Erroline Giboulot, Tamatea Denarie : de Poly3D à leur emploi rêvé

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Il est artiste FX. Elle est Associate Release Manager. Tamatea Denarie et Erroline Giboulot sont tous les deux passés par la seule école des arts numériques de Polynésie, Poly 3D. Un véritable "tremplin" selon eux, qui leur a permis de continuer leurs études hors du territoire et de décrocher des emplois dans de grandes sociétés, mais surtout dans un domaine qui les faisait rêver.

Publié le 16/05/2023 à 17:21 - Mise à jour le 16/05/2023 à 17:45

Il est artiste FX. Elle est Associate Release Manager. Tamatea Denarie et Erroline Giboulot sont tous les deux passés par la seule école des arts numériques de Polynésie, Poly 3D. Un véritable "tremplin" selon eux, qui leur a permis de continuer leurs études hors du territoire et de décrocher des emplois dans de grandes sociétés, mais surtout dans un domaine qui les faisait rêver.

Tamatea et Erroline sont tous les deux passés sur les bancs de Poly3D. L’école polynésienne des arts numériques a ouvert ses portes en 2015, et depuis plusieurs de ses étudiants ont épousé des carrières prometteuses à l’international, et dans des domaines variés.

Tamatea Denarie travaille aujourd’hui dans l’univers des effets spéciaux. Après Poly3D, il s’est rendu en métropole pour suivre un Master. « Je me suis spécialisé dans la partie effets spéciaux FX dont tout ce qui est explosions, fumée, destruction que tu vois dans les films, raconte-t-il. Ensuite, il y a eu la pandémie, donc ça a été compliqué de trouver un job, mais j’ai trouvé un travail à Montréal à MPC qui est une des très grosses boites dans le monde des effets spéciaux. C’est une multinationale qui a des bureaux à Londres, à Bangalore, en Inde, en Australie, en Amérique. Le premier projet sur lequel j’ai bossé, c’est House of the dragons, la nouvelle série sur Game of Thrones. Après, j’ai travaillé sur Antman Quantumania en renfort des équipes principales. Et là actuellement, je suis sur Le Roi Lion. »

« Il y a énormément de technique, de la programmation. Mais on fait à la fois des choses visuelles, belles, qui rentrent dans un film à la fin. »

Tamatea Denarie, artiste FX

Un CV qui fait rêver les passionnés. Au départ, Tamatea ne se destinait pas à ce métier, même s’il a toujours baigné dans l’art. « Mon père est directeur artistique donc j’ai toujours eu ce côté artiste dans mon enfance. Mais moi, je m’orientais plus vers la robotique, l’ingénierie. J’ai orienté mes études pour de l’ingénierie robotique. Malheureusement, je n’avais pas les notes suffisantes en math pour aller en ingénierie malgré le fait qu’en sciences de l’ingénieur, j’étais vraiment bon. C’est pour ça que j’ai bifurqué sur ma deuxième passion qui était les jeux vidéo à ce moment-là. Poly 3D venait d’ouvrir pour sa deuxième année donc c’était super. J’ai pu rester en local. C’était très cool. (…) Je me suis orienté plus vers la programmation. (…) Au moment où il a fallu que je me spécialise pour terminer mes études avec un master, je me suis demandé si j’avais envie de faire des lignes de code toute ma vie. Et j’ai trouvé l’entre-deux qui me plaisait dans les effets spéciaux. Il y a énormément de technique dedans, de la programmation. Mais on fait à la fois des choses visuelles, belles, qui rentrent dans un film à la fin. »

Dès la première année d’existence de Poly3D, Erroline Giboulot, passionnée de jeux vidéo depuis sa tendre enfance, a rejoint l’école. « Au lycée, j’ai fait un bac STSS. Je voulais travailler dans la santé et le social. Et une copine de classe qui savait que j’aimais les jeux vidéo m’a apporté un matin le journal qui disait qu’une école de jeu vidéo allait s’ouvrir à Tahiti donc elle a pensé à moi (…) Je me suis inscrite. J’ai été prise. »

Aujourd’hui, après un master en management du jeu vidéo la Polynésienne est « Associate release manager pour un publisher français. On vend des jeux à l’international donc je suis en contact avec Nintendo, PlayStation, XBox, Steam aussi pour tous les jeux PC pour sortir les jeux en temps et en heure et dans de bonnes conditions. On s’occupe de tests conditionnels. Il y a des tests de fonctionnalité du jeu, ça, c’est la partie Gameplay, visuel, etc. Et il y a des tests un peu techniques qui nécessitent d’être faits avant que le jeu sorte parce que Sony par exemple ne va pas autoriser un jeu qui crashe tout le long à sortir sur leur plateforme. »

« Je voulais repartager tout ce que j’ai pu vivre quand j’étais petite aux futurs joueurs, (…) faire rêver les prochains joueurs.

Erroline Giboulot, Associate Release manager

Les femmes sont de plus en plus nombreuses dans l’univers du jeu vidéo. Selon Erroline, elles seraient même majoritaires dans son équipe, au sein de son entreprise actuelle. Quitter le fenua a permis à la jeune femme de réaliser un rêve : « Je travaille dans un domaine qui m’a toujours émerveillée, surprise. Je voulais repartager tout ce que j’ai pu vivre quand j’étais petite aux futurs joueurs avec la sortie de nos prochains jeux et faire rêver les prochains joueurs. Leur faire vivre plein d’émotions. »

Pour Tamatea, Poly 3D, est véritablement « un énorme tremplin pour le jeu vidéo, pour les effets spéciaux. Pour les films, les séries. Pour travailler dans la publicité, les sites web, etc. (…) On apprend à se débrouiller pour délivrer un projet. C’est extrêmement important après dans le monde professionnel. Là, dans mon métier, il y a des moments où je ne peux pas demander d’aide. L’expérience de Poly 3D me permet de me débrouiller pas mal dans mon domaine ».

Mais de l’avis des deux Polynésiens, il reste des choses à faire au fenua pour permettre à d’autres jeunes de faire carrière dans le vaste univers des arts numériques. « Je pense qu’en Polynésie, on manque d’écoles post bac orientées informatique. On a des écoles où on fait de la programmation de sites internet. On a Poly 3D, mais il y a plein de domaines en informatique où on pourrait avoir des écoles, des formations et des choses en Polynésie », estime Tamatea.

Pour Erroline, c’est une affaire de sensibilisation : « il faudrait améliorer les accès internet pour avoir plus de possibilités et sensibiliser le gouvernement. (…) Je pense que ce qu’il manque, c’est une sensibilisation générale. »

« on me disait que je ne pourrais pas travailler dans le jeu vidéo. Plusieurs profs m’ont dit ça.« 

Erroline Giboulot, Associate Release manager

Erroline et Tamatea incitent néanmoins les Polynésiens passionnés à aller au bout de leurs projets. « Je sais qu’en Polynésie parfois, on peut se dire que certaines choses sont impossibles parce qu’il y a beaucoup de choses qui ne sont pas encore développées, déclare Erroline. Mais je pense que lorsqu’on a la volonté et qu’on met en place toutes les actions à faire, je pense que le travail paiera. Il faut croire en ses rêves. Quand j’étais au lycée, on me disait que je ne pourrais pas travailler dans le jeu vidéo. Plusieurs profs m’ont dit ça. » Et pourtant…

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