Tautira contre Tautira : les « pro » et les « anti » défusion en viennent aux mains lors d’une réunion publique

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Publié le 11/10/2018 à 9:53 - Mise à jour le 11/10/2018 à 9:53

L’enquête publique sur la défusion de la commune associée de Tautira a débuté le 1er octobre. Parmi les 2449 habitants que compte la commune : les avis sont très partagés sur l’opportunité d’une telle procédure. 
Mercredi soir, l’enquêteur public organisait, à Taravao, une réunion publique avec les élus et la population. Même chose jeudi soir à la mairie de Tautira, où près de 140 personnes se sont déplacées sous le préau qui jouxte le bâtiment. Des participants très impliqués, pour la plupart, dans la vie politique de la Presqu’île… 

Parmi les arguments développés par les opposants au processus qui permettrait à Tautira de devenir une commune de plein exercice, la question des ressources financières revient souvent : «  Quelle est la situation financière de Tautira ? On n’a rien chez nous ! » , lance une première intervenante. Elle poursuit : « Nous n’avons pas de pompiers ! C’est Taiarapu qui paie ça ! Avons-nous les moyens de payer, nous ? »
« La défusion, c’est un divorce!!! Moi je ne veux pas divorcer! »
s’exclame une participante. 
 

Les « pro » défusion, eux, se considèrent comme laissés pour compte. Disposant d’une minorité d’élus à Taiarapu Est, ils expliquent qu’ils se voient presque systématiquement adresser une fin de non recevoir à leurs demandes :  » A chaque fois que nous venons faire des demandes auprès de notre maire délégué, parfois on a des avis favorables, et ça devient défavorable quand on s’approche de Taravao, parce-qu’on n’a pas la décision finale ici. Elle revient à Taravao. C’est pour cela que je suis pour la défusion. », raconte un participant. Un autre enchaîne : « Je suis pour. Ca fait longtemps que je vis ici. On dirait que Tautira est délaissée. On ne peut rien avoir. Pourquoi Puka Puka a un dispensaire et tout, et nous, on est 10 fois plus, en on n’a rien? » 

Mais en toile de fond de ces désaccords : les rancoeurs des dernières élections municipales, et la campagne des communales 2020 déjà bien lancée à Taiarapu Est. La majorité des protagonistes était d’ailleurs présente, jeudi soir, à Tautira. 

Juliette Nuupure, représentante Tapura à Tarahoi, et maire déléguée déchue de Tautira, est le fer de lance des « pro » défusion.
Parmi les figures « anti » : la représentante Tapura et ancienne tavana de Taiarapu Est, Beatrix Lucas, et l’actuel maire, Anthony Jamet. Tous les deux seront probablement candidats à l’investiture rouge aux prochaines municipales. 

Rapidement, les discussions dérivent sur des questions plus politiques. Jean-Pierre Voisin, le commissaire enquêteur, rappelle plusieurs fois à l’ordre le public « Nous ne sommes pas en campagne électorale! Je vous demande de rester sur la défusion ». 
 » 
Pourquoi ceux qui ont eu la mairie pendant des années ont attendu de l’avoir perdue pour demander la défusion ? », interpelle un proche de Beatrix Lucas. Mais c’est l’allocution en tahitien d’un « anti » qui met le feu aux poudres. Voltaire Nuupure se lève pour faire taire l’intervenant. Plusieurs personnes en viennent aux mains. La tentative de retour au calme ne permettra pas de poursuivre la réunion… qui est suspendue aux alentours de 19h30. 

« Il y avait un peu de tension entre les gens », raconte Jean-pierre Voisin. « Ce qui est dommage, c’est qu’une personne serait venue insulter quelqu’un en tahitien. Je n’ai pas pu l’arrêter car ma traductrice était occupée. C’est la première fois que ça se termine de cette façon.  Je suis neutre, j’ai simplement écouté chacun. Je n’ai jamais eu de problème avec les gens. Ils m’appellent tous jean-Pierre… « 

Néanmoins, chacun des deux bords pressentait d’éventuelles échauffourées. Plusieurs policiers municipaux étaient présents à l’extérieur. Des gendarmes étaient également prêts à intervenir un peu plus loin en cas de débordements… 

Il faut dire que depuis plusieurs jours, les différentes forces en présence n’hésitent pas à faire un lobbying intensif. 

L’enquête publique, elle se poursuivra jusqu’au 29 octobre. Un cahier est mis à disposition pour recueillir les doléances des résidents. 

Jean-Pierre Voisin rendra quant à lui ses conclusions le 26 novembre. 

 

Laure Philiber et Mata Ihorai

Vidéo – Dérapages lors de la réunion publique sur la défusion à Tautira

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