Production d’oxygène : le CHPF à son maximum

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Avec près de 260 patients hospitalisés à ce jour, le CHPF a tout intérêt à être autonome en production d’oxygène. Une précaution intervenue dès 2013. Equipé de huit générateurs d’oxygène, l’hôpital a doublé sa capacité de production dès l’introduction de la souche historique en mars 2020. Une précaution qui lui permet aujourd’hui de répondre à la surconsommation d’oxygène et de produire 10 fois plus qu’en temps normal.

Publié le 24/08/2021 à 19:59 - Mise à jour le 26/08/2021 à 8:51

Avec près de 260 patients hospitalisés à ce jour, le CHPF a tout intérêt à être autonome en production d’oxygène. Une précaution intervenue dès 2013. Equipé de huit générateurs d’oxygène, l’hôpital a doublé sa capacité de production dès l’introduction de la souche historique en mars 2020. Une précaution qui lui permet aujourd’hui de répondre à la surconsommation d’oxygène et de produire 10 fois plus qu’en temps normal.

« Cet air que vous respirez-là, on le fait rentrer dans un système de purification » introduit le président de la commission médicale d’établissement du CHPF, Philippe Dupire. « Une fois qu’on a enlevé les poussières, l’eau ou les polluants comme le gaz carbonique, cet air est mis sous pression, entre dans une énorme colonne qui va capter l’azote, l’enlever et produire un oxygène presque pur ». Autonome en production d’oxygène, le CHPF a anticipé dès le début de la crise une montée en charge des patients, multipliant par deux sa flotte de générateurs d’oxygène. Si la dernière vague a culminé à 103 hospitalisations, elle n’avait pas poussé la production à son maximum. « Aujourd’hui on peut produire 10 fois plus que la capacité normale de l’hôpital, c’est-à-dire 3000 litres par minute » précise le médecin.

Le président de la commission médicale d’établissement, Philippe Dupire échange avec la responsable du service d’accueil des urgences. TNTV/Esther Cunéo

Une fois que les générateurs ont accompli leur mission de « séparation moléculaire » des deux composants de l’air, l’oxygène est ainsi purifié, traité et envoyé dans le réseau : une tuyauterie intégrée dans la conception hospitalière. C’est par là que le médicament essentiel est transporté jusqu’aux prises des lits, afin de soulager les poumons des patients. Un système qui tourne en permanence, permettant surtout à l’hôpital de s’affranchir d’un stock embarrassant en oxygène liquide. Importé de Nouvelle-Zélande et de Nouvelle-Calédonie, l’oxygène liquide mettrait 15 à 30 jours pour rejoindre les rives du fenua. Mais il faudrait surtout prévoir des quantités monstrueuses pour alimenter une structure titanesque comme le CHPF. « Il faudrait avoir au moins 15 cuves Isotank présentes ici et 15 autres qui partiraient vides en Nouvelle-Zélande pour être rechargées » résume le médecin.

Aux urgences, les patients attendent d’être pris en charge. TNTV/Esther Cunéo

Impossible pour le CHPF d’adopter ce schéma, contrairement à la Guadeloupe, qui se fait acheminer par l’armée 100 tonnes d’oxygène médical depuis la Guyane voisine, où une usine de production d’oxygène liquide alimente le centre spatial de Kourou. L’opération aurait par ailleurs un coût pharaonique vu l’isolement de la Polynésie : soit 2,5 millions par jour d’après les calculs du CHPF. « Là on paye juste l’électricité » glisse Philippe Dupire. « Ça nous sauve, avec l’oxygène liquide on serait débordé ».

Le CHPF compte aujourd’hui huit générateurs d’oxygène, de quoi produire 3 000 litres par minute. TNTV/Esther Cunéo

D’autant que l’afflux de patients et l’arrivée d’Optiflow (masques étanches qui permettent d’augmenter la pression d’oxygène) bousculent le réseau qui n’est pas tout à fait dimensionné pour ça. Car la structure présente des tuyaux de débit différents en fonction des services. « En gastroentérologie, en général on n’a pas besoin d’autant d’oxygène qu’en réanimation. D’où la question du transfert des patients. Il faut avoir une très bonne connaissance de l’histoire de l’hôpital puisque des services ont été déménagés. Il faut donc être très prudent » souligne le médecin. D’où l’importance de bien répartir les patients et de faciliter les sorties d’hospitalisation vers les cliniques.  

L’oxygène purifié est distribué via la tuyauterie jusqu’au lits des patients. TNTV/Esther Cunéo

Et si l’hôpital garde les patients les plus lourds, en réanimation notamment, ces derniers présentent une forte consommation qui peut aller jusqu’à 60 litres par minute. « La plupart des patients que nous avons sont à 15 litres par minute, mais sur la réanimation on est sur du 60 litres par minute. C’est monstrueux, pour dix patients vous avez 500 litres par minute et on en produit jusqu’à 3 000 » rappelle Philippe Dupire. Aujourd’hui en surproduction, le CHPF reste en mesure d’assumer. Mais ses limites ne sont pas loin. Si une réserve « ultime » de bouteille d’oxygènes est prévue, une très grande vigilance s’impose. « Il faut être extrêmement prudent. C’est très précis. Il faut tout contrôler, surveiller heure par heure ». Également chef du service de la pharmacie (qui regroupe l’hygiène hospitalière, la radiopharmacie nucléaire), Philippe Dupire y veille personnellement, bien que onze techniciens se relayent à ce poste, 24 heures sur 24.

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