Pour l’ancien directeur général d’Air Moorea, « les experts judiciaires se trompent »

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Publié le 21/10/2018 à 13:30 - Mise à jour le 21/10/2018 à 13:30

Freddy Chanseau a été soumis à un feu nourri de questions ce lundi matin. Et l’ancien directeur général d’Air Moorea est resté droit dans ses bottes. S’opposant aux conclusions des experts judiciaires, il a assuré que la maintenance des aéronefs était conforme à la réglementation. « Comment peut-on dire que la maintenance n’était pas bonne alors que nos avions avaient tous les agréments (des autorités, NDLR) ? Quels sont les éléments factuels ? » s’est-il interrogé.

Et ce, alors que de multiples témoignages critiques de pilotes et de mécaniciens confortent la position de l’accusation.  Des déclarations faites sous le coup de l’émotion après l’accident, selon Freddy Chanseau, et émanant de personnes avec qui la direction rencontrait des problèmes. « Si ces personnes pensaient vraiment cela, il fallait l’écrire (…) Il n’y a aucune anomalie qui a été détectée avant l’accident dont on nous a fait part », s’est-il défendu.

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Le procureur José Thorel lui a alors fait remarquer qu’en 30 mois, la compagnie avait fait l’objet de « 46 rapports » des autorités aériennes « faisant état d’atteinte à la sécurité des vols », soit « plus d’un par mois en moyenne ».

« L’intégralité des écarts a été notée après l’accident. Ces écarts ont été trouvés de façons à nous arrêter (…) L’auditeur nous a dit : ‘à Paris, on m’a demandé de vous arrêter de vol (sic) », a rétorqué l’ancien directeur général. Quatre mois à peine après le drame, un nouvel incident a d’ailleurs été signalé, cette fois sur le Twin Otter effectuant des rotations aux Marquises. Le câble de gouverne avait été mal installé par les mécaniciens, ce qui aurait là aussi pu provoquer la chute de l’appareil. La compagnie a d’ailleurs été condamnée en première instance pour ce manquement, mais a fait appel.

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Interrogé sur ce sujet, l’ancien directeur technique, Jacques Gobin, a simplement répondu : « Deux jeunes mécaniciens ont mal remonté le câble. Ce n’est pas normal. Ça a été mal contrôlé ». Lors de sa prise de parole, Freddy Chanseau n’a pas manqué de critiquer les conclusions des experts judiciaires qui se « trompent » mais également le travail des enquêteurs du Bureau enquêtes et Analyses (BEA) qui, selon lui, n’ont pas exploré toutes les pistes. « Je suis intimement convaincu que la rupture du câble n’est pas la cause du crash », a-t-il conclu, mettant l’accident sur le compte d’un malaise du pilote ou d’une erreur de ce dernier. Le procès se poursuit mardi.

J-B. C. 

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