Enquête sociologique : La responsabilité des rumeurs dans l’hésitation vaccinale en Polynésie

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Plus de 50% des Polynésiens ont reçu au moins une dose de vaccin. Mais ils sont encore nombreux à hésiter. Puces électroniques, effets indésirables, qualité du vaccin... : selon une étude menée en juillet par la direction de la santé, les rumeurs jouent un rôle dans l'opposition au vaccin dans la moitié des cas.

Publié le 15/09/2021 à 10:53 - Mise à jour le 15/09/2021 à 17:14

Plus de 50% des Polynésiens ont reçu au moins une dose de vaccin. Mais ils sont encore nombreux à hésiter. Puces électroniques, effets indésirables, qualité du vaccin... : selon une étude menée en juillet par la direction de la santé, les rumeurs jouent un rôle dans l'opposition au vaccin dans la moitié des cas.

Si plus de 98% des Polynésiens sont vaccinés à la naissance, la campagne vaccinale s’est pourtant heurtée au Fenua comme en France à une défiance contre le vaccin anti-covid. Une hésitation jusqu’ici mal comprise. D’où l’étude menée à Tahiti et Moorea dans les communes de Faa’a, Pirae et Papetoai par des équipes de guides sanitaires de la direction de la Santé.

Et les résultats sont édifiants. Sur 329 questionnaires complétés, seules 63 personnes prévoyaient de se faire vacciner : soit 19% d’intention vaccinale. A la question « pourquoi tu n’es pas vacciné ? », la majorité (135) déclarent tout simplement ne pas faire confiance aux nouveaux vaccins, 90 s’interrogent encore sur le contenu des doses, 68 estiment qu’elles sont en bonne santé et 63 personnes craignent des effets secondaires.

Preuve de l’efficacité de la désinformation sur les réseaux sociaux, près de la moitié des récalcitrants citent des rumeurs : puces électroniques, rumeurs sur les effets indésirables, sur la qualité du vaccin (composition, inefficacité…).

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Pour lutter contre la propagation des rumeurs, l’enquête propose d’ailleurs de renforcer la présence en ligne, d’uniformiser l’information et de lutter contre l’incohérence des informations données.

Les mesures incitatives peu populaires

Quant à savoir comment convaincre l’opinion publique de l’intérêt de la vaccination contre la covid-19, l’enquête met en exergue les piètres résultats des « mesures incitatives ».

En effet, les personnes sondées dans le cadre de cette étude sont très largement défavorables à une quelconque incitation à la vaccination. Qu’elle soit « financière ou festive ». La majorité des personnes entre 15 et 29 ans interrogées sont défavorables mais 2/3 des personnes favorables sont tout de même des jeunes, souligne l’étude. L’incitation est d’autant moins efficace qu’elle émane des institutions, contre lesquelles une méfiance s’est installée.

Perte de confiance envers les autorités

C’est d’ailleurs l’un des constats les plus criants. Celui d’une perte de confiance de la population dans les représentants politiques locaux ou nationaux, avec en toile de fond un déficit de confiance dans les institutions pour gérer la crise sanitaire. Pour autant l’étude ne relève pas « de dépendance significative entre le déficit de confiance dans les autorités et l’intention vaccinale ».

Lire aussi : Le vaccin, vu par le quartier Hotuarea

L’étude propose néanmoins de mettre en avant des personnalités locales pour communiquer positivement sur la vaccination plutôt que de compter en majorité sur les messages diffusés par les autorités.

Autres constats : l’expérience de la Covid au sein de la famille favorise la prise de conscience de la nécessité de se faire vacciner. Et par un effet d’entraînement, la vaccination de personnes au sein d’un foyer semble favoriser l’intention vaccinale. Si les autorités sont très peu populaires, la famille incarne l’institution qui recueille le plus de confiance. Les parents et conjoints ont ainsi souvent un rôle d’influenceurs important.

Aller au plus près des familles

Puisque la famille constitue un espace de confiance, l’étude propose d’encourager la vaccination familiale, et d’axer les campagnes de communication sur la cellule familiale.

L’étude recommande également une vaccination directement dans les quartiers, au plus près des foyers, ainsi que le déploiement des lieux de vaccination mobiles à la rencontre de la population, ou un dispositif de sensibilisation individuel directement au sein des foyers.
Cette sensibilisation pourra passer par les médecins de famille, propose l’étude. Une communication spécifique à leur attention pourra être mise en place afin de favoriser la diffusion d’un message positif sur la vaccination.

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