Taxes sur les boissons sucrées : producteurs et distributeurs veulent faire plier le gouvernement

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Publié le 23/11/2016 à 13:31 - Mise à jour le 23/11/2016 à 13:31

« La lutte contre les maladies telles que l’obésité, le diabète, l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires, l’arthrose, les cancers liés aux modes de vie, est un enjeu sanitaire et économique majeur pour la Polynésie française ». C’est dans ce contexte, précisé dans le communique officiel du conseil des ministres du 16 novembre, que le gouvernement annonçait ce jour-là que le « renforcement du levier fiscal est nécessaire pour servir la promotion de la santé ».
 
Le gouvernement projette « d’élargir le champ d’application des taxes des produits et boissons sucrés et de réviser à la hausse certains taux et tarifs de la taxe de consommation de prévention (TCP) perçue à l’importation, ainsi que la taxe sur la production de boissons alcoolisées et de certains produits sucrés perçue en régime intérieur ». Ces augmentations de taxes, estime le gouvernement, devraient entraîner une hausse du prix à la vente des boissons les plus sucrées d’au moins 25%.
 
Une perspective qui a fait bondir les importateurs, distributeurs et producteurs locaux de ces boissons. A la Brasserie de Tahiti (qui importe notamment Coca Cola) on confirme qu’on est en profond désaccord avec ce projet. Chez Rotui, à Moorea, même son de cloche. Les deux sociétés se sont d’ailleurs entendues pour préparer un argumentaire et des contre-propositions à présenter au Pays.

Selon nos informations, les dirigeants des deux sociétés avaient rendez-vous ce jeudi matin avec les collaborateurs de Nuihau Laurey (ministre du budget) pour entamer leur lobbying. La Brasserie du Pacifique (distributrice notamment du Tahitian Cola) suit aussi l’affaire de près.
 
Un bras de fer est, donc, en train de s’engager. Dans la plupart des cabinets ministériels, on espère que le Président ne cédera pas. « C’est très compliqué, les discussions sont âpres », soupire un proche du dossier. Mais si l’on en croit un proche de la présidence : Edouard Fritch compte bien mener jusqu’au bout ce qui est, avant tout, une mesure de santé publique.

Le ministère de Patrick Howell devrait d’ailleurs être appelé à la rescousse pour bien démontrer l’évidence : l’impact de ces boissons sur, notamment, l’obésité, dont la Polynésie est aujourd’hui championne du monde. « Le fond du problème est sanitaire, pas fiscal, martèle un conseiller, c’est à Howell de trouver les bons arguments. »
 
Surtout, les défenseurs du dossier regrettent que les distributeurs et producteurs locaux soient aussi frileux pour prendre le virage marketing des produits lights, qui a pourtant été pris un peu partout dans le monde. « Car ils vont nous expliquer le risque économique d’une telle mesure, mais ils sont aussi capables de nous fournir des études qui disent que les sodas sucrés sont bons pour la santé », ironise-t-on dans les ministères.
 
Un autre texte fait peur aux mêmes sociétés : l’augmentation de 40 % de la taxe sur la publicité de ces produits. Là aussi, le lobbying fait rage en ce moment. Sauf que, à la différence des autres taxes, celle-ci est plus qu’un projet : elle a déjà été validée en commission à l’assemblée. Elle fait partie des cinq lois fiscales qui doivent être présentées en séance plénière le jeudi 1er décembre pour être votées.
 

Bertrand Parent 

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