Dès mardi matin, la ministre des Outre-mer se déclarait favorable à la « différenciation » des territoires : « La différenciation, c’est le mot clé pour le nouveau contrat entre l’Etat et les collectivités. C’est ce qu’a souhaité le président de la République pour l’ensemble des collectivités françaises. Ici, on a un statut particulier, on a un gouvernement. Et c’est en tenant compte du statut de cette collectivité, qu’il faut que l’Etat puisse donner un nouveau cadre pour permettre aux communes, avec le Pays, d’établir un contrat de compétences, qui peut être expérimental et sur la durée. Je crois que c’est important de revoir ce cadre. Aujourd’hui, c’est une hypocrisie. Les EPCI (Etablissements publics communaux ou intercommunaux) ont des compétences dont ils ne peuvent pas disposer car elles sont aussi celles du territoire. On a à revoir ce partenariat et l’Etat a le devoir de le permettre ».
« Je pense qu’on est arrivés à une fin de cycle au niveau politique », explique Félix Barsinas, président de la communauté de communes. « Nous sommes tous des élus matures pour prendre des décisions responsables pour notre archipel. Nous sommes conscients qu’aujourd’hui, les vallées se dépeuplent, les écoles se ferment… Je pense qu’en développant des projets avec la communauté de communes, ça nous permettra de faire revenir les jeunes, et donc de maintenir les écoles… »
La nécessité de faire évoluer le statut de cet archipel semble aujourd’hui faire consensus, ou presque. Reste à trouver la bonne formule. « Je suis d’accord pour un statut particulier pour les Marquises et les autres archipels, dès lors que la Polynésie reste Une », explique Gaston Flosse. Même requête du président du Pays : cette évolution ne doit pas déboucher sur une scission : « Le vrai problème qui se pose derrière, c’est qu’ils ont l’impression qu’on ne tient pas compte de ce qu’ils ont en tête, de leur vision, ils ont l’impression que nous travaillons seuls dans notre coin. Le discours est ouvert pour ma part, mais ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que je ne veux pas que la Polynésie se divise ».
La sénatrice Lana Tetuanui travaille sur le projet d’évolution statutaire de la Polynésie. Elle fait partie de la commission des lois du Sénat. Ancienne élue communale, elle soutient la démarche des maires. Cependant, elle recommande une certaine prudence, tant sur l’usage des termes que sur les prétentions de la CODIM : « les maires ont pris conscience que même très loin de Papeete, ils avaient besoin de créer des activités. Or, aujourd’hui, toutes les compétences appartiennent aujourd’hui au Pays. Je parle en connaissance de cause parce-que j’ai connu la création de la communauté de communes Hava’i. On retrouve les mêmes problématiques : il s’agit, aujourd’hui, de compétences. Pour le parlementaire que je suis – j’ai été élue par les grands électeurs, à savoir les tavana des communes – moi, je serais partante pour qu’il n’y ait pas de transfert, il faut être vigilant sur les mots. J’opterais plutôt pour un partage de compétences. Pour que les maires aient le choix. Il faut faire attention à ne pas vouloir s’accaparer de toutes les compétences, parce-qu’on n’est même pas encore capables de remplir les compétences imposées par le CGCT. Il s’agit pour le parlementaire que je suis, d’opter plutôt pour un partage ».
Ce partage de compétences répond-il aux voeux des hakaiki Marquisiens? Aucun n’a encore répondu à cette question. Ils se laissent le temps d’étudier toutes les propositions ensemble. Les six maires rencontreront Annick Girardin à Paris, en juin, pour faire le point. Ce nouveau statut « à la carte » pourrait voir le jour d’ici 8 mois à 1 an selon la ministre des Outre-mer.