61 personnes atteintes de la Covid-19 sont actuellement prises en charge au centre hospitalier du Taaone. Parmi elles : dix sont en réanimation.
Comment le personnel hospitalier fait-il face à cette multiplication des cas ? Interview croisée de deux femmes syndicalistes : l’une dans l’administration. La seconde est infirmière.
« Le personnel est complètement épuisé et angoissé, entre autres parce-qu’il n’y a pas de communication », explique Madeleine Teahua Taputu, présidente adjointe de Te hao api, syndicat affilié à Otahi. « Avec le nombre d’hospitalisations en ce moment : il y a une surcharge de travail. On manquait déjà d’effectifs avant l’épisode de Covid, alors aujourd’hui, c’est encore pire! »
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« Un quatrième service accueille aujourd’hui les malades Covidés. »
Madeleine Teahua Taputu
« Depuis une semaine, on a constaté qu’il y avait de plus en plus de malades : on appréhendait cela », indique Mireille Duval, déléguée syndicale CSTP/ FO au CHPF. « Et on a le sentiment d’être mal informés ; le sentiment de ne pas avoir les moyens de protections adéquats pour la prise en charge des patients orientés dans les services d’hospitalisation. On aimerait davantage de moyens notamment financiers, et un véritable accompagnement par le Pays et l’Etat ».
La représentante du personnel ajoute : « Depuis des années, nous pointons du doigt la nécessité de revaloriser la dotation globale de fonctionnement de l’établissement. Nous espérons que le Pays va arrêter de faire de la politique, et va plutôt mettre en place une vraie politique de santé. »
Des pourparlers qui pourraient déboucher sur des actions
« Il y a un manque de communication. On ne nous dit pas tout », déplore Madeleine Taputu. Malgré nos courriels à la direction réclamant des réunions. L’excuse : c’est la Covid. L’institution bloque, et nous ne comptons pas nous en tenir là (…) nous sommes en train de dialoguer entre syndicats, et nous envisageons des actions inter-syndicales ».
Mireille Duval confirme : « Des actions pertinentes, il y a lieu d’en faire aujourd’hui. La grève est un droit constitutionnel. Même si on est critiqués par certains : les syndicats ont toute leur place ».
Jacques Raynal se dit à l’écoute
« Sur le fait que les personnels hospitaliers soient un peu épuisés : tout le monde l’est », observait le ministre de la Santé en marge de la séance à l’Assemblée, jeudi.

« Mais on est bien obligés de continuer (…) À l’hôpital, il y a un certain nombre de personnes qui ont besoin de prendre du recul, et on essaie de faire en sorte qu’elles le fassent. Les urgences et la réanimation accueillent les cas les plus graves et sont sollicitées. Ces services tournent 24/24h et nécessitent beaucoup de personnel. Ils peuvent avoir besoin de recul et de repos. Ailleurs, je n’ai pas besoin qu’il y ait de besoins particuliers ».
« On fait en sorte qu’il y ait le personnel suffisant pour fonctionner, quitte à embaucher s’il le faut », conclut le ministre.