Près de 12 milliards cfp pour surveiller Moruroa

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Publié le 26/06/2015 à 19:37 - Mise à jour le 26/06/2015 à 19:37

Opérationnel en 2017, le système Telsite 2 permettra de détecter plusieurs jours à l’avance l’effondrement d’une loupe de corail, principale crainte de l’armée, qui la juge toutefois « hypothétique ».

« Si ce phénomène se produit, au droit du phénomène, il y aura effectivement une montée à 20 mètres de haut, mais rien qu’ici, dans la zone-vie, la vague ne sera plus qu’à 5 mètres, et à Tureia (atoll habité le plus proche, à 100 km au nord, NDLR), sur l’océan, il y aura un train de vagues de 50 centimètres » a déclaré le général Paul Fouilland.

Avec ses sismomètres, ses géophones et ses balises GPS, Telsite 2 remplacera le système du même nom, jugé vieillissant après avoir assuré la surveillance de l’atoll pendant près de 20 ans. Pour réaliser ce chantier, 127 travailleurs ont investi l’atoll, jusqu’ici occupé par une poignée de militaires. Il leur faut raser des milliers d’arbres pour permettre aux avions civils d’atterrir, construire des routes, et concasser les centaines de tonnes de béton des anciennes installations.

Dans une Polynésie en crise économique, c’est une aubaine pour l’emploi local. « C’est contaminé, mais on le voit pas, et vu la situation qu’on a, on est bien logés, bien nourris, on n’a pas à se plaindre » relativise Erwin Teretaura au volant de sa pelle mécanique. « On est chanceux, on manque de rien » confirme Daiman Tehuitua, tout en reconnaissant que « c’est dur de tenir ici sans sa femme et ses enfants », pour lui qui n’a ni téléphone ni internet. Même les entreprises internationales emploient une grande majorité de Polynésiens sur l’atoll. La quarantaine d’employés de Sodexo va notamment préparer 335 000 repas et laver 220 tonnes de linge pendant trois ans. L’entreprise facture sa prestation 4,77 milliards cfp à l’Etat.

Pour autant, tout le personnel n’est pas encore convaincu par le discours apaisant de l’armée, à l’image de Christelle Tehumu, une employée de restauration venue de l’atoll voisin : « ce qui me fait peur, c’est le tsunami, si Moruroa s’écroule : Tureia c’est mon atoll, c’est mon île natale, je ne veux pas la perdre », s’inquiète-t-elle.

L’ensemble du chantier devrait s’achever en août 2018.

M.L

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