Retour de Matani Kainuku : « finissons correctement nos formations pour que nos enfants aient droit aussi à la compétence » lance la ministre

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Après le refus d'affectation de Matani Kainuku en Polynésie, un comité de soutien s'est monté. Si le ministère de l'Education a d'abord réagi par communiqué, la ministre s'est également exprimée au micro de nos journalistes.

Publié le 23/08/2022 à 17:02 - Mise à jour le 24/08/2022 à 8:35

Après le refus d'affectation de Matani Kainuku en Polynésie, un comité de soutien s'est monté. Si le ministère de l'Education a d'abord réagi par communiqué, la ministre s'est également exprimée au micro de nos journalistes.

Son voeu de retour en Polynésie n’a pas été accepté. Un comité s’est monté en soutien à Matani Kainuku. Dans un communiqué, le ministère de l’Education a réagi, expliquant que l’inspecteur était « tout à fait informé » des conditions de départ, soit deux ans d’affectation dont une année d’expérience.

« Comme tout étudiant il y est allé. Il y est allé parce qu’il savait qu’il pouvait revenir en connaissance de postes qui seraient vacants. (…) Pourquoi, alors que nous avons des postes vacants pour des inspecteurs, ce sont des inspecteurs qui ne sont pas du pays qui ont été affectés alors que nous avons un inspecteur de l’éducation nationale polynésien qui de plus a une excellente maitrise de la langue polynésienne et du patrimoine polynésien ? (…) Est-ce à dire qu’en Polynésie nous n’avons pas ce qu’il faut pour pouvoir former ou se retrouver à un niveau satisfaisant voire mieux en tant qu’inspecteur ? Nous en doutons et jugeons que c’est possible ici, que c’est sa demande et que le droit le lui permet », lance Melba Kaua, la secretaire générale adjointe du syndicat Stip.

Lire aussi : Sa mutation refusée, l’inspecteur polynésien Matani Kainuku dépose un recours

« Depuis le mois de février, monsieur Kainuku a fait plusieurs demandes auprès de l’administration pour être affecté sur un poste en Polynésie française, dans une des circonscriptions où il existait un poste d’inspecteur de l’éducation nationale vacant. Il n’a pas obtenu de réponse. Ce qui fait qu’au mois de juillet dernier, nous avons saisi le ministre de l’Education pour lui demander qui était nommé sur les deux postes vacants et nous avons obtenu une réponse, non pas du ministre mais du vice-rectorat, nous indiquant que c’était une décision qui relevait de la compétence du ministre local de l’éducation dont nous attendons les explications pour savoir pourquoi monsieur Kainuku qui est fonctionnaire titulaire du corps de l’inspection de l’éducation nationale n’est pas nommé en Polynésie française. C’est un Polynésien qui a tous les diplômes requis. Nous n’avons pas encore eu de réponse, nous avons néanmoins saisi le tribunal administratif d’une demande qui tend à l’annulation des fonctionnaires nommés sur le poste qu’ils sollicitaient et nous justifierons de l’arrêté d’affectation quand il nous aura été transmis par le ministère », résume l’avocat de Matani Kainuku, Me Robin Quinquis.

« Le communiqué de presse du ministère de l’Education m’intéresse beaucoup puisqu’il explique que l’administration fait application d’une règle selon laquelle il existerait un délai d’un an d’expérience supplémentaire à accomplir en métropole à la suite de la titularisation. Je veux bien, sauf qu’à ma connaissance, ce délais n’existe dans aucun texte et au contraire, la loi prévoit dorénavant depuis 2017, que les fonctionnaires polynésiens rentrent en Polynésie comme les Guyanais rentrent en Guyane et donc nous sommes dans l’attente d’une explication juridique sur les raisons pour lesquelles il est fait obstacle au retour de monsieur Kainuku. »

« Il maitrise parfaitement la langue polynésienne mais est-ce que je dois m’arrêter à cette compétence ? »

Christelle Lehartel, ministre de l’Education

Interrogée, la ministre explique que « la Polynésie est en droit de demander une année de plus d’expérience en métropole pour parfaire sa formation et revenir avec des compétences extraordinaires pour les élèves polynésiens (…) Il est vrai que nous avons de la chance ici en Polynésie, avec le statut de la Polynésie, de pouvoir faire nous même le recrutement de ces cadres en Polynésie française. j’ai estimé, comme ceux qui m’ont accompagnée pour le suivi de ce dossier, à mon sens, qu’il était bon pour cet inspecteur de faire encore une année de plus de manière à ce qu’il puisse revenir tranquillement en août 2023. il connaissait les règles, il savait que lorsqu’il partait en métropole, c’était au moins pour deux ans, comme tous les autres inspecteurs l’ont fait (…) Bien sûr que Matani est connu dans le monde de la culture. Il maîtrise parfaitement la langue polynésienne mais est-ce que je dois m’arrêter qu’à cette compétence là ? Il faut aussi avoir d’autres compétences pour être inspecteur du 1er degré. c’est quelqu’un qui doit gérer une circonscription avec une centaine d’élèves, avec une équipe du 1er degré : des directeurs d’écoles, des élèves, une longue étendue géographique. Si je veux avoir quelque chose de forte compétence pour mes élèves polynésiens, je demande à ce qu’il fasse une année de plus. »

La ministre souligne par ailleurs : « Il va revenir en août 2023. C’était prévu qu’il revienne. Il le sait. »

Cette affaire pose la question de l’océanisation des cadres, prévue par le Pays. Mais pour la ministre, il n’y a pas lieu de polémiquer : « Dans l’éducation ici en Polynésie française, à mon sens il ne doit pas y avoir de polémique. Parce que nous avons quand même montré que pour la Polynésie, les priorités, ce sont vraiment nos enfants polynésiens. je me bats chaque année pour que nos polynésiens reviennent. Quand je me déplace en métropole, c’est d’abord mes Polynésiens qui doivent revenir et je pense que depuis quelques temps on a quand même fait acte de confiance envers nos polynésiens pour revenir en Polynésie. je le répète et je le répèterai tous les jours : mes Polynésiens ont la priorité mais finissons correctement nos formations pour que nos enfants aient droit aussi à la compétence. Et je ne vais non plus faire venir quelqu’un qui a des soucis de compétence en Polynésie. Mes élèves polynésiens ont droit à la compétence. Nos enfants polynésiens ont droit aux postes en Polynésie française. »

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