Préparons ensemble notre devenir

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Publié le 06/11/2016 à 15:15 - Mise à jour le 06/11/2016 à 15:15

Les raisons du forum: Réunir toutes les personnes actives et les professionnels qui gravitent autour des personnes âgées, en perte de mobilité. Pourquoi aujourd’hui ? Car la population est vieillissante. IL y à Pirae deux générations de matahiapo. Ceux de 60 à 80 ans et ceux de plus de 80. Et cette population de personnes âgées, va doubler dans moins de 20 ans. En 2027, l’ISPF prévoit que 17% de la population polynésienne aura plus de 60 ans.

Pendant quatre jours, les intervenants vont se réunir en atelier sur différentes thématiques. Le public est convié à participer à cette réflexion. Comment la commune de Pirae peut accompagner ses matahiapo avec ses services communaux, comment former les familles à aider leur ancien à vivre une vieillesse paisible, et surtout faire un état des lieux de la vieillesse sur la commune.

Au terme des quatre jours de réflexion, la mairie espère pouvoir ainsi trouver des solutions adaptées pour ses administrés les plus âgés. 

Avant les familles gardaient les anciens parmi eux. Les gens naissaient, vivaient et mourraient dans la même maison. C’étaient des maisons familiales, au sens littéral. On vivait et mourrait entouré. On gardait nos anciens chez nous.

Autres temps autres mœurs, les jeunes désormais quittent la maison pour fonder leur foyer, faire leur vie et bien souvent les parents se retrouvent seuls . Il suffit que l’un des deux disparaissent pour que l’autre se retrouve livré à lui même.

S’il est valide et en pleine possession de ses moyens, il peut se débrouiller. Mais si il est un tant soit peu diminué, il a alors besoin d’être accompagné ou d’être placé dans un établissement spécialisé. Et c’est là que le problème se pose. Où aller, vers qui se tourner ?

La problématique de la vieillesse à Tahiti est qu’il y a très peu de structures prêtes à accueillir les personnes au crépuscule de leur vie et les accompagner dans leurs vieux jours. « Si nous n’arrivons pas à accompagner nos personnes âgées, autant dire que leur qualité de vie va s’en trouver très affectée » indique Teave Chaumette Présidente de l’association Polynésie Alzheimer. « Ce n’est pas normal de sacrifier cette génération. »

Pour Teave Chaumette, « il faut aider les familles à garder leur matahiapo chez eux. » Si certain bon pied bon œil profitent de leur retraite pour voyager, faire des activités, d’autres ont besoin d’auxilliaire de vie pour le moindre geste de la vie quotidienne.

« En vieillissant, on devient dépendant des autres. Se déplacer pour faire des courses etc… Beaucoup de familles nous appellent afin de savoir où elles pourraient trouver des auxiliaires de vies. »  Pas mal de personnes âgées ont besoin d’un accompagnement médical, et là, « On est en manque de ce type de structures sur le territoire. Les gouvernements n’ont pas mis en place  des structures médicalisées. »

Il existe des structures spécialisées à Tahiti, mais elles sont privées et ne sont soumises à aucune réglementation. Et qui dit privées dit argent. Beaucoup d’argent. Et les anciens ne dorment pas tous sur un matelas rembourré de billet. « Le territoire devrait réfléchir sur comment mettre en place une réglementation pour encadrer l’accueil des personnes âgées. C’est quelque chose qui est faite en France, mais pas en Polynésie. »

Yolande Huiotu va fêter ses 70 ans cette année, habitante de Pirae et membre de l’association Polynésie Alzheimer, elle a dû accompagner son mari atteint de la maladie d’Alzheimer, décédé l’année dernière. Alerte, pleine de vie,  toujours jeune dans sa tête, elle déplore le manque de structure d’accueil à Pirae. « Lorsque j’ai du m’occuper de mon mari, j’étais seule. Très seule. J’ai du me débrouiller comme je pouvais ».

Yolande ne connaissait pas la maladie dont était atteint son mari. « Je pensais qu’il faisait exprès. Et personne ne m’a aidé. J’ai vu des médecins, des neurologues, mais personne ne m’a dit ce qu’il fallait faire ». A part prescrire des médicaments, les disciples d’Hippocrate ne l’ont aidé en rien.

« Ils ne m’ont pas expliqué les gestes à faire pour accompagner et aider mon mari. » Depuis le décès son époux, elle a rejoint les rangs de l’association Polynésie Alzheimer et milite pour qu’aucun de nos anciens ne soit laissé pour compte. « Il y a des structures d’accueil qui ont fleuri, mais personne ne les encadre. Il faudrait que les politiques s’attachent à structurer et contrôler ces établissements. » Un vœu pieux  qui espère t-on ne restera pas lettre morte.

« La vieillesse est un naufrage, et nous sommes tous sur le même bateau, mes frères. Nous voguons insouciants, jusqu’au jour où le miroir nous renvoie les premiers signes avant-coureurs de la dégradation du temps. » disait Pierre Desproges, qui n’a pas eu le temps de vieillir.
 

Rédaction Web avec Sophie Guébel

Le  forum du « bien vieillir à Pirae », se tient du lundi 7 au jeudi 10 novembre , toute la journée à partir de 8H, dans la grande salle de la mairie. C’est gratuit et c’est ouvert à tous. Frédéric Hibelot, responsable des formations de France Alzheimer Nouvelle-Calédonie donnera plusieurs interventions sur des sujets liés aux personnes âgées. Venez participer aux réflexions, ateliers et travaux de groupe. Vous pourrez parler de vos attentes, vos difficultés au quotidien, vos propositions… pour permettre un meilleur accompagnement de vos personnes âgées dépendantes ou en perte d’autonomie. Pour tous, ce sera l’occasion de dire et de proposer aux  élus ce qui est nécessaire, ce qui pourrait être fait pour nos personnes âgées.

 

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