un groupe le mardi, un troisième groupe le mercredi selon la taille des classes. Il y avait une organisation qui s’était faite et qui semblait fonctionner. »

Mais cela impacterait directement le programme également
« Ça va impacter le programme, mais de toute manière nous avons bien compris que nous n’allons plus faire la classe de la même manière. Aujourd’hui ce sont nos enfants qui sont impactés et ça va être ceux qui passent les épreuves qui, à la fin de l’année, ne seront pas en mesure de le faire correctement. »

Le tout numérique pour suivre les cours, quid des enfants qui n’ont pas accès à l’outil informatique ?
« Il y a une réflexion qui devait être mise avec la distribution des livrets scolaires en partenariat avec les communes, là aussi nous n’avons pas eu de réponse malheureusement. Il y avait la possibilité pour le Pays de mettre en place un dispositif particulier de prise en charge de l’Internet pour les familles les plus défavorisées, c’est une réflexion qui aurait pu être prolongée. Nous avons de la même manière proposé à ce qu’il y ait une plateforme numérique qui soit mise en place. On nous a dit qu’elle va arriver en décembre-janvier. C’était il y a un mois, voire deux mois qu’elle aurait dû être mise en place. »

Et le suivi par la DGEE ? Aujourd’hui nous avons pris connaissance de certaines familles qui n’ont pas encore envoyé leur enfants à l’école et qui font l’école à la maison, suivie par la DGEE. Ça aussi, ça peut être une solution…
« Oui mais c’est triste de sortir l’enfant du milieu scolaire alors que l’école est le lieu où des relations sociales se tissent, la camaraderie… Toutes ces valeurs qui sont aujourd’hui dans l’école risquent de disparaître parce que effectivement il y a de plus en plus de familles qui, par peur du virus, parce que malheureusement les choses ne sont pas transparentes, eh bien n’emmènent plus leurs enfants à l’école. La question par exemple des internats, elle est pendante. Nous avions adressé en août un courrier au ministère, l’interrogeant concernant les mesures prises dans le cadre de la prise en charge des élèves en internat. Vous avez bien vu que le 25 octobre, on s’est retrouvé avec 70 enfants qui avaient le covid, avec des mesures où les parents ont été mis devant le fait accompli. »

Comment voyez-vous l’évolution de la scolarité en Polynésie avec une crise sanitaire qui devient de plus en plus incontrôlable ?
« On regrette qu’il y ait une absence de partenariat sur les mesures qui sont prises. On peut comprendre que les décisions doivent être prises assez rapidement, mais ce n’est pas comme si à la fois les enseignants et les parents d’élèves n’ont pas été une force de proposition. Malheureusement nous n’avons pas été entendus et c’est ce que l’on peut déplorer. »

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