Que deviennent les cadavres d’animaux d’élevage intensif ?

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Avec une poule pondeuse par habitant, la Polynésie produit chaque année plus de 40 millions d'oeufs. Destinée à nos assiettes, cette production principalement industrielle, a aujourd'hui des répercussions sur la fin de vie de ces animaux. Sacrifiés sur l'autel de la consommation, les centaines de milliers de gallinacés ne sont malheureusement pas les seules à être concernées.

Publié le 30/08/2021 à 9:59 - Mise à jour le 30/08/2021 à 10:00

Avec une poule pondeuse par habitant, la Polynésie produit chaque année plus de 40 millions d'oeufs. Destinée à nos assiettes, cette production principalement industrielle, a aujourd'hui des répercussions sur la fin de vie de ces animaux. Sacrifiés sur l'autel de la consommation, les centaines de milliers de gallinacés ne sont malheureusement pas les seules à être concernées.

« On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs ». Cet adage exprime parfaitement les dérives de la production d’oeufs sur le territoire et notre rapport au bien-être animal. Avec une production d’environ 48 millions d’oeufs chaque année, le gouvernement polynésien n’a toujours pas trouvé de solution efficace et légale sur l’abattage des 270 000 poules pondeuses recensées sur le fenua. Un labeur géré entièrement depuis des décennies par les éleveurs, parfois démunis face à l’ampleur des quantités d’animaux à éliminer…

Si certains éleveurs sont soucieux d’euthanasier leurs animaux dans de bonnes conditions, d’autres sont par contre beaucoup moins précautionneux. Enfouissant sur leur propriété leurs milliers de gallinacées directement dans le sol ou en surface, sans prendre en compte les risques sanitaires et environnementaux inhérents. Des méthodes d’un autre temps encouragées par un manque de contrôle des autorités et de structure. « On ne peut pas leur proposer de solution, admet Valérie Antras de la direction de l’Agriculture. Donc effectivement, il ne faut pas jeter la pierre sur les éleveurs non plus. (…) Il n’y a pas d’instrument actuellement qui leur permet de traiter leurs poules. Quand vous avez 10 000 poules, ça fait 20 tonnes de poules à supprimer en 10 jours. Donc c’est… il n’y a aucun outil actuellement qui permet de le faire. »

Des poules sacrifiées sur l’hôtel de la consommation. Non pas parce qu’elles seraient arrivées en fin de vie, mais parce qu’elles ne seraient tout simplement plus rentables après deux années d’exploitation industrielle. Une omerta qui, selon cet éleveur, est causée par une problématique financière : « Ça nous coûte énormément cher. On essaie de trouver des solutions et l’inconvénient c’est qu’on a besoin de beaucoup d’énergie pour traiter ces animaux là. On attend quelque chose du territoire. Mais bon… Il faut mettre de l’argent. »

Un serpent de mer sur la gestion des déchets organiques que le Pays souhaite aujourd’hui se saisir après des décennies et des millions d’animaux enfouis. « La Polynésie a un problème global de déchets à gérer. Notamment des déchets organiques. C’est vraiment le projet sur lequel on travaille actuellement : mettre en place des filières qui permettent de traiter convenablement le déchet organique et de lui donner une vie parce que, en même temps, on a besoin d’azote pour cultiver. On en importe. Donc on est sur une réflexion globale d’essayer de mieux gérer cette production organique », déclare Valérie Antras.

Une carence qui touche également des animaux beaucoup plus imposants, à l’instar des chevaux évoluant sur l’hippodrome de Pirae. Le site public, connu de tous pour ses courses hippiques, est devenu au fil des années, un cimetière clandestin à ciel ouvert, où des dizaines d’animaux y seraient enterrés dans la plus grande discrétion. Une situation étonnante puisque les institutions compétente situées à quelques mètres de l’hippodrome, ne semblent pas avoir été saisies sur la question…

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