TNTV : Après 10 mois de mandature du gouvernement, votre syndicat se dit inquiet. Pour quelles raisons ?
Patrick Galenon : « Nous avons été observateurs durant une dizaine de mois. Comme je l’avais dit l’année dernière, 2024 va à peu près bien se passer, mais, pour 2025, on risque d’avoir beaucoup de problèmes, notamment lorsqu’on a retiré la TVA sociale de 1 %. Maintenant, il faut chercher de nouvelles taxes. Ils nous disent qu’il ne va pas y en avoir. Je ne sais pas comment on va faire. La deuxième inquiétude, c’est que nous avons reçu une circulaire disant qu’on ne va pas recruter, qu’on bloque tous les recrutements dans l’administration. Très bien, mais qu’en est-il pour la DSFE, l’Équipement, la Santé ? Les gens qui vont partir à la retraite, si on ne les remplace pas ? Le personnel est inquiet et ça va devenir de plus en plus inquiétant. D’autant que lors du Conseil d’administration de la CPS, j’ai entendu certains conseillers du gouvernement, donc très proches du gouvernement et du président Moetai Brotherson, dire que, peut-être, dans la réforme de la PSG, on va diminuer le taux de remboursement des maladies. Peut-être passer de 70 % à 60 ou 50 %. Ce genre de réflexions n’est pas anodin. Je le prends au premier degré. La semaine prochaine, il y a des discussions avec le gouvernement concernant la réforme de la PSG et celle de la fiscalité, et je suis très attentif à ça. Je crois que le monde du travail et les fonctionnaires du Pays sont en attente de choses sérieuses et plus de blabla ».
TNTV : Vous êtes favorable à des économies, mais vous craigniez un impact trop lourd sur le fonctionnement de l’administration….
– PUBLICITE –
Patrick Galenon : « Aujourd’hui, nous avons l’impression que les fonctionnaires du Pays sont méprisés. Je dis bien méprisés. On sort des circulaires et on dit : ‘voilà comment ça se passe’. Mais ce n’est pas comme ça. Que l’on puisse discuter d’abord. Quelle est la politique publique sur la santé ? La politique publique sur l’aménagement du Pays ou sur les constructions de maisons ? À partir de ce moment, on dit : ‘voilà, on fait des économies’. Il n’y a pas besoin d’avoir trop d’administration, c’est vrai. Trop d’administration tue l’administration. Par contre, ce qu’il faudrait, c’est faire en sorte que l’administration soit efficace. Je donne un exemple : au lieu d’attendre pendant un an et demi d’avoir un permis de construire pour un bâtiment, on fait 10 dossiers en même temps et on les donne aux 10 services qui doivent les examiner. Au bout d’un mois, s’il n’y a pas de réponse, c’est un avis favorable. Ce genre de situation permettrait de faire beaucoup d’économies et que l’économie du Pays marche bien. Un autre problème, c’est que le tourisme va à peu près bien. Mais il faut que le Pays s’intéresse aux 3500 chambres qu’il faut créer. Il faut déjà de bonnes économies pour en arriver là. Mais ce que je regrette, c’est que vous avez près de 25 900 demandeurs d’emploi et, parallèlement, 5 000 offres d’emploi (…) C’est le travail de l’administration. Si ce n’est pas fait, on va toujours voir des gens sans travail. Et quand on n’a pas de travail, c’est la pauvreté. J’entends souvent dire : ‘on va aider les pauvres, donc on va chercher dans la poche des riches pour donner aux pauvres’. Ce n’est pas comme ça. Le mieux c’est de donner du travail aux pauvres et tout le monde sera riche ».
TNTV : Quelles sont les actions envisagées par votre syndicat ?
Patrick Galenon : « J’ai rencontré le président avant-hier soir et je lui ai dit ma façon de penser. Lors du Conseil d’administration du CHPF, il n’y avait pas de cohésion entre le ministère de la Santé et celui des Finances. Quand il n’y a pas de cohésion entre ces deux ministères, je me demande ce que l’on fait là, nous, au niveau du Conseil d’administration. Le CHPF et le monde de la santé sont malades. Si en plus, les ministères ne s’entendent pas…Ces choses-là se discutent dans un bureau et quand on est d’accord, on vient devant le Conseil d’administration pour dire : ‘on va voter notre budget’. Il a fallu trois séances. A un moment donné, on a failli s’en aller. Ce n’est pas normal et je l’ai dit au président. Maintenant, c’est lui qui prend les décisions ».