Robert Danielsson : premier magistrat polynésien à Papeete

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Publié le 11/10/2016 à 16:26 - Mise à jour le 11/10/2016 à 16:26

« Mon père voulait que je puisse apporter quelque chose à mon pays » , explique Robert Matuanui Danielsson. Son nom vous dit sans doute quelque chose puisqu’il est le fils adoptif des sociologues Marie-Thérèse et Bengt Danielsson. 

Originaire de Takume-Raroia, ce paumotu affilié à une famille de juristes, débute le droit en 1985 « complètement par accident! A l’occasion d’un événement familial, j’avais acheté un Code civil, et j’ai trouvé ça tellement passionnant, que je me suis inscrit en droit à l’antenne universitaire de Pirae! Dès la première année, c’est la magistrature qui m’intéressait », raconte le parquetier .
 

Après une maîtrise à Tahiti, puis un  DEA de droit pénal et sciences criminelles à Poitiers, Robert Matuanui Danielsson entame une thèse avec Jean Pradel, et revient en 2001/2002 en tant qu’ ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche). C’est à ce moment là qu’il présente le concours pour devenir magistrat. Il entre en fonction en 2003 : « Ce qui me motivait était tout d’abord d’être un bon juriste, et de participer à l’aventure judiciaire. Lorsqu’on fait des études de droit, on lit beaucoup de jurisprudences, on comprend le travail des juges, leur raisonnement … J’avais envie de vivre d’autres expériences, de pratiquer en métropole… je m’étais fixé 10 ans pour bien connaître mon travail, et ensuite, pourquoi pas revenir en Polynésie! »

 

Robert Matuanui Danielsson n’est pas le premier magistrat polynésien mais le second. Avant lui, Ernest Salmon (1888 – 1961) a exercé les fonctions de juge en métropole après la 1ère guerre mondiale. Mais le nouveau vice-procureur est le premier nommé à Tahiti.

Avant cela, il a passé trois années à la Chancellerie : « Ici, je vais principalement être en charge de l’exécution des peines. Une fois que le tribunal a condamné une personne à une peine, il y a tout un processus qui s’enclenche pour la mise en application et l’exécution des peines. C’est un travail qui se fait en lien avec le juge d’application des peines, en lien avec l’administration pénitentiaire et le SPIP  (le service de probation et d’insertion professionnelle). Plus de peines aménagées, ça peut-être un objectif en soi. Cela permet de préparer les personnes à la réinsertion et ainsi d’éviter la récidive » indique le magistrat. 

Il espère pouvoir inciter les étudiants en droit à s’intéresser à la magistrature : « Je pense qu’en tant qu’ancien enseignant, ça pourrait être intéressant de rencontrer les étudiants pour les motiver, les inciter à embrasser cette voie. C’est une démarche qui est longue, qui demande des sacrifices. Il faut partir loin de sa famille, de son fenua, être prêt à s’engager sans avoir de garanties. »
 

Revenir au fenua? « C’était un rêve! Après, c’est devenu une ambition professionnelle … et que ce soit maintenant le cas, ça me surprend encore », s’exclame Robert Matuanui Danielsson. « La Polynésie est convoitée. C’est un poste prestigieux, la Polynésie a ses attraits … « 
La suite? Je ne m’interdis rien. Nous avons la chance, dans la magistrature, de pouvoir exercer plusieurs métiers. Tous les deux ans, on peut changer de métier, passer du Parquet au Siège, changer de lieu géographique… je suis content d’être là, j’ai un service qui m’intéresse énormément… on verra dans quelques années »! 

Laure Philiber et Sam Teinaore
 

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