Réforme de la PSG II : où en est-elle?

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Publié le 03/01/2017 à 16:32 - Mise à jour le 03/01/2017 à 16:32

Elle a 22 ans : la protection sociale généralisée a permis aux Polynésiens l’accès à une couverture maladie universelle, et aux prestations familiales et sociales. L’absence d’évaluations et de réformes régulières ont fragilisé le système. Les dépenses globales de santé sont en augmentation : 3,10% par an selon les projections.  A ce jour, 3 régimes de protection sociale cohabitent : Le régime général des salariés, le régime non salarié et le régime de solidarité. Ce système mobilise des moyens financiers et humains importants : 22,4% du produit intérieur brut. 

Le mois dernier, le CESC attirait l’attention sur le risque  d’un non paiement des pensions de retraite du RGS dans les années qui viennent. Pour le président du conseil d’administration de la caisse de prévoyance sociale : même si la conjoncture économique s’est améliorée, on ne peut plus se contenter d’ajustements:  « Nous savons que des textes sont en préparation, mais ce sont des réformettes, plutôt que des réformes », s’exclame Yves Laugrost. 

Sollicité par le gouvernement sur la question de la prise en charge de la longue maladie: le conseil économique social et culturel a émis un avis défavorable au début du mois dernier. Il déplore que ce texte ne s’inscrive pas dans une stratégie de long terme.

En 2016 : plus de 38 000 patients ont été déclarés en longue maladie en Polynésie. Chaque année, il y en a 3 500 en plus. « Ils vivent plus longtemps mais avec un état de santé qui est dégradé », constate Armelle Merceron, présidente de la commission santé de l’Assemblée. Elle ajoute : « on voit bien les limites de la politique de santé qu’on a eu depuis 20 ans. Il ne faut pas continuer sur cette voie, mais travailler le fond, et le fond, c’est : faire en sorte que l’état de santé des polynésiens s’améliore ». 
 

Une concertation dans l’espoir d’aboutir à une « union sacrée » autour de la protection sociale généralisée a été menée entre février et août 2015, suivie d’une restitution des travaux jusqu’en avril 2016. Après un préavis de grève générale, le processus a été interrompu entre mai et juillet 2016, pour donner à l’intersyndicale le temps de formuler des propositions. 

Depuis : les négociations sont au point mort. Il faut dire qu’une partie des syndicats considère que cette réforme pèse trop sur les salariés. La proposition de retarder le départ à la retraite à 62 ans passe mal. Le gouvernement est stable depuis 2 ans et la conjoncture économique s’améliore…

Qu’est-ce qui freine la mise en place de cette réforme? « Les partenaires sociaux, unanimement, ont fait des propositions sur la réforme de l’assurance santé. Il se trouve qu’au gouvernement, certains ne sont pas prêts à aller dans ce sens là : peur des lobbys de santé, peur de la réforme dans certains cas » indique Yves Laugrost. « Ce qui est sûr, c’est que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers. Il faudra se fâcher avec des gens, et ça, à l’approche des élections présidentielles, législatives et territoriales, peut-être que ça freine certains dans leurs ardeurs! »

Canaliser les dépenses de santé avec la mise en place d’une fiscalité comportementale; élaborer un schéma de prévention du surpoids et de l’obésité; faire du médecin référent le pivot du parcours de santé, sont quelques une des pistes explorées par le gouvernement, qui souhaite également unifier la branche maladie et réformer le financement de la retraite.
 

« Les Polynésiens vivent beaucoup plus longtemps aujourd’hui, et les retraites sont à verser plus longtemps, et très certainement, il faudra faire comme tous les pays qui ont le même système que nous : revoir les paramètres. Là, c’est une affaire de choix politique », pour la présidente de la commission santé de l’Assemblée. 

Des choix politiques que le président du pays promet de dévoiler prochainement….  

Laure Philiber 

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