Polynésiens bloqués en métropole : Annick Girardin sème le trouble

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Mardi, à l’Assemblée nationale, la ministre des Outre-mer s’est exprimée sur la situation des Polynésiens bloqués en métropole, et sur les moyens sanitaires octroyés au pays.

Publié le 15/04/2020 à 15:26 - Mise à jour le 16/04/2020 à 17:37

Mardi, à l’Assemblée nationale, la ministre des Outre-mer s’est exprimée sur la situation des Polynésiens bloqués en métropole, et sur les moyens sanitaires octroyés au pays.

« Je voudrais rappeler que sur certains sujets, il y a des prérogatives qui sont celles du gouvernement Polynésien. Notamment sur les liens inter-îles qui ont été arrêtés. C’est un souhait de faire en sorte que le virus ne se répande pas dans toutes les îles. Il a été décidé d’arrêter ces liaisons aériennes, et nous avons malgré tout garanti -et c’est normal-, les évacuations sanitaires, avec le gouvernement. Nous avons Air Tahiti Nui qui a cessé ses vols avec la métropole. Et nous avons donc décidé -et c’est une prise en charge de l’État français- de mettre en place un pont aérien avec la Polynésie, pour permettre l’avitaillement alimentaire et sanitaire. Ce sont les deux besoins prioritaires » a indiqué Annick Girardin.

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Pour la ministre, c’est le Pays qui refuse le retour de ses ressortissants, au motif qu’il n’y aurait pas de suffisamment de capacité d’accueil pour les accueillir en quatorzaine : « Il y a 320 résidents Polynésiens qui sont aujourd’hui bloqués à Paris. C’est une décision qui appartient à Air Tahiti Nui d’arrêter ses transports. Il n’y a pas non plus la volonté, aujourd’hui, en Polynésie, parce qu’il n’y aurait pas les capacités d’accueil sur place pour la quatorzaine, de pouvoir faire venir pour l’instant ces Polynésiens qui sont en attente à Paris. Il n’y a pas de personnes en détresse, ni de situation d’errance. Nous l’avons vérifié auprès de la délégation Polynésienne à Paris. (…) Moi, je souhaite que nous puissions, avec le président Fritch, reprendre progressivement, le plus rapidement possible, dès le prochain vol, (…) l’envoi de Polynésiens voulant rentrer chez eux ».

Une question de logistique

« Je souhaitais dire aussi, concernant le matériel sanitaire, notamment sur le volet tests : ce sont des envois qui ont été validés et qui seront mis à bord des différents vols. Je pense que ce sera fait, la livraison de tests de dépistages pour la Polynésie. C’est une question de logistique maintenant » a poursuivi Annick Girardin.

Nicole Sanquer (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Pas de commentaire du côté du gouvernement pour le moment concernant le rapatriement de ces Polynésiens bloqués, mais la députée Nicole Sanquer, elle, s’étonne. Elle a rédigé un courrier à l’attention du président du Pays, Edouard Fritch, et du Haut-commissaire, Dominique Sorain, à ce sujet.

« Nos résidents sont nombreux à être en détresse financière« 

Nicole Sanquer

« J’ai tenu à poser cette question lors d’une audition publique, puisque nous suivons, depuis le début, les épisodes des résidents bloqués en France, et j’ai voulu éclaircir quelques points de blocage. J’ai été un peu déconcertée par le regard de la ministre sur la situation des résidents. Elle indique que d’après les éléments qu’on lui transmet, il n’y a aucun problème, tout est cadré. Cela m’a interloqué parce que depuis ce week-end, je reçois des mails de détresse de la part de ces résidents. Et puis, d’autre part, je souhaitais voir avec elle pourquoi elle s’opposait au retour de ces résidents : et là, autre surprise, elle nous dit clairement qu’elle n’est pas du tout opposée, mais qu’il faut une volonté du Pays. J’ai écrit au président du Pays et au Haut-commissaire hier soir, après les éclairages que nous avons eu de la ministre. Nous attendons des réponses. Je me suis basée sur le modèle calédonien. Ce pays a pu rapatrier tous ses ressortissants en réquisitionnant des hôtels, en mettant en place des structures d’accueil » déclare Nicole Sanquer.

Un « problème urgent »

« Nos résidents sont nombreux à être en détresse financière, puisqu’il s’agit d’un séjour non prévu, ils ont des charges en Polynésie française. La plupart ont subi les annulations de vols sans préavis, ils sont un peu démunis et ont un sentiment d’abandon, et c’est pour cela que j’ai souhaité intervenir ajoute-t-elle. Beaucoup se sont rapprochés de la Délégation de la Polynésie, mais il semble qu’elle soit un peu démunie… Et puis 320 personnes bloquées à l’extérieur : c’est beaucoup ! Ça devient un problème urgent. Il y a des personnes âgées. J’ai du faire des virements à certaines personnes qui n’ont pas d’autre choix. On ne peut pas les laisser comme ça ! Il faut maintenant décider, et la décision doit à présent se prendre localement ».

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« Je suis également inquiète pour les étudiants polynésiens qui vont, eux aussi, bientôt rentrer. Les cours ne vont pas reprendre. Il faut juste qu’ils s’assurent qu’il n’y aura pas d’examen physique. Mais cela va encore gonfler les effectifs » s’inquiète la députée.

Pour rappel, le 7 avril dernier, dans une allocution diffusée sur les réseaux sociaux, Edouard Fritch s’est adressé aux Polynésiens actuellement en métropole en indiquant : « En cas de difficulté, contactez la délégation de la Polynésie française. Prenez soin de vous, restez confinés dans votre lieu d’habitation. Plus vite nous stopperons la progression du virus, plus vite vous rentrerez et plus vite nous nous reverrons. »

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